Une vive douleur. Oui, c'était tout ce dont Takeo avait souvenir de ce combat qu'il avait eu avec Reiji. Dans son petit coma, il en revit alors quelques images. Il voyait cet inconnu, il voyait Reiji... Il voyait alors son poing d'écraser sur le torse de l'inconnu comme s'il avait frappé un mur de béton. Puis, le noir.

Le retour à la réalité fut légèrement brutal. Takeo se réveilla alors d'un coup, ouvra les yeux soudainement avant de devoir les refermer aussitôt, aveuglé par la lumière de l'infirmerie. Il toussa d'abord légèrement avant de laisser un long râle de douleur s'échapper de ses lèvres. Il releva alors tout de suite sa main vers lui, voyant alors un bandage l'entourant et tenta alors d'écarter la main... mais rien à faire. Son visage se crispa alors par la douleur et il sentit quelques choses le tirer sur le coin de la bouche. Ramenant alors sa main gauche pour tâter cela, il sentit rapidement que c'était un sparadrap... Il souffla alors légèrement, reprenant ses esprits au possible jusqu'à entendre une voix. Elle était d'abord inconnu, puis lui rappela quelques choses, enfin, quelqu'un. Oui, c'était la voix de ce type dans la rue. La voix du type sur qui sa main s'était écrasé, ça lui revenait. Takeo tourna alors la tête vers l'inconnu écoutant ce qu'il avait à lui dire. C'était finalement assez simple, il désirait simplement savoir ce qui se passait et pourquoi il s'était relevé.

Takeo tourna alors la tête, exposant alors encore un regard rempli de haine et de mépris et resta un court instant silencieux. A cet instant, sentant l'état de son visage, voyant l'état de sa main... Il en voulait simplement au monde entier. Il hésita quelques secondes à disparaître en un instant de la pièce, mais se ravisa, sentant son corps encore bien frêle. Il regarda alors rapidement la pièce pour remarquer que l'infirmière n'était pas là. Finalement, il était bien forcé de répondre, ne pouvant décemment pas laisser un vent pareil à l'inconnu.

- Je sais pas qui vous êtes. Vous devez certainement être nouveau mais vous me paraissez bien âgé pour être un élève... Un surveillant c'est ça ? C'est agréable de casser la main des élèves ?

Le ton était froid, sec. On sentait clairement que Takeo était furieux envers l'homme. S'il était vraiment un surveillant, cette façon d'agir était encore plus ignoble aux yeux de Takeo... mais qu'importe. Malgré sa colère et son dégoût, le jeune homme savait que le seul responsable de tout cela était lui, et lui seul. S'il avait écouté cet homme, il n'en serait sans doute pas là... Takeo n'aimait pas se tromper, n'aimait pas faire d'erreur... Il agissait alors comme un gamin puni, mettant la faute sur les autres, tout simplement. Il faut aussi dire que son égo en avait pris pour son grade. Si Reiji lui avait collé une taulée pas possible, maintenant c'était le surveillant qui lui faisait la leçon... A vrai dire, pouvait-il tomber plus bas ? Mouais. Après un bref instant, il reprit alors là parole, avec un ton plus calme.

- M'enfin, c'est pas votre faute. Je suis simplement en colère. Ce qui s'est passé ? Simplement deux personnes qui ne s'entendent pas et qu'on enferme dans la même pièce. Et pourquoi je suis allé si loin ? J'étais déjà si bas de toute façon, j'avais plus rien à perdre...

Suite à cela, il baissa alors le regard, serrant les poings de colère... Qu'allait répondre le surveillant ?

Le retour à la réalité avait été assez difficile pour notre jeune héros. Sortit avec torpeur de son "coma", il s'était alors retrouvé dans l'infirmerie, la lèvre sparadré et la main emballée dans un chouette bandage. Le tout, soupconné évidemment d'une douleur atroce de part et d'autre de son corps. Il reprit néanmoins vite ses esprits et resitua la situation bien rapidement. La bagarre, le surveillant... bref, tout lui était revenu. Tout, y compris cette amertume qu'il avait face à l'homme qui se tenait devant lui. Emporté une nouvelle par sa colère, Takeo cracha un peu de son venin sur le nouveau surveillant, l'accusant alors de lui avoir briser la main. Cependant, remettant clairement son acte dans sa situation initiale, il se permit quand même de corriger son discours, sachant au fond de lui que l'unique responsable de son état était lui, et personne d'autre.

L'inconnu pris alors enfin la parole, brisant le monologue entamé par le jeune étudiant. C'était donc bel et bien le nouveau surveillant de l'école. En l'observant, Takeo pu remarqué qu'il avait l'air bien calme en apparence, mais son corps musclé laissait imaginer qu'avec lui, on ne rigolait pas lorsque l'on faisait une connerie. Valait mieux avoir ce surveillant de notre côté. Une informaiton échappa alors des lèvres du surveillant et interpella tout spécialement l'esprit curieux du jeune homme. Oui, l'inconnu expliqua l'état de la main de Takeo par un choc "normal" sur son corps. De toute évidence, cet homme devait avoir un pouvoir lié à son corps. Le rendre dur comme de la pierre peut-être ? C'était probablement quelques choses s'apparentant à cela. Une sorte d'armure ? Hm... Il valait mieux garder la curiosité de côté pour le moment. Un silence s'installa alors entre les deux hommes. Takeo avait fuis le regard du moralisateur, n'osant pas assumer ses actes plus que cela. Une infirmière arriva alors un dossier à la main. Elle le tendit à l'homme qui sembla se réjouir de ce qu'il lisait avant qu'il ne reprenne alors un nouveau discours.

De toute évidence, le surveillant semblait porter une certaine attention à Takeo. Toutefois, le discours employé restait assez vague aux yeux de notre jeune héros. Il avait du potentiel... mais du potentiel pour ? Pour se battre ? A voir non. Cependant, une phrase interpella quand même l'esprit de Takeo. "Qu'on te foute la paix". Oui, ça c'était tout ce que Takeo voulait finalement. C'est donc avec curiosité qu'il regarda le surveillant. Cela voulait-il dire qu'il allait lui apprendre à se battre ? Hmmm... Depuis quand les surveillants apprennent-ils cela aux élèves ? Bon, vous me direz, depuis quand les surveillants leur brise les mains aussi ? Bref. Takeo ne répondit alors pas directement à cela, quittant une nouvelle fois le surveillant du regard pour se plonger dans ses pensées. Le surveillant entama alors un troisième et dernier discours, concluant alors sur les soins de l'étudiant et son repas. Suite à cela, il demanda alors à Takeo si autre chose lui venait à l'esprit... Ce dernier réfléchit alors avant d'être interrompu, de nouveau, par l'infirmière lui amena alors un petit plateau repas qu'elle déposa sur le plateau au-dessus du lit.

Takeo ouvrit alors la coupole pour y découvrir un plat de riz et de poulet. Il remercia alors discrètement l'infirmière et saisit d'une main trembante la fourchette. Avec une légère difficulté, il prit du riz et l'amena vers sa bouche. Il faut dire que le jeune homme n'était pas gaucher et que se servir de cette main n'était pas forcément des plus évidentes, surtout lorsqu'on a mal partout... Puis, il brisa alors enfin son silence de mort, prenant la parole d'un air assez triste... sa voix était alors monotone et pas très forte.

- Pourquoi vous m'accordez tant d'intérêt ? Au fond... Je suis qu'un élève qui s'est fait correctionné et voilà... Vous vous en voulez de m'avoir involontairement cassée la main ? Y a pas de quoi...

Il laissa ensuite s'échapper un léger soupire d'exaspération... Y a pas à dire, il lui en voulait quand même un peu pour l'incident, même s'il était responsable aussi. Mais bon. Prenant une nouvelle fournée de riz, le jeune homme réfléchis alors à la proposer du surveillant... Takeo n'aimait pas se battre, c'était une évidence. Et s'il s'était déjà battu à de nombreuses reprises dans les rues, il avait toujours eu l'avantage de pouvoir se téléporter chose que le commun humain ne pouvait faire. Toutefois, face à quelqu'un de son gabarit, entendez par là avec la capacité de riposter avec un pouvoir, les choses avaient été toutes autres. Takeo devait apprendre à se contrôler et à être moins impulsif... c'était une évidence. Si le surveillant pouvait l'aider ne serais-ce qu'à ça, sans forcément lui apprendre à se battre, c'était une proposition à ne pas refuser.

- Vous voulez que je vous montre que j'en veux de quoi ? Que j'en veux de plus me faire tabasser bêtement ? Je pense que la réponse est assez clair... Je ne me serai pas relevé dans la ruelle... et j'aurai encore moins essayé de le frapper encore...

Après quoi, il lança doucement sa fourchette dans l'assiette avant de repousser la plaquette sur quoi le plateau était... Décidement, la pilule avait vraiment du mal a passer...