Yakuza&ShibuyaGirl
We are blonds.

« Une récompense ? »

Et oui ma grande. Te voilà piégée à présent. Tu es perdue, ça t'apprendra à vouloir jouer avec le feu..
Hé oui, c'est bien trouvé. Quoiqu'il en soit, il la retenait à présent près de lui, l'obligeant à lui donner sa récompense. Il est clair que la première chose à laquelle il avait pensé c'était un joli baiser tout mignon, tout doux. Un truc infaisable en fait, se disait-il. Elle allait surement lui déposer un bisou, mais sur la joue. Il s'était déjà rapproché pour la lui tendre. Elle remit sa mèche. Hyuga ne lâcha pas ses yeux une seule minute. Il sentit quelque chose le toucher au niveau des lèvres. Il était tellement en train de regarder il ne savait trop quoi, qu'il mit un temps avant de comprendre.
D'habitude, il ne dirait rien, et regarderait la fille en souriant puis lui demanderait de sortir avec lui tout de suite. Mais là, c'était Ema. Étrangement, son cœur se mit à battre très vite, et en la voyant se détourner de lui, presque gênée, il fit de même. Heu? C'était quoi ça ? Il se sentait tout drôle d'un seul coup. Il ne pouvait s'empêcher de se mordre la lèvre et de faire des petits coups d'oeils en direction d'Ema. Le silence. Total. C'était assez inattendu? Un peu oui. Enfin, il l'avait déjà embrassé vite fait un temps auparavant, pour du "bouche-à-bouche". Mais là. Bon d'accord, c'est pour la récompense, y'a rien d'autre.

« Waoooowaaaw. Wow. Waaw. »

Il avait lâché ça bêtement, les bras tombant et se baladant un peu, la tête regardant dans le vide. Il était tout rêveur, souriant. C'était marrant tout ça, c'était marrant d'avoir un bisou de son amie juste parce qu'il la rattraper à un jeu.
De toute manière il n'avait pas envie de s'arrêter là et de repartir dans sa chambre pour aller dormir, puis se réveiller le lendemain pour aller en cours. Comme d'habitude. Non, ce soir la lune était ronde, belle, bien grosse et lumineuse. C'était joli à voir, et Hyuga voulait passer la soirée avec Ema. Combien de temps était-il dehors d'ailleurs? Il faisait assez froid, mais Hyuga n'y prêtait pas attention. Tel un gamin toujours pas fatigué malgré la grande excitation qui le parcours, il tira Ema avec lui et l'emmena près de la mini-serre du club de jardinage. Comme ça, s'ils faisaient les idiots, ils étaient pas prêt de se faire repérer. Déjà que c'était limite avec tout le bordel qu'il avait fait dans la piscine et dans les jardins. Enfin bref, Hyu' essayait d'oublier ce petit gout sucré sur ses lèvres, et s'avanca vers le batiment fait de verre. Il était immense, noir, sinistre, silencieux. Un meurtre va être commis.. Aaah.
Oui enfin, ça c'est dans l'imagination d'Hyuga, qui lâcha finalement Ema et commença à attraper la poignée de la port... C'est fermé. Oui, y'a un cadena juste là. C'est fermé. Ils ne peuvent pas y entrer. Que faire alors? Abandonner? Non. Hyuga a envie d'y rentrer faire des choses avec Ema.

« Allons, Ema. Cap de casser une vitre avec une pierre pour rentrer là-dedans ? »

Il avait déjà récupéré la dite pierre. Il la faisait rebondir dans sa main, un sourire amusé affiché sur son visage. Est-ce qu'elle allait accepter, comme elle le faisait toujours? Surement, ils avaient déjà fait bien pire. Sauf si elle oublie l'alarme de sécurité installé depuis que des "racailles" comme eux s'introduisent en douce. Enfin, c'est à voir..

Hé ! Les gars ! C’est le moment !
Cette nuit, on a tout le temps !

Ema n’embrassait jamais sans réfléchir aux conséquences. Elle pensait à ce que la situation impliquait, à ce qu’il se passerait ensuite. Elle pensait à des tas de choses. Mais là, elle savait qu’il n’y aurait aucune conséquences. Aucune. Sauf si Hyuga se mettait en tête des choses absurdes. Non. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il ne lui demanderait rien. Sortir avec lui n’avait rien de stupide en soi, ce serait juste bizarre. Eperdument bizarre. Ils avaient fait énormément de choses ensemble. Beaucoup de conneries, certes, mais beaucoup de choses quand même. Ema observait le jardin. C’était… Calme. Trop calme. Même son ami ne disait rien. Aucune phrase, aucun mot. Il devait être choqué. Pourtant, c’était juste une récompense.

« Waoooowaaaw. Wow. Waaw. »

Sa tête tourna brusquement vers son ami. Enfin une réaction. Une réaction bizarre, mais une réaction. Ema éclata de rire. Pas le même rire suraigu de toute à l’heure, quand elle jouait au chat et à la souris. Cette fois-ci, il était approximativement normal. Des couinements de jouet, mais normal. Non, elle n’a pas de lutins dans la gorge. Son front percuta l’épaule de son ami. Elle était complètement hilare et rien ne saurait l’arrêter. Elle rigolait tellement qu’elle avait du mal à ravaler les couinements débiles qui sortaient de sa gorge. Mais la vision du visage d’Hyuga, un sourire béat sur la face, heureux et gai comme un pinçon, les yeux vides observant un pan du ciel, c’était… Son rire reprit de plus bel. Ses poings frappaient le torse d’Hyuga, sans vraiment lui faire mal. Ce n’était pas le but.

« Ah ! Ah bordel, Hyu-lapinou ! Tu verrais ta tête ! C’est atroce tellement c’est tordant ! »

Hyu-lapinou ? Une subite inspiration. Elle qui donnait toujours des surnoms étranges aux gens. Mon petit chat par-ci, mon lapin par-là. Elle en allait même jusqu’au « lapinours », étrange hybridation entre un lapin et un nounours en peluche. Ravissant.

Son rire se calmait lentement. Quelques sursauts de temps à autres, mais son rire mourut rapidement au fond de son ventre. Ou de son cœur, à savoir. Elle resta un moment contre Hyuga, le front sur son épaule, avant de se relever, provoquant une tornade de boucles blondes après que son élastique ait disparu. Tragiquement disparu dans sa tentative de fuite face à Hyuga. Tant pis. Ses boucles voleront au vent. Telle une héroïque indienne qui chante l’air du vent ! Ouais, bon… Ema frissonna et passa un doigt en dessous de son nez. Ouais, il faisait froid. Elle n’avait plus de t-shirt, juste sa veste. Et elle avait froid. Mais courir lui avait fait du bien.

Hyuga l’entraîna avec elle. Elle se laissa faire, comme à chaque fois. Elle se laissa partir vers une nouvelle connerie, comme à chaque fois. Elle s’absorba dans la contemplation de la nuque d’Hyuga. Et dans la chanson qu’elle fredonnait tout bas.

« Ate my dog and walked my cat... ♪ »

Quand elle reprit littéralement conscience, elle se trouvait devant la serre aménagée pour le club de jardinage.

« Qu’est-ce qu’on fout là ? »

Oh, certainement un plan d’Hyuga.

« Allons, Ema. Cap de casser une vitre avec une pierre pour rentrer là-dedans ? »

Ema haussa un sourcil, soucieuse.

« Dans la serre ? Mais qu’est-ce que tu veux faire dans une serre ? »

Cap, elle l’était. Mais il n’y avait pas eu un truc louche dans cette serre ? Un machin du genre viol… Enfin, je veux dire vol. Ouais, un truc du genre. Des… Délinquants qui avaient cassé une vitre.

« Y a un piège, avoue. Je suis sûre qu’il y a un truc dans cette serre ! »

C'était assez amusant de voir Ema intriguait, se demandant bien ce que préparait Hyuga comme ça, d'un seul coup. En fait le truc tout bête c'est qu'il voulait faire avoir son amie avec cette fichue alarme de sécurité. Bien sûr qu'il savait qu'il y'en avait une, mais il ne voulait pas le lui dire, au moins pour lui laisser la surprise. Une belle surprise. C'était juste pour ça, bien qu'au départ il voulait enclencher aussi l'alarme incendie qu'ils avaient installés là-dedans. Parce qu'en plus des fumeurs y viennent parfois se cacher là-dedans. Leur fumée peut toucher là(haut et hop ! Ils sont aspergés. En plus, s'ils décident de déposer leurs mégots par terre, bonjour comment ça risque de bruler d'un seul coup et provoquer un incendie dans tout le jardin de la pension. Apparemment, c'est déjà arrivé. Disons que cette alarme anti-intrusion ou cassage de vitre n'était pas un gros problème pour piéger Ema. En fait, Hyuga est vraiment salop. Mais il savait se faire discret la dessus, il saura détourner les accusations sur Ema. Au final c'est juste pour lui refiler la plus grosse trouille de sa vie.

« Y a un piège, avoue. Je suis sûre qu’il y a un truc dans cette serre ! »

C'est qu'elle a déjà peur en plus. Amusé, Hyuga tapa dans ses mains tel un homme policier qui enquête sur un meurtre ayant était commis dans cette même serre. Il s'approcha alors d'Ema et lui souffla quelques petits mots plus ou moins effrayants à l'oreille, comme quoi il y'aurait un monstre n'étant pas encore identifié, et qu'il fallait le retrouver. Des corps ont étaient pendus par les pieds, la tête déchiquetés et l'intérieur du ventre disparu, dévoré. Huum. Les boyaux, le foie.. Délicieux. Puis il lui souffla à l'oreille, et finit par l'emmerder encore plus en lui soufflant dans les cheveux, tel un gamin. Enfin, cela semblait être assez pour au moins un minimum l'effrayer, même si elle pouvait aisément ne pas croire à sa stupide histoire. Déjà, lui même s'était foutu les boules tout seul. Et il n'osait plus rentrer dans cette serre. En fait, c'était pas tellement son attention non plus..

« Allez ! .. Tu vas quand même pas te dégonfler ? T'es pas cap ? .. »

Il la cherchait vraiment. De toute manière, ainsi il pourrait lui faire du chantage et avoir tout ce qu'il voulait d'elle si elle n'osait pas le faire. C'était rien de toute manière de faire ça. Il finit par lui tendre la pierre, la regardant avec un petit sourire innocent, lui disait que c'était juste pour rentrer et regarder un petit coup. Juste pour ça, rien de plus. Et au moment où il posa la pierre dans la main de son amie, il attrapa cette même main et l'obligea alors à lancer rapidement la pierre vers la vitre, ne lui laissant pas le temps de réagir ou de comprendre ce qu'il lui arrivait. Le bruit se fit entendre direct après que le verre se cassa. Un bruit fort, très fort, impressionnant puissant pour être entendu dans tout le jardin entier, et aussi pour ceux qui ne se couche pas tôt ou on le sommeil léger. Hyuga, qui tournait rapidement le dos à Ema, se mit à pouffer de rire avec un regard sadique, tyrannique, bref tout ce que tu veux. Il ne mit pas longtemps avant de jouer le jeu du garçon qui ne s'y attendait pas, et qui semblait effrayé par la situation. Un très mauvais jeu d'acteur:

« Oh nooon ! Vite ! Emaaa ! Il glissa par terre, se retenant avec son genoux, et se mit à courir.
Il faut fuir et vite avant d'être retrouvés et virés de l'école ! En plus. En plus. Le monstre va nous rattraper ! »

Quel enfoiré. En tout les cas si Ema voulait vraiment survivre, elle devait s'en aller et vite. Hyuga était déjà parti se cacher derrière un petit muret.

Un chat, un chien et un rongeur
C’est la recette du bonheur.
A trois, nous serons forts,
Nous n’aurons jamais peur.

Un monstre inconnu. Des corps pendus par les pieds. Les têtes avaient été déchiquetées et les entrailles avaient disparu sans laisser de trace. Oui, cette description aurait donné la chair de poule à n’importe qui. En plus, avec Hyuga dans son dos, soufflant sur son oreille comme un abruti de gosse… Il s’attaqua à ses cheveux. De quoi la faire enrager. Ema ronronna. La situation n’avait rien d’agréable. Mais elle ronronna quand même. Peut-être pour masquer son malaise. Ouais, parce qu’elle le sentait mal, ce coup-là et elle savait – instinct féminin, que veux-tu – que ça allait foirer. Tout ce qu’elle faisait avec Hyuga foirait. Non, allez, soyons franc, pas. La pute n’avait jamais retrouvé ses vêtements. Pour cause, ils avaient brûlé en même temps que ceux de Michel. L’épilation d’Hyuga avait été un succès. Plus aucun poil. En même temps, Ema s’était amusée. Et les derniers poils, les récalcitrants, avaient été évacués à la pince à épiler sous les gémissements hyper virils d’Hyuga. Là, ça avait marché. Bon, après, y avait les autres conneries débiles, mais ça, ça ne compte pas.

« Allez ! … Tu vas quand même pas te dégonfler ? T’es pas cap ? … »

Ema serra les poings, manqua d’enfoncer ses ongles dans sa peau. Ce n’était pas le moment ni l’instant de faire une hémorragie. Bien sûr que si, qu’elle était cap. Mais… Car oui, il y a un mais. Il y avait quelque chose de louche avec cette serre et Ema n’arrivait pas à mettre la main dessus. Non, vraiment, elle ne savait plus.

La pierre froide entra en contact avec sa main. Sauf qu’elle n’eut pas le temps de frémir. Son bras vola en l’air et la pierre s’abattit sur la vitre. Pardon ? Sur le coup, elle n’avait rien suivi. Elle n’avait rien fait. Son bras ne pouvait pas avoir frappé la vitre tout seul. Elle était peut-être folle dans sa tête mais elle parvenait encore à contrôler ses faits et gestes. Elle aperçut la main d’Hyuga autour de son poignet.

« Hyuga ! Mais t’es complèt- »

La sonnerie. Cette sonnerie stridente. Cette sonnerie infâme qui démolissait petit à petit les oreilles si fragiles d’Ema. La métamorphose fut immédiate sous le coup de la peur. Un chat Quoiqu'un peu moins grand, pour Ema. Un gros chat sauvage au pelage duveteux et épais. Elle n’avait même pas entendu ce qu’Hyuga lui disait. Elle regarda ses pattes, les porta à ses oreilles et y découvrit deux fins plumeaux. Wow. Elle avait réussi une autre transformation. Plus un chartreux. Un chat sauvage. Pas le temps de s’intéresser à son nouveau physique. Ema partit ventre à terre, la queue gonflée à bloc et les oreilles rabattues sur le haut de son crâne. Elle glissa, se rattrapa et passa en dessus des arbustes. Les branches et les brindilles ralentissaient sa course folle. Elle grimpa dans un arbre. Moins bien qu’un chat, son postérieur traînant un peu derrière. Elle se hissa sur une branche en hauteur et ramena ses pattes sous elle, ne formant plus qu’une grosse boule de poils d’un gris hivernal.

Ema chercha Hyuga. Elle le repéra bien vite, caché derrière un muret, pouffant dans sa main. Quel enfoiré. Il avait de la chance qu’Ema soit trop occupée à fuir cette sonnerie qui lui faisait atrocement mal. Sinon, elle l’aurait griffé. Et tant pis pour son visage qui plaisait tant aux filles ! Il se baladerait avec une balafre infâme et purement féline sur le visage. Et les griffes d’un chat sauvage, ça fait mal.

Elle gronda et feula en direction d’Hyuga. Suffisamment fort pour qu’il l’entende. Il était le seul en danger, à l’instant présent. Qui se soucierait d’un gros chat, paisiblement assis dans un arbre ? Personne. Les chats étaient courants en ville. Elle feula une nouvelle fois. Un long feulement qui voulait tout dire. Mais plus en particulier :

« Connard. »

Ah, les joies du langage félin.

« Bouhouu~ ♫
Le vilain matou ! »

Il est clair que sur le coup, Hyuga avait vraiment mal agit. Il ne pensait jamais aux conséquences, et surtout quand il savait que celle qui allait morfler c'était Ema. Elle avait surement un truc, un truc physique chez elle, ou psychique même, qui faisait qu'Hyu se devait de l'emmerder, la faire chier, au point même d'éveiller son pouvoir. La première fois ça avait surpris le pauvre garçon, qui s'était enfuit en courant en oubliant qu'ici, à Aomori, tout le monde avait un don. Lui ne l'utilisait que très rarement, cette fois-ci juste pour s'éclairer. Pour Ema c'était de se transformer en un animal. Et en général en chat, le truc qu'Hyuga déteste le plus. Il n'a jamais vraiment adoré ces boules de poils qui bougent tout le temps, griffent et qui ont un sales caractères. Lui, il préfère les bons gros gentils chiens qui dorment à longueur de journée. Comment ça y'a des chats qui sont pareils?

« Ksss ! Pfff ! »

Ou alors un truc dans le genre, il ne savait pas. Hyuga leva les yeux en l'air rapidement, vers un arbre, s'arrêtant subitement de rire. Au dessus, un joli petit chat gris était installé sur une branche à lui râler dessus, bavant et montrant ses petits crocs. Hyu comprit tout de suite que c'était Ema, de toute manière il l'avait vu se transformer alors qu'il partait en courant, l'alarme venant de sonner. D'ailleurs on l'entendait encore. Un peu moins car ils étaient loin, mais quand même. Le jeune homme s'approcha alors de l'arbre où se trouvait perché son amie et resta là à la regarder, les mains dans les poches. En y pensant, il était sec à présent, son pouvoir lui ayant permit de vite réchauffer ses vêtements. Mais Ema.. Là voilà perdue, ses affaires laissés près de la serre, et transformée en chat. Ce qui veut dire que si elle se remet en humaine ? Oh.

« Allez ! Redeviens toi-même, j'ai pas envi de me coltiner un chat perdant ses poils !
Toute nue la Ema ! Héhé ! Toute nue tu seras ! ♪♫ Toute nue la Ema ! Toute nue tu seras ! »

Voilà qu'il se mettait à chantonner un petit air encore plus mélodieux que le fameux "Come on", le répétant sans arrêt en tournant sur lui même, de quoi encore plus faire péter son câble à la pauvre Ema. Hyuga l'imaginait déjà tomber de cette arbre pour atterrir nue dans ses bras. A cette idée, il bavait bêtement en ressemblant presque à un pauvre pervers salement pédophile, levant ses bras vers son amie en remuant ses petits doigts tels des tentacules. Il attendait qu'elle saute pour qu'il la rattrape. Pour ce qui était de ses vêtements, l'alarme, les gens qui arrivent et le monstre dans la serre font assez peurs aux deux pour les empêcher de revenir chercher les affaires. C'était marrant.

Allez ! Levons nos verres
Et sautons la barrière !
Pour les fillettes tristounettes.

Maîtresse Ema sur son arbre perché
Faisait de la situation un fromage

Elle grondait et feulait en direction de son ami, lâchant une plainte plus aigue de temps à autre. Elle percevait toujours la sonnerie de la serre et ce malgré la distance. Elle retentissait encore et toujours au loin, quoique moins forte. Ils s’étaient fameusement éloignés, aussi, depuis tout à l’heure. Ema la première.

Elle le traitait de tous les noms, remerciant mentalement ce discours félin incompréhensible pour le commun des mortels. Certains Dotés pouvaient le comprendre mais pour cela, il fallait pouvoir parler aux animaux. Enfin… Dans son cas, mieux valait ne pas l’écouter et passer son chemin. Ses propos pourraient heurter la sensibilité des plus jeunes. D’ailleurs, Ema se surprenait elle-même. Elle qui pensait ne pas connaître autant d’insultes, put aisément se rendre compte que son vocabulaire état plutôt varié. Tous les mots insultant y passaient. Au début, elle avait utilisé les traditionnels « connard », « salaud », « enfoiré » et ainsi de suite pour finalement aboutir aux « Charogne indigeste » et « Macaque hormonalement perturbé ». Bien entendu, ses bougonnements ne furent pas vains.

Hyuga arriva bien vite à hauteur de son arbre et la regarda d’en bas. Ema sortit ses griffes. Ah ! Cette charogne blonde osait encore l’approcher ! Pourtant, il le savait, qu’Ema était rancunière. Mmh… Pas de bol. En même temps, il n’avait jamais eu à faire à une Ema en colère – spécimen hyper rare. Elle qui était toujours si joyeuse, si heureuse. Mais sur ce coup-là, elle lui en voulait. Pas spécialement à cause de cette stupide alarme et de ce gage encore plus débile que les autres – même si la colère d’Ema venait un peu de là aussi. Elle lui en voulait parce qu’elle avait eu peur. Et que cette peur allait lui coûter le peu de vêtements qu’elle avait sur le dos. Elle avait déjà froid avant, alors, après ? Après, elle allait crever. Comme la petite fille aux allumettes.

Maître Hyuga par les grondements attiré
Lui tint comiquement cet horrible langage :

« Allez ! Redeviens toi-même, j'ai pas envi de me coltiner un chat perdant ses poils !
Toute nue la Ema ! Héhé ! Toute nue tu seras ! ♪♫ Toute nue la Ema ! Toute nue tu seras ! »

Redevenir soi-même ? Pourquoi faire ? Descendre de son perchoir ? Pourquoi faire ? Pour retomber dans un autre piège ? Non, merci. Ema leva la tête vers les étoiles, son petit nez humide en avant, et huma l’air le parfum de la nuit. Si elle avait pu, elle serait restée sur son arbre pour le reste de la soirée à écouter Hyuga chantonner sa comptine débile selon laquelle Ema serait toute nue. Elle se leva, s’étira souplement sur sa branche et se prépara à bondir. Non. Attendez. Pause, retour en arrière. Toute nue ? C’était quoi le délire ? Ema n’était jamais nue lors de ses métamorphoses. Elle gardait ses vêtements. Sauf que là… Elle sentait qu’il y avait comme un problème. Ah merde. Elle regarda en direction de la serre. Avec ces branches et ces feuillages, elle n’y voyait rien. Elle pesta entre ses dents, vérifiant une fois encore qu’elle n’apercevait rien. Elle sauta dans les bras qu’Hyuga lui tendait si gentiment. Qu’il n’aime pas les chats, elle s’en foutait pas mal à l’instant présent. C’était en partie de sa faute si elle avait une taille deux fois plus grande par rapport à ses métamorphoses habituelles et si son poids félin avait également augmenté. Elle voulut le griffer mais se ravisa. Sautant sur le sol, elle reprit forme humaine. Hum. Hum ? Mmh… Son pantalon, ses sous-vêtements. Les seules choses qui collaient encore à sa peau. Pour une fois, elle remercia l’inventeur du jeans slim ultra collant qui fait chier quand on se déshabille. Elle se retourna et regarda Hyuga. Qu’est-ce qu’il avait à la regarder ainsi ? Ca faisait presque peur. La jeune fille fit un pas dans sa direction, frémissant au contact de la terre sous ses pieds. Même ses chaussures avaient disparu. Elle se préparait à le frapper. Elle lança ses bras en avant et…

… Les noua derrière sa nuque. Elle avait eu peur et elle entendait encore cette sonnerie dans ses oreilles. Ema se colla une fois de plus contre son ami.

« Tu peux me rappeler ce qui me pousse à rester ton amie et ce malgré tes coups bas ? »

C’est vrai, ça. Tu peux me le dire ?

« Et ton charme légendaire n’y est pour rien. »

« KISS ME; bouuah »

C'est pas pour dire, mais Ema était bien plus lourde en chat que en humaine. Ce gros matou tout poilu lui avait cassé les bras en atterrissant dessus. Hyuga n'avait même pas eut le temps d'esquiver en ayant comprit qu'il allait en crever, que déjà cette chose lui avait cassé ses pauvres petits bras tout fragiles. Il cria à la mort et se serra les poignées instinctivement en se retenant de pleurer. D'accord, peut-être qu'il en fait un peu trop? Il en fait toujours trop de toute manière.
Puis il se tourna vers Ema pour voir si finalement elle c'était décidé à se re-transformer. En effet. Et quelle joie que de la voir revenir dans son état normal avec son son slim et son soutien-gorge. Hyuga sentit une petite larme couler sur sa joue. Ow noon ! Pourquoi donc? Pourquoi a t-il fallut qu'elle réussisse à garder ses vêtements ?! Fichu pouvoir à la con ! Hyuga grogna bêtement dans sa tête tout en regardant longuement la poitrine rebondissante de son amie et son joli petit visage de blonde, avec ses yeux bleus ronds, et.. Merde, elle est bonne c'te meuf. /bam/
C'est donc en mettant ses bras devant la tête pour se protéger qu'il sentit quelque chose l'étreindre. Ou plutôt quelqu'un. Il ouvrit les yeux et vit alors Ema face à lui, ses petits bras entourant son cou et sa poitrine se collant à son torse. Il resta assez droit. D'habitude il n'était pas aussi gêné d'avoir son amie sur lui ou le collant, c'était même une habitude. Mais là, elle en soutien-gorge, sa poitrine se collant à lui. Il eut même le tic de baisser sa tête pour regarder mieux. Hum. Enfin bref, il était comme aux anges.

« Tu peux me rappeler ce qui me pousse à rester ton amie et ce malgré tes coups bas ? ...
- Mon charme légendaire, peut-êtr...
Et ton charme légendaire n’y est pour rien. »

Et merde. Alors c'était pas pour ça? Il aurait juré. Enfin, ça lui faisait plaisir qu'Ema trouve qu'il est du charme. Lui disait ça pour rire.. A moins que ce soit pareil pour elle ? .. Enfin. Elle n'avait rien à l'envier, elle aussi était plutôt mignonne.
Enfin, il lui souria bêtement en essayant de réfléchir à la réponse. Chose pas très facile d'ailleurs, en plus de cette fichue poitrine rebondissante qui lui collait à la sienne, et cette fichue question du "pourquoi elle reste son amie malgré que ce soit un sacré connard"?.. Mouarf, lui non plus ne savait pas. Ema était la seule fille qui ne l'a jamais frappé parce qu'il s'amusait à la déshabiller, voler ses affaires, fouiller dans ses messages.. La plupart l'aurait déjà tué depuis longtemps. Hyuga serra à son tour son amie dans ses bras, très fortement. Il y'eu un petit silence, tandis qu'il la faisait tourner avec lui comme une mère ferait avec son bébé, tout doucement. Il l'adorait sa petite Ema. Pour rien au monde il aimerait la partager avec quelqu'un d'autre, c'était une perle rare, un bijoux. En plus elle sentait bon. /bam/

« Je crois que c'est parce que tu es masochiste ? .. »

Cela expliquerait la chose. Lui aussi d'ailleurs il l'était, pour chercher à chaque fois la colère d'Ema. Il avait réussi sur le coup, tellement au point de lui faire perdre le contrôle de son pouvoir.

« Ou alors c'est juste parce que tu m'aimes ♥ »

Il n'y'a aucun sous entendu la dedans. Enfin bon, Hyuga n'arriva plus à se retenir et s'empressa vite de se retirer un peu d'Ema pour ne pas qu'elle voit ce qui se passait dans son pantalon. Rho, Hyu est un mec. Ça arrive à tout les mecs d'être stimulé par une jolie paire de.. Enfin bref. Il fit mine de rien et chantonna dans sa tête.

Je veux m'envoler dans le bleu
De l'espace.
Je veux tout ce que je n'ai pas.
Un ami qui me comprenne
Et des livres par centaine

Ah ! Elle le savait ! Elle savait qu’il allait répondre ça. Finalement, elle le connaissait plutôt bien. Tellement bien qu’elle pouvait même encaisser ses réponses. Son charme légendaire. Et puis quoi, encore ? Elle avait dit ça pour rire. Enfin… Presque. Elle n’irait pas jusqu’à dire que le charme de son ami était légendaire. Mais il avait du charme. Il y avait un truc, quelque chose qu’Ema n’arrivait pas à attraper, à poser un nom décent dessus. Pourtant, depuis qu’elle le fréquentait, elle essaya en vain de trouver cette chose. Et ça commençait à l’embêter, parce que ce qu’Ema ne trouve ou ne comprend pas l’ennuie. Les mathématiques, par exemple. Elle n’y comprenait rien. Mais rien, c’est rien. Elle avait mis un an à comprendre Pythagore et ne comprenait toujours pas la trigonométrie. Et ça l’ennuyait. Eperdument.

Elle se serra un peu plus contre Hyuga. Le fait d’être en sous-vêtements contre lui ne semblait pas gêner la jeune fille. Non, ça ne le gênait pas. A vrai dire, elle s’en foutait un peu. La première image qu’il avait eue d’elle était celle d’une blonde, cheveux lâchés et gouttant paisiblement sur le sol de la chambre A002, assise en tailleur et se lançant dans un duel de « le premier qui cligne des yeux a perdu » avec son armoire. Oui, elle avait vraiment eu l’air débile. Mais l’arrivée d’Hyuga… Que dis-je… L’intrusion d’Hyuga dans sa chambre l’avait forcé à s’habiller un peu plus décemment. S’il n’avait pas été là, elle aurait glandé sur son lit en sous-vêtement et ce malgré les discours sur la pudeur de ses colocataires.

Hyuga l’avait déshabillée et rhabillée un nombre incalculable de fois. Il volait son portable pour lire ses messages et même l’album photo qu’Ema planquait dans sont tiroir à sous-vêtements. Il lui faisait des chantages, quand elle ne voulait pas faire ce qu’il voulait et cédait presque à chaque fois. Même s’il y avait des jours où elle avait vraiment envie de le frapper jusque mort s’en suive, elle l’aimait bien. Elle se colla à lui. Parce qu’il était chaud.

« Je crois que c’est parce que tu es masochiste ?... »

Ema éclata de rire contre la poitrine d’Hyuga. Masochiste ? Elle ? N’importe quoi ! Elle n’aimait pas avoir mal et elle ne voyait absolument pas ce que le fait de souffrir avait de plaisant. D’accord, elle l’était peut-être un peu. Mais juste avec Hyuga, alors !

« Si je suis maso, tu l’es aussi. »
« Ou alors c’est juste parce que tu m’aimes ♥ »

Un nouveau sursaut dû au rire. Oui, elle l’aimait. Enormément.

« Ca doit être ça. »

Hyuga se détacha d’elle et se mit à regarder le ciel, de façon bizarre. Ah ! Dans son cul. Ca avait marché. Elle s’approcha de lui, souriante. Sauf que son sourire ne ressemblait pas à l’habituel. Elle se rapprocha silencieuse de lui. Mais à la place de lui faire face, comme à l’habitude, elle se plaça derrière lui. Comme ça, sur une inspiration subite. Et vas-y que j’écrase mon opulente poitrine que tu aimes tant dans ton dos, Hyuga ! Ema laissa vagabonder ses doigts sur la peau chaude de son ami. Et ils gambadèrent joyeusement, ces petits doigts, jusqu’au col de son t-shirt.

Si pas plus loin.

Désolée XD ♥

Hyuga se laissait faire. Bêtement, comme un idiot. Il avait ses mains devant son pantalon, l'air de rien pour que son amie ne puisse pas entrevoir la jolie petite bosse qui venait d'apparaitre. Ema semblait préoccupée par autre chose. Elle s'était mise derrière lui, il ne savait trop pourquoi, et commença à lui toucher tout le long du dos, jusqu'à sa nuque. Que faisait-elle? Elle cherchait à lui faire perdre les pédales ou quoi? En plus elle ne disait rien. Lui non plus d'ailleurs, il était resté silencieux, presque tout rouge à se retenir de crier. Giiah, pourquoi donc il ne lui sautait pas dessus? Pourquoi ne pouvait-il donc pas la prendre dans ses bras et l'embrasser de partout comme il s'amusait à faire avec les autres filles. Avec la jolie baffe en pleine figure après.
La fin de ce long parcours de petits doigts sur lui allant jusqu'à sa nuque l'arrêta, il craqua et commença à faire de drôles de gestes avec son cou, lâchant un petit crie très.. étrange.

« Aah ! Noon ! Tu m'cha-chatouilles .. Hiirg ! »

Il était content quand même le petit. C'était plutôt agréable, bien qu'assez gênant dans la situation où se trouvait Ema : Presque toute nue. Manquait plus qu'à retirer son soutien-gorge. Ah. Oh. D'ailleurs..
Hyuga se retourna subitement. Un petit sourire pervers au coin du visage. Il souriait en regardant son amie. Elle était vraiment belle, naïve, et elle se laissait faire comme une idiote. Ou alors parce qu'Hyu était son ami, donc il pouvait tout ce permettre. Il la regarda alors un long moment, à bugger, en réfléchissant. Il réfléchissait à quoi? Tout simplement à savoir si oui ou non il se devait d'enlever ce fichu sout..

« DÉSOLÉE EMA ! »

Et c'est donc joyeusement, qu'il s'agrippa à son amie et d'un geste rapide, lui ôta son soutif. C'était une habitude chez lui, on va dire, de dégrafer les soutien-gorge des filles. Il y'arrivait même avec un T-shirt au dessus. Un dieu du dégraffage, un dieu je vous dis. Il souria bêtement, l'objet en main en train de tournoyer. Il était amusé de voir ce joli spectacle s'offrant à ses yeux. C'était vraiment un bon gros salop tout de même. Il lâcha un petit sifflement de dragueur, et recula automatiquement loin d'elle. Fallait voir comment elle réagirait, mais si à chaque fois qu'il lui faisait un truc salop elle se vengeait en se collant à lui ou en lui faisant des gros calins. Il était d'accord pour l'emmerder 24/24h.

Le couche-tard, un blaireau
Assure le Lève-Tôt

Hyuga ne riposta pas. Aucune main baladeuse, aucun geste déplacé et aucune tentative de viol. Hé ! Pourtant, quand elle le voyait, avec les autres filles dans les couloirs, dehors ou ailleurs, il n’agissait pas de la même manière. C’était même limite s’il ne les dévorait pas à coup de bisous. C’en était presque barbare. Du cannibalisme pur et simple. Ema, quant à elle, n’avait jamais eu à faire à ce genre de cas. Elle ne se faisait nullement dévorer amoureusement à chaque angle de couloir et n’avait donc pas d’utilité à gifler les gens. Elle ne ferait aucun mal à une mouche. Ema, le bisounours blond par excellence.

Le silence est long, lourd et ennuyant. Ema commençait à se lasser tout doucement à cause du manque de réaction. Il aurait au moins pu lui demander d’arrêter si ça ne plaisait pas. Elle s’en foutait pas mal de ce que les caresses provoqueraient. Ses doigts avançaient, rapides et agiles, le long du dos d’Hyuga. Elle arrivait presque à la naissance de ses cheveux quand il daigna enfin remuer. Le côté chatouilleur de la force. Ema continua un moment, insistant un peu plus, titillant la peau chaude de son ami. Après tout, il n’était qu’ami. Aux yeux des autres, cela devait ressembler à une relation bizarre, sans queue ni tête. Exactement ce à quoi elle devait ressembler.

« Aah ! Noon ! Tu m’cha-chatouilles… Hiirg ! »

Et sans crier garde, Hyuga se retourna, face à elle. Son sourire n’envisageait rien de bon. Absolument rien de bon. La dernière fois qu’elle avait eu la chance de voir ce sourire pervers, c’était… Environ dix minutes plus tôt, quand elle avait encore de la fourrure sur le dos pour lui tenir chaud et qu’Hyuga chantait qu’elle allait finir à poil. Maintenant, il ne lui restait plus qu’un jeans, une culotte et un soutien-gorge. Autrement dit, plus grand-chose. Comment ses vêtements avaient-ils commencé à disparaître ? Le premier à périr avait été son t-shirt. Déchiré. Son manteau et ses chaussures gisaient à l’abandon un peu plus loin et…

« DESOLE, EMA ! »

… Son soutif venait de se faire la malle. Rectification du nombre de vêtements encore en vie : deux. Le troisième tournait en se prenant pour un lasso de cow-boys au-dessus de la tête d’Hyuga.

Ema resta un instant sur le cul, sans vraiment capter ce qu’il se passait. Lui vint seulement la réaction logique : couvrir sa poitrine du mieux qu’elle le pouvait avec ses bras, quitte à la comprimer légèrement. Sa deuxième réaction logique fut de laisser échapper un couinement involontaire et indigné. Depuis quand se permettait-il d’ôter son soutien-gorge ? On lui faisait deux ou trois caresses langoureuses dans le dos et ça y est, c’est la fête ! Décidément. Et elle se permettait encore de siffler, cette charogne indigeste ! Un sifflement qu’Ema n’aimait pas sur le moment. Des pas dans l’herbe reculant. Les siens. Ema en fit de même et percuta l’arbre dans son dos. Elle crevait de froid, sentant un rhume dans les parages.

« Hyuga… »

Elle se laissa glisser contre le tronc de l’arbre, amorphe. Elle était crevée. Elle pourrait encore continuer cette virée nocturne mais avec un truc sur le dos. Adossée à la surface rugueuse de l’arbre, Ema attendait que son prétendu ami lui rende cet objet lui appartenant.

« Hyuga ! Je te hais ! »

Oh, elle l’aimait encore. Mais le moment était mal choisi pour les déclarations affectives brûlantes et débordantes de passion. Elle remonta ses genoux au niveau de sa poitrine, masquée par ses bras nus. La situation virait à l’injustice. Peut-être avait-elle été trop naïve sur le coup. Il était temps de montrer les crocs.

« Je… Tu… »

La suite fut noyée dans un sanglot qu’Ema étouffa du mieux qu’elle put. Ce n’était pas dans ses habitudes de pleurer pour des broutilles mais là, elle était véritablement sur les nerfs. Sa tête plongea dans ses genoux et ses épaules furent secouées par une avalanche de larmes. Pleurer en public la répugnait. Mais là… Un gémissement lui échappa. Les larmes roulaient sur ses joues, se noyant dans les plis de son pantalon. Au fond, elle aurait peut-être mieux fait de rester dans son lit, de dormir et de laisser son portable vibrer jusqu’à épuisement. Entre deux hoquets, Ema parvint à lâcher une phrase. Enfin, quatre mots.

« T’es… une… en… enflure ! »

Qu’il prenne conscience de la situation. Faire pleurer une fille, c’est mal. Faire pleurer une amie l’est encore plus.

La comédie était parfaite.

Mouhaha. Hyuga était là, tenant dans ses mains le soutien-gorge d'Ema. Celle-ci avait eu le même geste que toute les filles faisaient quand on leur ôtait leurs sous-vêtements: un petit crie adorable et les mains plongeant dans la poitrine pour la cacher au mieux. C'était comme dans les animes. Les pornos aussi, m'enfin mieux vaut ne pas comparer la situation à un porno. Son amie recula à son tour, jusqu'à se prendre un arbre en plein dans le dos, faisant lâcher un petit crie de surprise au jeu blondinet qui se demandait à présent si tout allait bien. Il voulut aller la voir, mais elle se mit subitement à lui crier dessus, lui disant qu'elle le haïssait. Hyuga, tel un gamin de 6 ans, crut qu'elle était en train de jouer. Oui, jouer, comme à leurs habitudes. Il se mit à rire bêtement en reculant à nouveau, trottinant en attendu une autre réponse encore plus violente de la part de son amie; Apparemment, c'était fini de jouer. Ema s'était adossée à l'arbre, assise par terre et commençait à lui murmurer quelques mots, qu'il ne pouvait à peine entendre. Il n'avait pas encore remarquer qu'elle pleurer. Il la voyait à peine, dans ce noir profond, alors il s’avança tout doucement, sentant qu'il devait y avoir un piège quelque part.
Il s'approcha alors d'elle en riant toujours, lui disant des petits «hé, ema, tu fous quoi, lève toi .. » des trucs de ce genre.

« T’es… une… en… enflure ! »

Hyuga manquait de se retourner et de repartir en courant. Il avait crut à remontée soudaine d'Ema, qui allait subitement se lever et l'attrapa pour le mettre à terre et le chatouiller. Comme elle le faisait à chaque fois. Sauf que là.
Il descendit ses petits bras qu'il s'était mit devant le visage, pour ce cacher. Il regarda alors Ema calmement, ne comprenant toujours pas ce qu'il se passait. L'alarme l'empêchait d'entendre ses petits gémissement, ses reniflements, bref ses pleures. Ou alors il était tout simplement trop con pour remarquer que son amie n'allait vraiment pas bien. Il s'agenouilla alors à côté d'elle, toujours le soutien-gorge en main, et sur un ton moqueur, lui lança :

« Bah aloors? Qu'est-ce qui se passe ma chériiie ? On rage? C'est qu'il est méchant le méchant Hy...
E.. Ema.. »

Il ferma tout de suite sa gueule. Apercevant la tête de son amie plongée dans ses bras, tremblante. Et ce truc transparent coulant.

« Ema .. Que.
Tu .... Tu pleures ? P-Pour de vrai ? »

Oh que oui, il ferma sa gueule. Il regarda sans plus rien dire son amie, ravalant de suite sa salive. Il était devenu tout blanc, et lui aussi tremblait. Il ne s'attendait pas du tout à une telle réaction. Il déconnait, bien sûr qu'il rigolait. Pourquoi d'un seul coup elle s'emportait comme ça? .. Bon d'accord, il y'avait la noyade, le T-shirt déchiré, l'alarme qui s’enclenche, les vêtements trempés. Et puis il y'avait ces autres saloperies, ses heures de colle gagnés grâce à lui, ses affaires volés, ses emmerdes, et toutes ces conneries. Mais c'était pour jouer, pour rire. Même si au final, c'était toujours lui qui rigolait. Et fortement en plus. Hyuga ça a toujours était qu'un sale emmerdeur de première. Même pas fichu de s'excuser à chaque fois.
Alors que faire? Il n'était pas doué pour les excuses. Il n'a jamais était très sérieux. Oh ça, non. Il n'est bon en rien. Rien d'autre qu'à faire rire la galerie avec ses pitreries et à se faire remarquer. Et faire pleurer les gens aussi. Et Ema.
Voilà que la pluie arriva. Génial. Cela allait peut-être faire fuir les gens qui étaient dehors à chercher le coupable. Hyuga aussi allait peut-être partir. Car la pluie, c'était pas une pluie de PD. Ne disant toujours rien à Ema, il l'obliga à se lever, malgré qu'elle soit à demi-nue. Tant-pis, il la tira violemment pour la soulever, lui faisant sans doute mal au poignet au passage. Il se dépêcha d'enlever son T-shirt en le réchauffant rapidement, et l'enfila à Ema, lui redonnant aussi son soutien-gorge. Puis il commença à courir seul, sans même tenir Ema par la main. Il regardait derrière lui si elle était là, si elle le suivait. Non en fait, il ne regarda même pas une seule fois derrière lui. Il courrait vite le salop. Jusqu'à arriver derrière le grand bâtiment des dortoirs, là où on avait construit un petit abrit pour les fumeurs, les jours de pluie.

« Et merde ! EMA ?! »

Ah. Il pensait enfin à elle. S'étant retournée pour voir si elle le suivait, il ne vit aucune trace de son amie. Ema n'était pas là. Et avec cette fichue pluie, il ne voyait rien devant lui. Pas même à 10 mètres.

Chat échaudé craint l'eau froide

Après tout ce qu’il lui avait fait subir, Hyuga osait encore se foutre de sa gueule, rigolant comme une hyène affamée. Il n’était qu’à quelques pas d’elle mais Ema ne leva pas la tête pour riposter à ses attaques. Il continua ainsi à la titiller, son soutien-gorge dans la main. Il n’avait certainement pas l’intention de le lui rendre, aussi Ema pensait arrêter la comédie de sa crise de larmes pour enfin relever la tête, souriante comme le chat de Chester, personnage loufoque d’Alice au pays des merveilles. Ce n’est que quand Hyuga s’approcha d’elle qu’elle décida qu’il fallait continuer cette mascarade. Oui, il valait mieux. Il s’accroupit à ses côtés en lâchant des phrases et des questions idiotes sur le ton d’une grand-mère parlant à son animal domestique. Ce qu’il se passait ? Il voulait vraiment le savoir ? Elle en avait marre de ressembler à une fille posant pour une publicité de jeans. Mais si, on voit souvent ça à la télévision, dans les magasins et magazines de modes. La fille hyper belle – sauf exception – avec des cheveux ondulés bizarres qu’on dirait qu’ils sont sales, un bras sur la poitrine, l’autre dans la poche du jeans. En fait, ça faisait souvent gros plan sur le ventre plat et parfait de la fille. Le photographe devait être un garçon. Mais revenons à Ema, adossée contre son arbre, pleurant contre ses genoux. Hyuga venait de tomber dans le piège.

Le silence est plus tapageur que tout. Elle avait raison, Amélie, en écrivant cette phrase dans Mercure . Quand Hyuga se tut, certainement choqué à l’idée de voir Ema pleurer pour la première fois devant lui, elle entendit l’insupportable alarme que les secours n’avaient pas encore stoppé. Elle percevait les battements de son cœur et même de temps à autre celui d’Hyuga. Moins distinctement. Hyuga parla, lui demandant si elle pleurait pour de vrai. Ses fausses larmes manquèrent de tomber pour laisser la place à un éclat de rire. Elle se retint. Elle pleura et hoqueta pendant un petit moment, hésitant entre les insultes et le mutisme. Elle finit par hocher la tête dans un signe affirmatif. Mieux valait ne pas trop en dire. Sinon, elle aurait vraiment envie de rigoler. Elle renifla, inspira à plusieurs reprises et replongea sa tête dans ses genoux. Mais ce qu’il ne savait et ne voyait pas, c’était qu’elle l’observait discrètement. Le pauvre ! Aussi pâle que la mort et tremblant presque aussi fort qu’elle ! Le choc avait dû être épouvantable pour lui ! Il devait avoir compris que ça faisait ma de faire pleurer quelqu’un.

Une goutte s’écrasa dans les cheveux d’Ema. Et bientôt, sans qu’elle ne s’en aperçoive, elle se retrouva au beau milieu d’une drache /pluie tombant à verse/ digne de « Bienvenue chez les Ch’tis ». Elle s’en foutait pas mal d’ailleurs. Ses cheveux avaient triplé de volume, son maquillage ne laissait plus que des traces noires sur ses joues et sous ses yeux et ses vêtements étaient déjà humides. Elle allait rester là, blottie contre cette écorce qui lui lacérait le dos et imprimait des marques rouges sur sa peau laiteuse. Elle attendrait la mort, la grippe, le prince charmant ou encore le jour. Elle attendrait, à la manière de Siddhârta Gautama, le Bouddha créateur du Bouddhisme. Mais Hyuga n’avait pas l’air d’attendre avec elle. Il l’attrapa par le poignet et Ema gémit. Il lui avait fait mal en la tirant vers lui pour qu’elle se remette debout. Elle ne dit rien, enfermée dans son mutisme comme Raiponce dans sa tour. Et sans rien avoir demandé, elle se retrouva vêtue du t-shirt noir de son ami, son soutif à la main. Pardon ? Sans demander son reste, Hyuga s’était mis à courir, torse nu, sous la pluie battante.

« Hyu- »

Elle l’avait déjà perdu de vue. Ema leva les yeux au ciel et remettant son soutien-gorge après maintes contorsions, regarda dans la direction qu’Hyuga avait emprunté en partant. Vers les dortoirs, sans doute. Oui, mais où ? Elle ne voyait rien devant elle et avec cette foutue myopie qui naissait de jours en jours, ça n’arrangeait pas ses affaires. Elle décida de continuer tout droit, marchant tranquillement sous la pluie. Le t-shirt d’Hyuga était encore chaud. Elle croisa ses bras sur son ventre et ses doigts tremblants s’agrippèrent au tissu. Au loin, une voix. Un garçon. Hyuga. Elle ne se pressa pas pour autant. L’eau coulait de ses cheveux, s’infiltrant dans son dos pour descendre le long de sa colonne vertébrale. Ses pieds nus s’enfonçaient dans la boue et Ema effectua une moue répugnée. C’était dégueulasse. Elle éternua.

Ema n’aurait jamais pu prétendre être une vraie princesse.

"Allez ! Feu ! Nous ne
saurons que tuer ! ♫ "

La main devant ses petits yeux noisettes, Hyuga essayait de voir à peu près bien pour savoir si Ema était là, à le chercher elle aussi. Elle ne l'avait pas suivit ou quoi? Il avait peut-être courut un peu trop vite en essayant de vite se mettre à l'abri. La pluie, l'eau. Il détestait ça, et il avait toujours détesté être mouillé. Même dans le bain, il ne restait pas très longtemps. Juste 5 minutes maximum le temps de se laver les cheveux et le corps. Mais là, dehors, torse-nu, autant dire que même avec sa pyrokinésie qui lui permettait de réchauffer son corps, il se les gelait grave. Il regardait un peu partout, sans même bouger de sa place. Il attendait que quelque chose se passe. Qu'Ema arrive vers lui, ou qu'il puisse la voir un minimum derrière cette grosse pluie. Cette... Putain elle pouvait pas s'arrêter une minute de tomber celle là?! Il faisait froid, nuit et en plus il commence à être fatigué ! Tout ça c'est de sa faute se dit-il. Il devait retrouver Ema.

« EMAAA ! »

Il criait son nom à présent, sans s'arrêter, courant comme une furie, sans s'arrêter. Il se croyait dans un film, comme si son amie avait été kidnappée. Et si c'était le cas? Et si elle s'était fait prendre par quelqu'un? Et qu'en ce moment il .. Arf ! Il devait la retrouver au plus vite. Et pas de temps à perdre ! Il courrait sans s'arrêter, freinait parfois pour vite reprendre sa course ailleurs, se tuer la gorge à gueuler et cracher tout ses poumons. Ses cheveux étaient tout trempés, son Jean lui collait horriblement à la peau, et il sentait ses pieds faire des "flac flac" car de l'eau était rentré dans ses chaussures. « Putain » se répeta-il plusieurs fois. « Pourquoi moi? » Se disait-il tout bas. Là, sur le coup, il avait un peu merdé. Et c'est alors qu'un moment, une ombre passa juste à sa droite, le faisant s'arrêter brusquement et.. Le faire glisser et tomber dans la boue. Il ne s'arrêta pas là, et glissa par terre sur un bon mètre avant de s'arrêter et sentir de la terre collé sur tout son dos. Iirk ! Il se releva vite et tenta de voir ce qui l'avait tout d'un coup arrêté comme ça. Était-ce Ema ? Il était recouvert de boue à présent, et on aurait presque dit un Ours sous cette pluie battante. Un joli petit ours. Qui venait de trouver Bouche d'Or.

« Ema ! Tu es là !
Ce n'est pas un clone? C'est bien toi? »

Il venait de s'approcher d'elle, content de la retrouver enfin. Il lui tripota le nez, sa petite joue puis lui fit un bisou sur le front avant de la prendre dans ses bras, heureux qu'elle ne soit pas dans les bras d'un pervers. Dans les bras d'un pervers. Dans... Enfin? Enfin. Bon, en tout les cas elle se retrouva à son tour salit par la boue qui c'était mise sur Hyuga. Et malgré la grosse pluie, cela les rendaient vraiment.. sales? Beaux gosses va.
Il se sentit vite gêné. Gêné d'être parti sans elle, et s'excusa à plusieurs reprises. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne lui attrapa pas la main pour l'emmener avec lui se protéger de cette ceunasse de pluie pas prête de s'arrêter de tomber, mais il la porta plutôt dans ses bras, comme une petite princesse se faisant sauver par son prince. Ben putain, la gueule du Prince tu me diras. Quoi qu'il en soit, il se mit à vite courir, glissant même parfois sur le sol et faisant peur à Ema, mais sans même réussir à tomber. C'est qu'il tenait sur ces jambes le garçon. Ils cherchèrent pendant un bon moment un abris, le derrière du bâtiment des dortoirs, pour finalement le trouver. Arrivés là-bas, Hyuga déposa Ema et la regarda un long moment.

« Pourquoi tu pleurais tout à l'heure ? ..
C'est d'ma faute c'est ça ? .. »

Non non, pas du tout.

La petite fille qui rêvait
D'un bidon d'essence et d'une allumette.

Ses cheveux étaient trempés, aplatis sur son crâne au fur et à mesure que la pluie continuait de tomber. Ce qu’elle pouvait avoir froid. Aussi bizarre que cela puisse paraître, Ema s’était toujours dit que la pluie était chaude. Oh, bien sûr, ce n’était pas la première fois qu’elle prenait une douche naturelle comme ça et ce n’était pas la première fois qu’elle trouvait que la pluie était froide. Glaciale, même. Mais sa vision de pluie chaude revenait sans cesse. Comme un poisson rouge dans son bocal. Elle trouvait ça chaud, se rendait compte que c’était froid. Et le cercle recommençait. Vicieux mécanisme. Elle regarda devant elle, tentant d’ignorer la saleté qui s’accrochait à ses pieds. C’était la merde. Elle était dans une galère insoutenable. Et Hyuga avait disparu de la circulation. Elle serra plus fort ses doigts sur le tissu du t-shirt. Elle ne s’en faisait pas trop pour lui. Avec son pouvoir, il s’en sortirait. Ou du moins, elle l’espérait. Il ne manquerait plus que ça. Que lui ait froid et elle chaud. Mais frileuse comme elle se disait l’être, cette situation ne risquait pas d’arriver.

Ema distinguait des formes humanoïdes entre les gouttes. Et ça la rendait folle. Avec tous les livres bizarres qu’elle avait choppé un peu partout et que Raimu lui avait prêté, elle se fait pas mal d’idées. Un psychopathe sur sa droite, prêt à lui sauter à la gorge. Des bandits de grands chemins derrière elle, réclamant la bourse ou la vie. A sa gauche, le tueur en série violant ses victimes pour les démembrer la personne par la suite en suivant des passages bibliques. Elle avait lu ça dans un livre. Une série de meurtres sur des étrangères féminines. Et Ema était un peu étrangère. Mais juste un peu. Elle était née au Japon, elle avait grandi au Japon et y avait vécu toute sa vie. Elle y vivrait encore après. Elle ne ressentait pas le besoin de partir là-bas, dans le vaste monde. Mais elle restait française par sa mère. Son horrible mère. A côté d’elle, la marâtre de Cendrillon ne faisait même pas peur et ressemblait même à une peluche. Parce qu’elle, au moins, elle lui donnait du travail, à sa belle-fille. Sa mère, elle, lui envoyait de l’argent. Chose pas plus mal, d’ailleurs. L’argent, c’est bien. Mais une attention particulière, c’est mieux. L’argent, maman, ça ne fait pas le bonheur. Elle n’entendait pas son nom, crié à l’arrache, trop occupée dans sa fuite aux méchants monsieurs.

Un bruit sur sa droite lui arracha un sursaut. Ah ! Le malade mental arrivait à l’attaque ! Elle alllait crever, y laisser la peau. Fini les fous rires et les voyages nocturnes interdits. Adieu métamorphoses et câlins. A jamais, livres passionnants et cahiers vierges. Elle allait mourir ici, à l’extérieur du pensionnat. Seule et sans témoin puisque son ami était… Porté disparu. Quelque chose toucha son épaule. Ema couina. Elle aurait voulu crier mais elle savait qu’il y avait des gens dehors, des surveillants encore réveillés. Hors de question de crier. Elle ferma les yeux. Fort, très fort. Pas question de voir la personne qui allait la tuer. Elle pensa à toutes les choses qu’elle n’avait pas faites. Tomber amoureuse. Revoir son frère. Ecrire un texte qu’elle aimerait. Faire un truc qui serait récompensé. Et encore beaucoup de choses.

« Ema ! Tu es là ! Ce n’est pas un clone ? C’est bien toi ? »

Elle ouvrit timidement un œil en sentant un doigt son nez, une main sur sa joue et des lèvres sur son front. Un soupir. Un long soupir de soulagement. Finalement, elle n’allait peut-être pas mourir à l’âge de seize ans. Elle avait encore la vie devant elle. Ô Bonheur !

« Je sais pas me cloner… C’est moi. »

Elle se lova dans ses bras, lâchant un doux ronron félin. Elle s’en foutait pas mal, de la boue qu’Hyuga étalait sur elle. Elle l’écouta s’excuser, sans rien dire. Elle le laissa la prendre, même si elle n’aimait pas quitter le sol involontairement. Quand elle acceptait de quitter terre, ce n’était que pour faire de la gymnastique. Du trapèze, de la poutre. Ce qu’elle aimait quoi. Elle n’aimait pas que l’on la porte. Mais elle laissa Hyuga faire. Et puis, putain, la gueule du prince quoi – quoi ? Elle est bien la gueule du prince. Boue et pluie en moins, quoi. Ema finit par s’accrocher à Hyuga à partir du moment où celui-ci se mit à déraper dans la boue. Mine de rien, ça faisait quand même peur.

Ema posa ses pieds à terre et s’étira longuement sous le regard de son ami. Elle repoussa ses mèches de cheveux trempées et dégoulinantes et s’assit au sol, contre le mur soutenant l’abri, jambes tendues devant elle.

« Pourquoi tu pleurais tout à l’heure ? C’est d’ma faute, c’est ça ? … »

Elle sourit.

« Ouais. C’est en partie de ta faute. »

Elle ricanait.

« Au début, je faisais semblant. J’adore pleurer sur commande. Mais après, je me suis vraiment laissé aller. »

Histoires, belles histoires. ~

Elle le regarda, impassible,
avant d’éclater de rire. Un
bon point pour l’inconnu, il
l’avait fait rire.

« Ouais. C’est en partie de ta faute. »

Et meeerde. Il avait fait quoi au juste? .. Non parce que malgré tout ce qui s'est passé, cet idiot d'Hyuga n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi son amie s'était mise à pleurer. "Au début, je faisais semblant". Ah, c'était pas vrai alors? Elle adorer pleurer sur commande, mais d'où est le plaisir là-dedans à par rendre fou les autres qui pensent que c'est de leur faute, que c'est pour de vrai.. "Mais après, je me suis laissé aller". Tel un comédien de théâtre, à force de trop jouer de ses pièces, il finit par ne pas savoir ce qu'il fait, qui il est, et c'est ainsi qu'il devient fou. A force de faire semblant, on ne fait plus la différence entre ce qui est vrai ou faux. Dans ce cas, petite Ema.. Pleures-tu pour de vrai? Ou pour de faux? .. Petite joueuse, essayes-tu de faire tourner en bourrique ce pauvre Hyuga? Te venges-tu ?

« ... Je t'aime Ema ♥ »

C'était sorti tout seul. Il avait envi de le lui dire, là maintenant, malgré que ce ne soit peut-être pas le bon moment. Il espérait que ces trois petits mots très courts, lui ferait plaisir. Hyuga n'avait pas envie de la perdre. Cette fichue pluie continuait de tomber, et ce soleil parti à l'autre bout du monde l'empêchait de la voir correctement. Il faisait sombre, et ce n'était pas la peine d’utiliser ses flammes pour s'éclairer, il fait trop humide à présent. C'est donc tel un gamin, qu'il tendit ses bras et marcha comme un pingouin en pleurant vers Ema, lui lançant plein de petits mots comme des "je t'aime, t'es belle, je t'adore, t'es mignonne". Bref, il s'agenouilla et serra fort dans ses bras son amie sans plus rien dire. Il frotta sa joue contre celle d'Ema, il ne voulait plus la lâcher, il mettait ses jambes sur les siennes, dans une position plus qu'étrange, et restait là à la réchauffer du mieux qu'il pouvait. Il repensait à toutes ces conneries qu'ils avaient fait ensembles, les fous rires qui leur avaient valut milles et une côtes cassées, ces bons souvenirs partagés, comme les plus mauvais où ils se tapaient "gentiment" dessus. Hyuga soupira doucement, ferma les yeux et laissa tomber sa petite tête blonde sur la douce épaule de son amie, les bras l'entourant. Il ne parlait plus, ne faisait plus attention à ce qu'il se passait autour d'eux. Et il s'endormit. Paisiblement..

« Emaa... Emaa.... »

On aurait presque dit un shooté. Un drogué, qui répétait d'une voix mielleuse le nom de son amie. Qui devait d'ailleurs en chier pour supporter tout son poid sur elle. Quel escargot cet Hyuga.

En même temps, il n' y'a pas de quoi être gêné
quand on a un physique aussi parfait,
pensa le blondinet en la regardant finalement s'habiller.

Ema sourit face à la déclaration. Elle le savait. Elle l’avait toujours su. Mais ça lui faisait toujours autant plaisir de le lui entendre dire. Il le disait, parfois. Mais que quand il faisait une grosse connerie. Ou presque. Il y avait ces moments où ça sortait facilement, tout seul. Et ça ne la dérangeait pas. Elle le savait, qu’il l’aime. Si ce n’était pas le cas, il serait parti depuis longtemps. Il ne serait même pas ami avec elle. Et elle était heureuse. Comme un chat. Heureuse comme un chat sur le dossier d’un fauteuil, face au feu – je te jure que c’est heureux un chat, dans ces moments-là, regarde. Certes, il était un peu salaud et profiteur sur les bords. Pervers aussi, parfois. Il lui donnait toujours des gages bizarres et il passait le plus clair de son temps à tourner autour de n’importe quelles filles. Mais s’il ne faisait pas ces choses, s’il n’était pas ces choses, Hyuga Akamatsu ne serait plus Hyuga Akamatsu. Ce serait un clone physique mais mentalement raté. Ce serait aussi comme si Ema se mettait subitement à porter des jupes courtes et des robes. Et ça, il en était hors de question. Elle irait jusqu’à couper ses longues mèches blondes, quitte à les lisser tous les jours, et se teindre en brune pour ne pas à avoir porter ses fanfreluches de Barbie. Oh mon dieu. Ema en brune, les cheveux courts. Enfin, de cette manière, elle avait une chance de ressembler à son frère. Alois était peut-être son jumeau mais, de près comme de loin, on voyait tout de suite que c’était faux. Faux jumeau, pour être exacte. Mais Ema ne parlait pas de lui. Ni d’Elle, d’ailleurs. Sa Majesté la Reine Mère. Même si c’était à elle, qu’elle ressemblait. Non, quand on lui demandait de parler à quelqu’un de sa famille, elle choisissait automatiquement le côté Hatsuyo. C’était plus simple. Pas aussi joyeux, mais plus simple. Elle les aimait.

« Je t’aime aussi, Hyu. »

Ema le regarda venir à elle, trottinant bizarre comme un pingouin. C’était bizarre. Bizarre et rigolo à la fois. Ses bras tendus en avant la cherchaient contre le mur. Il ne devait la voir clairement. Mais elle, elle le voyait, avec ses cheveux de chats aux rétines rectilignes. Elle ne dit rien, le laissant s’approcher d’elle. Elle resta collée aux briques du bâtiment, accueillant d’un sourire encore plus heureux tous les compliments qu’il disait. Pour se faire pardonner, sans doute. Oui, pour se faire pardonner. Mais écouter, recevoir, sentir pénétrer tous ces ‘je t’aime, t’es belle, t’es adorable, et caetera’ dans son petit cœur de jeune fille, ça faisait du bien. Du bien par où ça passe. Elle le laissa s’asseoir sur elle, passer ses jambes de chaque côté des siennes et coller sa joue à son épaule. Finalement, ils avaient fait pas de choses ensemble. Leur rencontre avait été un carnage, leurs multiples rendez-vous des fiascos, leur promenade en ville avait fini en cambriolage de cabine. Leurs rendez-vous avaient continué, continué. Et là, leur nuit avait été un capharnaüm. Piscine, assommement d’un surveillant, jardin, course poursuite, boue, sirène, arbre, larmes, pluie, boue, câlin, Hyuga. Elle posa une main dans son dos et l’autre sur sa tête, caressant les cheveux blonds de son ami. Elle sentait son souffle régulier dans son cou, signe qu’il s’endormait. Ou qu’il dormait déjà ?

« J’ai pleuré à cause de Lui. Et d’Elle, un peu. Mais surtout à cause de Lui. Mais c’est pas grave, ils sont loin. Loin des yeux, loin du cœur. »

Elle continuait les caresses. Elle ne voulait pas parler d’eux, pas maintenant. Pourquoi inquiéter Hyuga de problèmes qu’elle n’arrivait pas à résoudre ? Cela faisait bien dix ans qu’elle essayait de le revoir, d’avoir une lettre. Ca ne marchait pas. Elle n’avait rien du tout en échange.

« Emaa… Emaa… »

Ema fronça les sourcils et regarda Hyuga.

« Tu rêves de quoi, toi ? Hein ? »

Elle poussa un peu Hyuga, le chatouilla sous les côtes pour le réveiller.

« Hyuga ? Hé ! Debout là-dedans ! C’est toi qui m’a tiré ici pour faire une nuit blanche, alors, on se réveille ! Ou alors, on retourne dormir dans nos lits. »

the pois0n.

Hyuga n'était pas spécialement fatigué. Hyuga n'était pas forcément profiteur. C'est juste qu'il aimait bien être dans les bras d'une fille, et s'y endormir paisiblement comme un bon gros bébé. Ema était ton coussin préféré. Tout doux, tout mignon, tout gentil, et tout confortable. Non pas un lit, car on tombe souvent du lit. C'est pas terrible.
Bon, quoiqu'il en soit, Hyu' se laissait atterrir sur un nuage laiteux, blanc de pureté, celui des rêves. Il fermait les yeux, et n'arrivait plus à les re-ouvrir. Son esprit vaguait à présent, et il pouvait voir des images rapides d'une jeune fille blonde, avec une robe. Ema? .. Ema? .. Il l'ignorait, mais il répétait son prénom depuis un bon moment maintenant. Il voulait voir le visage de cette fille qui ressemblait terriblement à Ema. Est-ce que c'était elle? Non, impossible, elle ne porte jamais de jupe, ni même de robe. C'est toujours des slims ou des jeans moulant qui ravis le pervers comme il est de voir ses jolies petites fesses serrées dedans. Oui, bon, pervers un jour, pervers pour toujours. D'ailleurs, ce n'était pas question de ça, il profitait juste de ce que la nature avait put apporter aux gens.. Voilà tout.. Et, c'est une très bonne excuse pour ne pas s'en prendre une.

« Tu rêves de quoi, toi ? Hein ? »

Le visage de la fille se retourna, et il crut apercevoir une tête familière. Ema? Il lâcha ça une dernière fois avant que sa vision ne se trouble, et qu'il sente comme quelque chose le toucher sous ses côtes. Il eut un réflexe simple de rejet, et il se mit à rire jusqu'à presque en pleurant, sentant du vide sous ses pieds et une subite impression de tomber en arrière. Du noir arrivait, sa vision devenait sombre, jusqu'à ce qu'il voit brusquement une image. La pluie qui tombe, et rien au loin.

« Hyuga ? Hé ! Debout là-dedans ! C’est toi qui m’a tiré ici pour faire une nuit blanche, alors, on se réveille ! Ou alors, on retourne dormir dans nos lits. »

Hyuga était tellement bien installé qu'il n'arrivait plus à bouger. Sauf pour attraper le bras de quelqu'un qui osait le chatouiller et lui parlait en même temps depuis tout à l'heure. Il tourna doucement la tête pour se rappeler enfin qu'il était endormi sur Ema depuis un bon moment. Il eu un petit sourire d'hamster, assez gêné, et il se releva calmement comme si de rien était, s'étirant les bras. Il était torse nu, plein de bout. Mais c'est pas grave ! Tout va bien !
Allez, c'était pas encore l'heure d'aller dormir. Mais de rentrer peut-être, en effet. Il regarda une dernière fois la pluie avant d'emmener Ema avec lui jusqu'à l'escalier de secours. Il esquivait au passage les gouttes d'eau de pluie, comme si celles-ci étaient dangereuses pour eux, semblables à de l'acide. Bon bah sur le coup, Ema était morte car Hyuga s'était littéralement amusé à la balancer dans la flotte avant de monter comme un gros bourrin les escaliers, triomphalement, glissant parfois en se cassant la figure. Mais rien de grave, voyons ! Il manquerait plus que son genoux soit effleuré et qu'il se fasse mal, le pauvre. C'est donc tout en chialant de s'être fait mal, qu'il arriva au premier étage, et donc dans le couloir du dortoir A. Vu l'heure, tout le monde devait dormir.

« On reste discrets, OK ? .. »

Et c'est donc comme un idiot qu'il se mit à courir au beau milieu du couloir, dans le noir le plus total. Il pensait pouvoir faire plusieurs mètres comme ça, mais au lieu de ça il fit juste 5 ou 6 pas, avant de glisser avec ses chaussures toute trempées et pleines de bout et se casser la figure en arrière dans un vacarme monstrueux. Il avait aussi prit soin de se tenir sur le mur avant de tomber, mettant plein de boue dessus. Il y'en avait partout aussi par terre.. Quel bordel.

Oh yeah !
Chuis d'la gazelle de compète !

Il commença à gigoter. D'abord, un geste simple de rejet. Ensuite, un autre, plus vif, touchant sa main. elle sourit, repartit à l'attaque. Elle l'entendait encore rire aux larmes. Et elle, elle continua, souriante. Personne ne s'endort impunément sur elle sans en subir les terribles conséquences. et quoi de plus terrible que des chatouilles pour un Hyuga vulnérable, sans défense, innocemment endormi sur son épaule ? Rien. Même le badigeonner de boue, de bave, de ketchup, de substance verdâtre gluante et flasque n'aurait pas été aussi cruel. rien n'aurait été aussi cruel. Pas pour Hyuga. Il réussit, après maints essais, à bloquer ses bras à l'aide de ses jambes. C'est qu'il en avait, de la force, ce charognard. Par chance pour Ema, il n'appuyait pas. Bizarrement, elle l'aurait facilement cru capable de lui broyer les os. Quelle horreur ! Qu'allait-elle faire sans ses bras ? Rien. elle se laisserait mourir lentement, accablée par la tristesse d'avoir perdu ses deux pauvres bras à la suite d'une guerre chatouilleuse. Ah ! Elle ne rirait plus de se faire si belle dans son miroir. Elle sentit sa tête remuer sur son épaule et elle-même bougea un moment pour le voir. Il lui sourit. On aurait cru voir un rongeur. Un rongeur blond, torse nu, sexy et sale. Car oui. Même si Hyuga était son ami, ça ne l'empêchait pas de le trouver sexy. De toute manière, lui aussi, il la matait. Alors, pourquoi pas elle ?

« Salut, Darling. »

Elle le regarda se redresser, grimaçant quand il s'appuya sur ses genoux. Ema se remit dans une position un peu plus confortable, s'étendit et tira ses bras vers le ciel. Elle finit par se lever et frotta la boue du t-shirt qu'elle avait au dos. Il n'y avait rien à dire : Hyuga devait vachement avoir pris son pied en se roulant dan la boue. Un peu comme Winnie l'Ourson, quand il se roule dans la boue afin d'aller voler du miel aux abeilles. Non, en fait... Ca n'avait rien à voir. Il n'y avait que le fait qu'ils se soient roulés dans la boue et qu'ils aient pris leur pied en le faisant. Voilà.

Elle frissonna à nouveau. Elle se les gelait comme pas deux. Ema emboita le pas à Hyuga. Elle le voyait éviter les gouttes de pluie comme il le pouvait. Problème. Elles revenaient toujours à l'attaque, plus nombreuses et plus fortes que lui. Simple mortel. Ema, elle s'en foutait pas mal : ça ne pouvait pas être pire. erreur. Pour son arrogance, elle finit dans la flaque la plus proche. Et il en fut ainsi pour les quatre suivantes, sagement alignées. Elles accueillirent la jeune fille à bras ouverts. Méchantes. Elle pesta plusieurs fois, tenta de faire tomber Hyuga. Chose qui ne marcha, compte tenu de la foutue force masculine qui habitait son ami, évidemment pas.

Elle ricanait à chaque fois quand il se pétait la gueule dans les escaliers en métal. Ca, il ne fallait pas faire le guedin dans des escaliers comme ceux-là. Oh, elle s'inquiéta quand même quand il bousilla son genou en dérapant, bien sûr. Elle l'écouta geindre tout en répondant des trucs stupides comme C'est une vengeance divine pour m'avoir balancé dans les flaques. Elle le suivit quand il entra dans le couloir où les dortoirs classés A avaient établi leur QG.

« On reste discrets, OK ? .. »

Ema acquiesça et se mit à imiter le Grand Méchant Loup. En marchant, bien sûr, pas en dégommant et en mangeant tout le monde. Elle se voyait déjà, le corps recouvert du sang de ses victimes, en suivant Hyuga dans le couloir, comme si de rien n'était. Brr. Elle haussa un sourcil quand elle vit Hyuga courir et elle dut planter ses ongles dans son bras pour ne pas éclater de rire quand il se torcha, plus loin. On aurait dit un clown glissant sur une peau de banane tout en recevant une belle et grosse tarte à la crème en pleine figure. Evidemment, il fit plein de bruits en tombant. Ce qui ne la faisait plus vraiment rire. Les marques de boue sur le mur non plus ne la faisaient pas rire. Bordel. Il était con ou il le faisait exprès ? Parce que bon, il y avait de ces moments où elle se posait réellement la question. question à laquelle elle avait déjà une réponse. Interrogation rhétorique. Bordel. Ema accéléra et arriva très vite à sa hauteur. Elle le regarda, pitoyablement étalé sur le sol qui avait été, avant leur arrivée, si propre. Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever.

« Je cite : On reste discrets. Hyuga. Sérieusement. Tu veux que je te rappelle ce qu'être discret signifie ? »

Bien sûr, qu'il aurait fallu le lui rappeler ! Elle l'aida néanmoins à se relever. Parce que bon, il faisait désordre dans le couloir endormi. Elle secoua la tête avant de se remettre en route vers...

Un bruit. elle avait entendu un bruit, quelque part, pas très loin. Dans les escaliers ? Elle n'en savait strictement rien. Tout ce qu'elle savait, après des années d'observations, c'est qu'elle était dans les dortoirs des filles. Parce que la sortie de secours se trouvait là. Elle attrapa la main de son ami et tira. Vers n'importe où. Une chambre. Elle le poussa dedans et referma soigneusement la porte derrière elle, sans une once de bruit. Silencieuse comme un voleur. Ni vu, ni connu. Et advienne ce qui adviendra.

« Shhh. »

I have a DREAM, je vous le dis.
I have a dream, ALLELUJAH. ♫
Et quand viendra ce jour béni,
prions pour voir ça.

Rien d'autre à ajouter? Bien, maintenant tu peux fermer ta gueule et prendre la main de ton amie pour te relever.
Hyuga avait affreusement mal au dos, c'est qu'il s'était bien ramassé par terre quand même mine de rien. Il pensait que sa colonne vertébral avait cassé à cause de la chute, mais non, il ressentait juste une vivre douleur dans tout le long du dos. Et autant dire qu'il n'avait plus que ses yeux pour pleurer. Mais Hyu' c'est un garçon brave, il saura se relever tout seul. Quoique là, il fut obligé d'attraper le bras d'Ema pour se relever, celle-ci se proposant pour l'aider. Elle l'avait sévèrement réprimandé pour ne pas savoir ce que c'est que d'être discret. Pas sa faute si ce couloir l’appelait à crier comme un dingue comme s'il se faisait pourchasser par un fantôme psychopathe, ou que cette satanée boue ne lui permettait pas de tenir sur un sol aussi glissant que celui des couloirs du dortoir A.. Dortoir d'ailleurs redevenu très vite silencieux. Hyuga se retenait le dos avec son bras mit derrière, serrant ses dents en gémissant. Il regarda un moment Ema, qui semblait s'être attardé subitement sur quelque chose. Des bruits, en effet, venant des marches. À peine le blondinet avait-il commencé à réagir qu'il fut directement entrainé par son amie vers une porte. Oui une porte, qu'elle ouvrit sans trop réfléchir. Hyuga ne pouvait même pas en placer une, comme le fait qu'ils étaient à présent dans une chambre totalement inconnue et dans le dortoir.. des filles.

« Shhh. »

Non, décidément il ne pouvait même pas en placer une. Tout les deux agenouillés près de la porte, ils se taisèrent un petit moment; Hyuga se retenant de respirer instinctivement. Soudain, il comprit. Très vite, comme un dingue, comme un Speede Gonzalez. Quelqu'un les avaient entendus, et surtout lui, faire du bruit dans les couloirs et étaient montés les surprendre. Voilà que ses pas se faisaient entendre jusqu'à la porte. Oui, il allait entrer sans chercher à frapper. Hyu attrapa le bras d'Ema et l'emmena dans un placard, au pif et essayant de voir quelque chose dans le noir. Il avait dut marcher sur quelque chose, casser au passage des petits objets, butter dans des lits et tout ce qui réveilla les pauvres filles qui jusque là devaient dormir. Elles crièrent, et eux se cachèrent dans une armoire toute petite. Le gros bordel total. Mais ils réussirent à être assez discret pour se cacher comme des pros. Hyuga rentra tout son ventre, pour faire de la place à Ema. Avec une gueule pareil, ils ont surement crassé tout les vêtements à l'intérieur, leurs pieds sur des chaussures et leurs têtes baissés pour ne pas se prendre le plafond, au milieu des cintres. La porte s'ouvrit brusquement, dans un grand bruit. Elle alla percuter le mur. Machinalement, Hyuga attrapa la main d'Ema et la serra fort, lui mettant sa main devant la bouche. Ils devaient ne pas bouger.. Rien faire.

« .... ..... »

Le silence. Un long moment. Les filles qui se trouvaient dans la chambre ne comprenaient pas plus la situation que le surveillant qui venait d'arriver. Alors, ils commença à leurs crier dessus, disant qu'elles allaient devoir aller dans le bureau du directeur le lendemain, celui-ci en train -forcément- de dormir et ne pouvant pas vraiment les recevoir tout de suite. Malgré les prosternations des filles, plaidant leur innocence, l'homme ne les écouta pas et referma la porte en leur criant d'aller dormir. Si après ça Aomori n'est pas réveillé, sérieusement.. La lumière était allumée à présent, et Hyu pouvait voir la tête tête d'Ema le regardait avec ses grands yeux bleus. Le blondinet se mit à sourire, très fortement, et tenta de se retenir de rire. Si bien qu'il en perdit l'équilibre et ouvrit la portière de l'armoire, tombant bien à la renverse au milieu de la chambre. Et le must dans tout ça, c'est qu'il avait entrainé son amie avec lui. C'est donc tout deux presque nus, trempés et avec une innocence quasi inexistante, qu'ils se retrouvèrent l'un sur l'autre autour de quatre.. Allez, vu leur physique, des gamines. Des pauvres petites filles innocentes. La seule réaction qu'eut Hyuga c'est de cacher, aux yeux de ces demoiselles, son merveilleux torse musclé et trempé avec les cheveux d'Ema, lâchant un petit crie étouffé.

Comme c’est pour toi, je m’en fous,
Je suis vraiment prête à tout.

Ema tentait vainement d’entendre les pas dans le couloir, de connaître leur direction et de reconnaître le surveillant. Auditivement, c’était un homme. Pas un gros, un mince. Les pas se rapprochaient. Petit à Petit. Ils n’étaient plus aussi si loin qu’ils ne l’étaient deux minutes plus tôt. Ema retenait son souffle. Une apnée totale, absolue. Tellement absolue qu’elle faillit crier quand la main d’Hyuga se referma sur son bras. Elle ouvrit la bouche pour le traiter d’abruti, lui dire qu’il était malade mentalement et qu’il n’avait pas à lui faire peur dans un moment pareil. Sauf qu’elle n’eut le temps de ne rien dire puisqu’il l’attirait déjà vers lui. Ou plutôt vers un placard. Un objet s’enfonça dans le pied d’Ema. Elle retient tant bien que mal un chapelet de jurons en français et en japonais. L’objet s’était logé dans sa peau, elle le sentait dès qu’elle faisait un mouvement. Bon Dieu ! Devant elle, Hyuga fonçait dans le tas, tel un pachyderme agile dans une boutique de porcelaine. Marchant sur n’importe quoi, cognant des objets dans le passage. Ema métamorphosa ses yeux au moment où il manqua de s’étaler sur l’un des lits. Ce qui eut pour effet de réveiller les occupantes de la chambre. Comme des dominos. L’une crie, les autres suivent. Les pauvres petites. Elles qui dormaient si paisiblement… Une malchance qu’Hyuga soit plus bourrin qu’autre chose. Les filles se mirent à crier et à couiner. Ce fut la dernière image qu’elle perçut avant de couper la métamorphose, trop crevée pour continuer. La porte de l’armoire coupa son champ de vision en se refermant.

Elle repensa à ses pieds sans chaussure. Ses pieds qui avaient subi une attaque au chlore à deux reprises, une – même plusieurs – bain de boue et connu le bonheur d’une baignade dans de l’eau de pluie. Elle devait certainement avoir bousillé leurs chaussures et toutes le fringues tombées. Mais elle compta ça comme une vengeance, ce qui mit fin à sa rancune envers elles. Parce qu’elles, elles avaient laissé une punaise sur le sol. La punaise devait trouver ça sympathique comme petit endroit de vacances et se plaisait éperdument dans le pied d’Ema. Se plaire, oui. Mais fuck ! Comme ça faisait mal !

Sa tête touchait le plafond – ou, dans le cas présent, l’étagère du haut. Devant elle, camouflé entre deux robes tout bonnement hideuses – parce que même si Ema ne met pas de robe, elle sait quand même différencier les robes moches des robes belles – se trouvait Hyuga, aussi paumé que s’il avait eu ses premières règles à onze ans et qu’il ne savait pas ce que c’était*. Bah quoi ? D’habitude, les filles l’intéressent. Et là… Peut-être était-ce à cause des robes… Franchement, ces filles n’avaient aucun goût. Ema se mordit violemment la lèvre quand la porte percuta le mur. Et ce fut ce moment qu’Hyuga choisit pour plaquer sa main sur sa bouche. Tant pis si elle lui foutait du sang partout. La main chaude de son ami choppa la sienne et la pressa. Oh. Ca va, hein. Ema n’allait pas se mettre à hurler comme une démente alors que ce foutu surveillant était dans la pièce. Dans la pièce en train d’engueuler d’innocentes jeunes filles qui, deux ou trois minutes plus tôt, dormaient en rêvant certainement du ‘garçon le plus sexuellement sexy d’Aomori’. Ils avaient bien fait d’interrompre leur rêve. Pour leur éviter d’avoir à choisir entre plusieurs choix de première catégorie. De toute façon, vu leur choix en matière de vêtements, il ne devait pas être terrible ce garçon. Ema écoutait le discours du pion. Bon Dieu ! Aller voir Ken Matsumoto demain. Les pauvres petites. Aller voir Maman était la pire des tortures qui soient. Mais tout le monde n’est pas comme toi, Ema la Trouillarde. L’adulte mature et responsable dans l’adversité cria à nouveau avant de claquer la porte en partant. Lui aussi, il devrait penser à aller voir Maman Pingouin, demain. Cause : tapage nocturne au sein du pensionnat dans une chambre. Enculé, quoi.

Ema croisa le regard d’Hyuga et comprit. A cause de son large sourire. Oh non. Hyuga, franchement, non. Franchement, ce n’était nullement le moment de… Et paf ! Ca fait des Chocapics. Ce qui n’aurait jamais dû arriver arriva. Hyuga perdit l’équilibre. Perdit l’équilibre et s’étala tel un mollusque tétraplégique à moitié à poil sur le sol, en prenant soin d’emporter une avalanche de fringues et de chaussures avec lui. Ah ! J’oubliais ! Oubliais ce qu’Ema aurait voulu oublier. Elle, au milieu des vêtements, fut également emportée dans l’élan d’Hyuga. Ah, Bon dieu. Elle alla s’écraser sur son ami. Sous les regards de quatre jeunes filles. Elles avaient quoi ? Quatorze ans ? L’âge d’aimer Justin Bieber. Elles rêvaient peut-être même de lui, tout à l’heure. Ah ! Lui et son ‘baby, baby, baby oooh !’ tellement sensuel et excitant… Beurk. Les cheveux d’Ema furent tirés. Connard. Il étouffa un couinement. Quoi ? Complexe corporel ? Et puis, maintenant, qu’elle s’en rendait compte… C’allait encore être à elle de sauver leurs peaux ?

« … Bonjour ? »

Car oui ! Quand on tombe d’un placard alors qu’on ne devrait pas être à l’intérieur, on dit bonjour ! Et hop ! Une accusation à tord et à raison dans la gueule d’Ema. Pourquoi elle, d’ailleurs ? Et Hyuga qui essaie… D’en faire le moins possible. A quatorze ans, on aime quoi ? Les poneys ? Les stars ? Les histoires d’amour. Oui ! Les trucs bien tragiques du style Roméo et Juliette. Avec un peu de chance, elles ne connaissent même pas l’histoire.

« Ouais, ouais. Je vais vous dire ce que l’on fait là. »

Nouvelle vague d’exclamations. Ema prit son temps pour se redresser et s’assit en tailleur, enlevant par la même occasion la punaise de son pied. Elle attendit patiemment qu’Hyuga l’imite afin de se coller à lui et d’entrelacer ses doigts aux siens.

« Vous voyez, on est en couple. Mais… On préfère que ça ne sache pas. Même nos meilleurs amis ne sont pas au courant de la situation. Parce que… Parce qu’on ne peut pas être ensemble. »
« Pourquoi ? »

Connasse. Je vais te le faire bouffer et vomir ton pourquoi de merde. Ema osa un petit sourire timide, repensa à un truc gênant pour essayer de se faire rougir et se colla un peu plus à Hyuga.

« Parce que nos familles se détestent. Une vieille dispute. »
« Ca fait Shôjo ton histoire. »
« On s’en fout, puisque c’est vrai. De toute façon, toutes les histoires d’amour ont été retranscrites en shôjo. »

Elles acquiescèrent. Voilà, on est toutes d’accord. Ema continua de raconter que la seule manière de se voir, c’était en cachette, pendant la nuit. Oui. Mais ça ne l’aida pas du tout puisqu’elle, elle n’aspirait qu’à quitter cette chambre avant la foutue avalanche de ‘Kyaaaah ! C’est trop mignon !’

« Ta tête me dit un truc. »

La tête de… ?

« C’est pas toi qui draguait une fille de troisième, tout à l’heure ? »

Brave petite.

*Promis, je n'écris plus un soir de carnaval à 2h00 du matin ♥

Quel est ce jeu auquel on joue,
Et qui nous rend tous fous?

« Ouais, ouais. Je vais vous dire ce que l’on fait là. »

Hyuga. Ce pauvre idiot blond à peine plus grand qu'une fille de 10 ans, était à présent torse nu, plein de bout, les cheveux trempés, le pantalon collé à ses cuisses et prenant dans ses bras son amie Ema. Et pas qu'un peu, elle lui avait attrapé sa main pour la lui tenir fermement, posant presque sa tête sur son épaule. Ah ouais, ils pouvaient pas faire plus classe comme pose que celle d'un petit couple de gens amoureux. Il en eut un sourire idiot. Complétement idiot.
Alors comme ça, tout deux ils étaient comme deux jeunes amoureux se cachant du regard des autres, parce que c'est un amour totalement interdit. Hyuga ne comprit pas ton de suite ce que cherchait à faire Ema, en fait il s'était même presque fait avoir, la regardant avec de grands yeux, en se demandant s'il n'avait pas raté un épisode à un moment donné de l'histoire. Mais non, quand elles se mirent à être plus passionnées par eux que l'idée de crier et pleurer en les voyant squoatter leur chambre, cela fit enfin tilt dans sa tête. Il se mit à sourire bêtement, en trouvant son amie absolument génial. Quelle bonne idée que de se faire passer pour des jeunes s'obligeant à se cacher. Et puis, comme ça ça prouvait leur sale tête et leur fuite auprès du surveillant. Et Hyuga espérait vraiment qu'elles ne se mettent pas à râler comme quoi le lendemain elles seraient dans "la merde". C'est vrai qu'à cause d'eux, elles craignaient un rendez-vous chez le directeur. Mr. Moman, qui est bien pire à se farcir qu'une double heure de colle.

« Ta tête me dit un truc. »

Moment de bug. Hyuga n'ose même pas regarder en face de lui, vers celle qui venait de lâcher ça.

« C’est pas toi qui draguait une fille de troisième, tout à l’heure ? »

Gros moment de bug. Et hop, la bouche en cul de poule, il sentit tout son corps se relâcher, et il faillit tomber en avant en comprenant qu'il avait été observé par une gamine en train de flirter avec une fille. Putain, il s'en souvenait maintenant. Merde, ça enlevait toute la bonne idée d'Ema comme quoi ils étaient un vrai couple d'amoureux, se cachant aux yeux des autres pour mieux vivre leur passion mutuel l'un pour l'autre. Ce gros romantisme pur venait de se casser à cause d'une pauvre conne. Il releva la tête doucement en craquant son cou au passage, le regard noir. Au début, il voulait la tuer pour avoir tout gâché, mais il eut la bonne idée de poursuivre à son tour le petit jeu d'Ema. En espérant que celle-ci fasse semblant comme lui. Il se mit à rire tout doucement, regarda son amie, puis le groupe de fille le fixant dans les yeux, puis Ema, puis les filles, puis Ema, les filles, Ema. Et vlan ! Il se releva brusquement en ce mettant à crier -doucement-, comme s'il avait été découvert. Oui, découvert en train de tromper sa petite-amie. Et c'est tel de grands comédiens, qu'ils se mirent à jouer une parfaite scène sorti tout droit d'une pièce tragique et romantique. Hyuga s'était alors écrié :

« Non ma chérie ! Mon amour, ma fleur ! .. Je t'aime toi, et toi seule ♥ »

Il reculait doucement, essayant d’inviter du regard Ema à le suivre vers la porte.

« Ne les écoutes pas ! Elles disent ça pour gâcher notre amour ! Comme tout les autres !
Personne ne veut que l'on soit ensembles apparemment. Mais.. Tu te souviens, non? De notre amour .. »

Hyuga se colla contre la porte, tel un vrai acteur tragique, les cheveux mits en arrière, et sa main se posant à présent sur la joue de sa bien-aimée. Il allait presque l'embrasser, mais à la place il lui souffla de faire semblant de le rejeter, et de le frapper violemment jusqu'à ouvrir la porte et les faire sortir d'ici. Ce fut plutôt rapide, car Hyuga simula le garçon qui se faisait frapper par sa dulcinée, et ils purent enfin sortir de cet enfer, fermant la porte derrière eux et s'arrêtant brusquement au beau milieu du couloir.
Un long silence s'en suivit. Profond, et on entendait plus rien du tout. Hyuga avait le coeur battant très fort, et il regardait en silence son amie face à lui. Il voulut se retenir, mais il se lâcha finalement et rigolant dans l'épaule de la jeune fille, se chatouillant le nez avec ses longs cheveux.

Dans nos bras il y autant d'amour que de funérailles
il y a autant d'absences que de retrouvailles
je n'en reviens toujours pas.

Ema jubilait. Elle jubilait intérieurement. Ca marche. Ca marche. Ca marche, bordel ! Elle avait un plan. Un plan pour se sortir d’ici, de ce merdier dans lequel elle – pour une fois que c’était elle – les avait conduit. Mais la connerie de ces gamines la faisait jubiler. Bien sûr que ta tête lui dit un truc. Bien sûr que tu l’as vu draguer une fille de troisième tantôt. Parce qu’Hyuga est comme ça. Mais bon dieu ! Ce qu’elle aimait ce côté dragueur-pervers, par moment ! Il y avait des moments où ça l’agaçait. Mais là… Là ! Pas du tout. Son épaule se détacha de la sienne, chaude et nue. Ses doigts se desserrent des siens, longs et fins. Elle vida ses yeux de n’importe quelle espèce d’émotions. Vide. Comme quand on se fait larguer, quoi. Le vide avant la tempête. Ses yeux là, elle les avait vus dans pas mal de films. Ces yeux là, on les avait décrit dans pas mal de livres. Ces yeux là, elle était certaine de les avoir vu dans la rue, un nombre incalculable de fois. Ema repensa à son frère. Penser à lui, ça la faisait pleurer. Et pleurer, c’était exactement ce qu’elle cherchait à faire. Ses yeux se mirent à piquer, à picoter pour finalement, après bien des souvenirs d’enfance, s’embuer. Elle sentait le regard d’Hyuga sur sa joue. Il repartait et revenait. Ca s’en va et ça revient. C’est fait de tout petit rien. Un mouvement d’air à côté d’elle. Hyuga se redressa.

« Non ma chérie ! Mon amour, ma fleur ! … Je t’aime toi et toi seule ♥ »

Ema laissa une larme couler sur sa joue. Puis deux. Et un flot abondant. Qu’est-ce que ça marchait bien ! Qu’est-ce qu’elle jubilait ! Chaque larme lui arrachait une nouvelle jubilation intérieure. Ca marchait ! Comme elle était heureuse ! Elle se releva lentement, tremblante. Plus par épuisement que par le fait que son « copain ait flirté avec une autre fille alors que bon, ça faisait trois ans qu’ils étaient ensemble ». Hyuga reculait. Oui, elle avait compris. Sortir. Ils voulaient tout les deux sortir. Non pas que le fait de jouer à la dinette avec des gamines pré pubères les dérange mais… Sortir.

« Ne les écoutes pas ! Elles disent ça pour gâcher notre amour ! Comme tout les autres !
Personne ne veut que l'on soit ensembles apparemment. Mais... Tu te souviens, non ? De notre amour... »

Elle renifla. Bruyamment. Vu de la sorte, c’était assez dégueulasse. Mais c’était fait exprès. Elle frotta ses joues avec ses petits poings blancs. A côté, les filles étaient silencieuses. Certainement trop obnubilées par le fait de voir une scène digne des Feux de l’Amour se produire. Parce que, mine de rien, ça y ressemblait vachement. Elle se mit à crier. Enfin, crier. A parler. Avec un ton tranchant. De la colère, de la tristesse, de la jalousie envers cette fille de troisième. La la la la la. C’est la vie avec toi.

« Notre amour ? Moi, je t’aime ! Je t’aime comme une conne depuis trois ans ! Voire même plus ! Je t’ai tout donné ! Absolument tout ! Corps et âme, tu te rappelles. Oh oui, que tu te rappelles ! »

Elle fonçait vers lui, les poings fermés, le visage ravagé et noyé par les larmes. Elle aurait voulu s’écrouler dans ses bras, le serrer fort contre elle. Pour rire dans la chaleur de son cou, constater une fois encore qu’il était plus grand qu’elle. Il était là, juste en face d’elle, contre la porte. C’aurait été si facile de lui sauter dessus, de la chatouiller, de le dire que ce gars, ce nouveau la faisait chier – si seulement – et qu’elle en avait marre d’être suivie comme si elle était une divinité antique. Ses doigts frôlèrent sa joue, s’attardèrent dans son cou pour la rapprocher de lui. Derrière elle, elle sentait les fille retenir leur souffle, pour ne pas interrompre une seule minute de ce spectacle. Eh, les meufs. C’est pas Edward et Balle, ici. Mais Hyuga et Ema. Elle faillit sourire. Mais sourire aurait été une erreur cruciale dans cette mise en scène. Il lui souffla un mot. Faire semblant. Le rejeter. Comme si elle allait l’embrasser à nouveau. Une fois avait suffi. Le frapper violemment. Et la faire passer pour une femme dominante ? D’accord. Elle lança sa tête en arrière et son front percuta celui d’Hyuga. Ca l’avait étourdie. Elle continua à cogner. A cogner comme l’aurait fait une fille. Parce que montrer ce que sa tante lui avait appris en matière de boxe, c’aurait été trop violent pour eux. Pour le visage d’Hyuga, aussi. Hyuga se chargea du reste. Ema versa quelques dernières larmes avant de disparaître dans le couloir et de fermer la porte.

Pendant un court instant, elle pensait que les filles suivraient la scène jusqu’à la fin. Elles n’en firent rien. Ema regarda Hyuga. Hyuga regarda Ema. Un ange passa avec un seau. Repassa en serrant les fesses. Hyuga finit par se jeter sur son épaule pour rigoler. Elle aussi, elle voulait rire. Mais elle eut juste le temps de voir que la poignée de la chambre qu’ils avaient quitté s’abaissait. Et que la porte allait s’ouvrir. Sans faire de bruits. Ema attrapa le visage d’Hyuga entre ses mains et plaqua une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes. Rien à foutre de la douceur. Elle ferma les yeux. Histoire que l’on les prenne un peu au sérieux.

C’était une question de vie ou de mort.

ROMEO+JULIET
version.2012

« Notre amour ? Moi, je t’aime ! Je t’aime comme une conne depuis trois ans ! Voire même plus ! Je t’ai tout donné ! Absolument tout ! Corps et âme, tu te rappelles. Oh oui, que tu te rappelles ! »

Et VLAN ! Un bon coup de boule bien placé, et Hyuga valsa en arrière pour se mettre à crier de douleur. Et BAM ! Un coup de poing dans le nez, HOP un coup de pied dans le mollet, et SBAF une gifle, ET BAM BAM BAM.
Hyuga n'eut même pas le temps de réagir, il regrettait même d'avoir "proposé" à son amie de faire "semblant" de le frapper pour rendre la scène encore plus vrai et encore plus catastrophique qu'elle ne l'était déjà. Et disons qu'Ema ne s'était franchement pas gênée à lui donner des coups un peu partout, l'obligeant presque à se retenir de l'arrêter et de lui casser à son tour son bras. Non, il ne lui ferait jamais ça. En fait, il voulait plus rire qu'autre chose de la scène, et il se retint jusqu'à arriver dehors, la porte se refermant derrière eux. Long silence, puis l'éclat de rire du jeune blondinet, qui alla se cacher dans l'épaule de son amie. Putain il avait mal, il avait affreusement mal. Elle ne s'était vraiment pas retenue là-dessus. Était-ce une petite vengeance de sa part ? Ou alors elle jouissait de le violenter depuis longtemps ? .. Profiteuse.
Soudain, un bruit de porte qui s'ouvre. Hyuga voulut jeter un petit coup d’œil, mais il aperçut seulement les mains d'Ema lui attraper ses deux petites joues devenues roses. Il retint tout de suite sa respiration, sentant de douces lèvres chaudes s'appuyer sur les siennes. Il la regarda en baissant ses yeux, les siens étaient fermées, et ses cheveux lui tombaient dessus. Il resta silencieux, crispé, et ça pendant un long moment. Un fichu long moment. Profiteuse.

Une question de vie ou de mort? Ahah. Mon cul, oui.

Hyuga entendit des petits roucoulements derrière la porte. Les filles les regardaient s'embrasser en souriant, amusée par la scène. C'est vrai qu'une scène d'amour pareil en direct, c'est pas tout les jours qu'on voit ça. Pour faire plus vrai, Hyu' attrapa les hanches de son "amie", et y glissa ses mains, s'amusant à la déstabiliser un instant Ema en la chatouillant, puis la serrant fortement contre lui. Le baiser devenu de plus en plus long, de plus en plus fougueux, au point qu'Hyuga en oubliait presque ces jeunes demoiselles derrière qui finir par fermer la porte en riant, apparemment complétement folles. C'est fou ce que des gamines peuvent être aussi naïves et rêveuses. C'est vrai qu'à les voir tout les deux, on les auraient bien engagés comme acteur dans un Disney.

« Aie. Aie .. AIE. »

Non pas que son nom appuyé sur sa petite joue lui faisait mal, non pas que ses lèvres étaient légèrement ouvertes, et que son cou avait été craqué, et que ses jambes étaient défoncées... Mais rester là, debout, à serrer Ema, à la fin il commençait à bien la ressentir, la douleur. Ils étaient enfin tranquille, alors ils pouvaient s'arrêter. De toute façon, ils le devaient, car là ça devenait vraiment bizarre. Hyuga se retira un peu d'Ema, la regarda un long moment en levant un sourcil, faisant une grimace. Il avait l'air vraiment le genre de gars complétement paumé. Il s'arrêta. Leva sa main vers ses lèvres, et les caressa.

« Mince. Ça s'est ouvert. »

Il releva ses yeux vers Ema en lui souriant bêtement, et se craqua un peu tout les membres de son corps : son cou, ses bras, ses doigts, son dos, ses genoux et ses pieds. Tout lui faisait mal, mais il se retenait de crier. Il faut pas non plus qu'ils se fassent encore plus remarquer. C'est déjà un miracle qu'ils soient toujours en vie. Hyuga leva ses bras et s'étira un long moment en baillant, avant de lâcher à son amie qu'elle lui devait des excuses pour l'avoir frapper aussi fort. Faut pas non plus transformer tout ça en réalité. Ils ne sont pas spécialement.. amoureux, au point d'être jaloux que l'autre trompe l'autre. Enfin, ce fut sa petite remarque personnel.

Accidentally in love

En y repensant, elle y avait été un peu fort sur ses coups-là. Mais c’était en partie de sa faute. On ne demande pas à quelqu’un de le frapper violemment parce que les préjugés veulent qu’une fille n’ait pas de force. On ne demande pas à quelqu’un de le frapper sans savoir avec exactitude ce qu’il traîne derrière lui. Et ce même si c’est un ami proche. Ema appuya un peu plus ses lèvres sur celles d’Hyuga. Comme ça. Par une envie subite. Il est vrai qu’elle ne l’avait pas épargné. Ami ou pas ami. Elle aurait pu taper comme un poulet mais ça aurait été moins convainquant. Minable, même. Et puis, c’était un homme, non ? Il n’allait pas se mettre à geindre parce qu’une petite blonde de troisième l’avait frappé et humilié dans la chambre de quatre gamines. En parlant de gamines, elle les vit ouvrir la porte. Finalement, la tentation aura été plus grande qu’elles. Ema entrouvrit un œil. Elle ne les voyait pas distinctement mais elle savait qu’elles étaient là. Qu’elles piaffaient de joie à l’idée de savoir que la love story de Roméo et Juliette, ce n’était pas fini. Qu’elles étaient comblées de bonheur à la vue d’un couple qui s’embrasse.

Mais c’était bizarre d’embrasser Hyuga. Dérangeant, non. Désagréable, non plus. Bizarre, c’est tout. C’était la deuxième fois, sur cette nuit et même sur toute leur relation, qu’elle l’embrassait. Qu’elle l’embrassait volontairement. Une récompense et une manœuvre de secours. Qu’il n’aille pas penser qu’elle en profite. En un autre moment, oui, elle en aurait peut-être profité. Peut-être. Mais là, avec des curieuses, dans un couloir vide et dangereux, en pleine nuit, c’était… Déstabilisant. Comme les doigts d’Hyuga parcourant ses hanches. Ils s’immobilisèrent. Elle fut rapprochée avec force contre lui. Lui aussi, au fond, il en profitait pas mal. Saligaud.

Le bruit de la porte qui se ferme. Ema se mit à décompresser. Elles étaient parties. Parties ! C’en était fini d’elles, de leurs sourires naïfs et rêveurs, de leurs « pourquoi » à la con. Un goût métallique envahit ses lèvres d’Ema au moment où Hyuga rompit le baiser. C’est qu’ils avaient tenu sacrément longtemps. Il avait bien fait d’arrêter. Et de ne pas y prendre goût. On ne sait jamais où ce genre de malentendus peut finir. L’effet papillon. Petite chose, grande conséquence. Elle passa sa langue sur ses lèvres, forcée de constater qu’il y avait de sang. Il avait saigné sur ses lèvres ! Sur ses lèvres. Sur… Lèvres. Bouffée de chaleur. Ema était certaine qu’elle était rouge. Comme si elle venait de comprendre ce qu’elle avait fait. Allons. Calme-toi. Ce n’était que pour te sauver. Te sauver toi et lui. Rien de plus. Ab-so-lu-ment rien. Elle sourit timidement face à la grimace qu’il lui faisait et suivit le tracé de son doigt sur ses lèvres.

« Mince. Ca s’est ouvert. »
« Ouais. Tu saignes, même. »

Elle lui sourit une nouvelle fois dans la pénombre du couloir désert et le regarda s’étirer. Il devait avoir mal, quand même. Elle aussi. Elle sentait le sang dans sa tête, elle l’entendait se cogner et rebondir contre les parois de son crâne. Elle espérait de pas avoir de bleus demain. Ce serait vraiment débile. Ema fronça les sourcils en apprenant qu’elle lui devait des excuses. Mon cul, ouais, qu’elle lui devait des excuses pour les coups donnés ! Il lui avait réclamé les coups, elle les lui avait fournis. Elle ne lui devait rien du tout. Lui, par contre, il lui en devait. Pour l’avoir poussée dans la piscine, dans la boue, dans les flaques. Pour l’avoir fait pleurer. Pour l’avoir fait se transformer et perdre ses vêtements. Elle avait tout un tas de bonnes raisons pour lui demander des excuses. Il les lui devait bien. Et puis, elle n’en avait rien à foutre des filles qu’il draguait. Rien à battre des filles qu’il touchait. Rien à cirer des filles avec lesquelles il couchait. Il faisait ce qu’il voulait. Il était libre. Libre ! Elle, elle n’était absolument pas jalouse. Bon, un peu quand même. Juste parce qu’elle, on ne la draguait pas. Mais elle ne l’était pas au point de le passer à tabas. Ema n’était pas une barbare. Elle s’éclaircit la voix.

« So. On fait quoi ? Avant qu’elles ne reviennent et que je… Que nous… »

Déglutition pénible. Emballement de cœur.

« Que je ne doive à nouveau t’embrasser. Pour nous sauver. »

Dans ce genre de moment, Ema avait peur des dictons et phrases célèbres. Comme on dit chez nous : jamais deux sans trois.

No stress. ♥
Everything will go well.

« So. On fait quoi ? Avant qu’elles ne reviennent et que je… Que nous… Que je ne doive à nouveau t’embrasser. Pour nous sauver. »

Hyuga eu un petit coup dans le cœur en entendant cela. Ema était vraiment trop adorable, trop mignonne, trop.. innocente. Il lui souria tout bêtement, en soupirant, et lui ébouriffa ses longs cheveux blonds, qui étaient déjà dans un bien sale état. Quelle nuit d'enfer, il arrivait à peine à se rappeler de ce qu'ils avaient fait, c'était comme s'ils revenaient tout les deux d'une soirée bien arrosée avec la musique qui explose les oreilles, et la tête qui tourne au point de nous faire tomber par terre. Ils étaient un peu dans cet état là, complétement amochés, complétement pétés, et avec aucun gramme d'alcool dans le sang. Mais ils s'en fichaient. Parce que oui, avec Ema, Hyuga sait qu'ils feront les pires conneries au monde, en ressortant indemnes. Bon d'accord, un peu défoncés, mais toujours en vie. Alors, il leva son bras à leur amitié, et siffla en silence, comme un idiot. Il ne savait pas trop quoi dire d'autre. En fait, sa mâchoire était tellement détraquée, qu'il n'arrivait presque plus à parler. Alors en plus de sa lèvre ouverte.. Disons que ce long baiser lui avait fait oublier la douleur.

« Haan. J'ai mal .. J'ai mal partout Emaa ! .. »

Il s'effondra sur elle, comme si elle allait réussir à le porter à la force de ses petits bras, et commença à se lamenter en l'emmenant un peu plus loin. Mieux valait-il ne pas trop rester là, à moins d'être suicidaire ou masochiste. C'est donc tout tristounet, qu'il disait qu'il souffrait à sa jambe, puis à son genoux, puis à son bras, puis au poignet, puis à tout ce que tu veux et même à ce qu'il y'a entre les jambes tien. Bref, il devait se reposer un peu avant de reprendre la route. Reprendre la route? A une heure pareil du soi..du matin? Faut croire que oui, Hyuga est pas prêt de lâcher l'affaire. Quoique.. Allez, pour Ema, ils allaient se coucher. Parce que la pauvre risque encore de s'en prendre plein la figure si elle reste avec lui. Cet idiot est capable de refaire encore une connerie et l'amener avec lui. Mais cet idiot à un coeur, alors il va pour une fois laisser son amie tranquille ♥ Elle va pouvoir dormir enfin, tranquillement, dans son petit lit douillet. Et le week end, il l’emmènera en ville lui racheter des vêtements, et puis une glace, et puis ils boufferont dans un fastfood.. Et puis, ils referont les cons. Forcément. C'est obligé.

« BON. ALLEZ. ON VA SE CHERCHER DE QUOI NOUS RÉCHAUFFER, ET ON VA DORMIR A LA BELLE ÉTOILE ! »

Oh non. Pas ça, Hyuga.. Non.
Et le voilà qui se mit à courir à l'étage du dessus, en prenant avec lui la pauvre jeune fille innocente qu'est Ema. Il était content, il n'était pas discret, et il s'arrêta finalement au troisième étage, soit le tout dernier. Ils avaient montés à vivre allure, et Hyu' avait presque envie de s'effondrer par terre tellement il était crevé. Mais il n'allait certainement pas s'arrêter là.. Non, bien sûr que non. Le voilà qui rentra dans le dortoir C, et ouvrit la porte d'une chambre. BOUM, BAM, BOUM. Un gros bordel se fit entendre, le voit qui était entré et avait prit avec lui deux couvertures bien chaudes, les transportant dans ses deux bras, tout souriant et sautillant comme un petit gamin de 8 ans, se sauvant d'une grosse bêtise. Il frôla le bras d'Ema, lui faisant comprendre qu'il fallait qu'elle se sauve elle aussi, plutôt discrètement si possible, en le suivant. Pour aller où ? Sur le toit pardi ! Il n'y'a rien de mieux que le toit pour dormir calmement à la belle étoile. Rien que tout les deux.. à l’abri des regards. Sauf de celui des oiseaux, mais on s'en fout. C'est donc en arrivant au dessus qu'il jeta vite les couvertures au sol, et referma la porte derrière lui en retenant la bande de dernières années qui les avaient suivis. Oui, oui oui. Attendre, exactement. Et éviter qu'ils ne réussissent à ouvrir pour aller leur casser la figure. Hyu' ne semblait pas si inquiet que ça. Au contraire, il regardait en rigolant dans la direction de son ami, adossé à la porte. Dit donc, il est devenu vachement fort depuis quelque temps.. Ils doivent bien être trois ou quatre derrière à pousser..

« Bon. En attendant qu'ils finissent par se fatiguer, est-ce que tu peux voir si on peut poser ces couettes à un endroit assez.. caché. Mieux vaut-il qu'on ne nous voit pas, s'ils reviennent.. »

Oui, ça va. ça va être une très belle nuit, et ils vont vachement réussir à dormir ~
Quelle idée aussi de piquer les couvertures des autres, des dernières années en plus, et les empêcher de les reprendres? .. Ah. Ils s'énervent de plus en plus, ça se sent !

« J'éspère pour moi qu'il y'en a pas un qui passe à travers les murs ou un autre qu'à une force surhumaine, parce que là je suis fichu ! .. ON est fichu ! Ahahah ! »

Oh putain, quel con.

Ema ferma un œil lorsque la main d’Hyuga s’abattit sur sa tête. De toute façon, même sans avoir vu l’état de ses cheveux, elle savait que ça ne devait pas être joli à voir. Alors qu’il les ébouriffe ou qu’il ne les ébouriffe pas, ça revenait au pareil au même. Ah, quelle crasse ! La piscine, la boue, l’herbe, le vent. Comment allait-elle pouvoir récupérer des cheveux propres et brillants de santé ? Elle allait certainement devoir trouver une sorcière dans le pensionnat. Ou une bimbo. Mais merde quoi ! Ses cheveux, ses si beaux cheveux ! C’était un carnage. En fait, elle ne voulait même pas voir l’état de sa gueule. Ca devait être atroce. Son maquillage devait avoir coulé et laissé des sillages noirs partout sur sa figure. Elle devait certainement avoir de la boue partout sur la face, aussi. Ah, quelle horreur ! Heureusement que personne ne l’avait vu. Sale, à moitié habillée, pour ne pas dire à moitié nue, et épuisée par la cavalcade menée au travers du parc. Ca faisait combien de temps qu’ils courraient ainsi ? Certainement plus d’une heure. Trois heures ? Merde, il était quelle heure, déjà ? A vrai dire, elle n’en savait rien.

Et puis, il s’écrasa sur elle. Tel un poids lourd. Et Ema, crevée, épuisée, somnolente, eut du mal à le soutenir. Elle tenta de le trainer lamentablement, munie de sa force légendaire de poulet. Est-ce que c’était possible d’être aussi fatiguée qu’elle ne l’était ? Elle était presque sûre que ses jambes allaient se dérober sous elle si elle ne s’asseyait pas dans les trente secondes à venir. Et encore, trente secondes, c’était beaucoup. Mais Ema, courage, guidée par les lamentations d’Hyuga et par le fait qu’il y avait quatre filles émoustillées à la vue d’une scène de couple bizarre et absolument fictive étaient en train de piaffer derrière la porte de leur chambre. Et que bon, ce n’est pas qu’elle n’avait pas l’intention de rester plantée là comme une godiche dans le couloir, mis c’est tout comme. Elle manqua plus d’une fois de lui proposer d’aller dormir. Mais merde ! Une nuit avec Hyuga, les étoiles, la nuit, les gens qui dorment. Mais non, pas pour ça. Juste que c’est marrant, de se retrouver tous les deux pour rire. En tout cas, il allait les lui repayer, ses fringues. Et le cinéma aussi. Et si on allait do-

« BON. ALLEZ. ON VA SE CHERCHER DE QUOI NOUS RÉCHAUFFER, ET ON VA DORMIR A LA BELLE ÉTOILE ! »

D’accord. D’accord, d’accord, d’accord. Il y a cours, demain ? Cours ? Qu’est-ce que c’est ? Et si on faisait la sieste, au lieu ? Elle devrait peut-être demander ça à ses professeurs. Qui sait ? Peut-être que l’autre emmerdeur de Tsukiyo dirait oui. Avec les autres, elle n’espérait quand même pas de trop. Au pire, elle mettrait juste sa frange devant ses yeux en faisant semblant de regarder son manuel ou son banc ou sa feuille ou… Son vernis ? Oui, pourquoi pas son vernis. Elle n’avait pas mis de vernis. Et demain, elle serait encore trop à la bourre pour en mettre. Elle ferait semblant. C’est marrant de faire semblant. Et Hyuga, il… Putain. Il est passé où, ce con ? Et elle, elle était où ? Elle avait eu un blanc monumental dans sa tête, là. Et on était… Au troisième étage. Au troisième étage. Troisième étage. Mais comment était-elle montée jusque là ? En attendant, elle avait paumé Hyuga. Ah non. Il est là, devant la porte d’un dortoir. Mais qu’est-ce qu’il fout ce con ? Il entre dans la chambre. Ema passa le bout de son nez par la porte, juste le temps de voir qu’Hyuga volait des couvertures à de pauvres adolescents de dix-neuf ans profondément endormis. Tellement profond, leur sommeil, qu’ils se sont réveillés presque aussitôt leurs couvertures arrachées. Les pauvres. Ema, elle aurait tué quiconque lui aurait fait le coup. Un mouvement sur son bras. Partir. D’accord, message reçu. Elle suivit Hyuga un moment jusqu’à comprendre qu’ils ressortaient. Mais pas par où ils étaient rentrés. Plus haut. Encore plus haut. Le toit. D’accord. Ca allait décoiffer. Les couvertures atteignirent le sol et Hyuga plaqua la porte derrière lui. Ca, qui fait le malin tombe dans le ravin. Maintenant, tu te démerdes pour la porte. Et moi, je t’écoute comme une brave et je vais me planquer dans un coin, parce qu’un chat, ça reste hors conflit. Et j’emporte les couvertures avec moi. Au revoir !

« … D’accord. Courage avec cette porte, mon bichon ! »

C’est ça, Ema. Pars ! Fuis, lâchement, laissant ton pauvre ami aux griffes de ces grands ! Remarque, il aurait fait pareil. Parce qu’il courrait, quand l’alarme a retenti, plus tôt dans la soirée ! Le salaud. Et puis, ce n’était pas avec sa force surhumaine de poulet qu’elle allait retenir la porte. Ema s’enroula dans une couverture, embarquant la deuxième avec elle.

« J'espère pour moi qu'il y'en a pas un qui passe à travers les murs ou un autre qu'à une force surhumaine, parce que là je suis fichu ! .. ON est fichu ! Ahahah ! »

Il plaisante là ? Ema fit volte-face et observa son ami qui tentait de retenir la porte.

« Oh non, dude. TU es fichu ! Moi, on ne m’a pas vu. Non mais ho. »

Comme si elle allait se faire tabasser à sa place. Au pire, elle utiliserait ses dents. Et ses griffes.
Ou même son charme légendaire.
Elle s’assit dans un coin, cachée par l’ombre et par la couleur sombre de la couverture. Et elle attendit que les gens se lassent, derrière la porte.

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