Halloween… Dao n'avait jamais trop compris l'intérêt de cette fête, c'est vrai quoi, noël, ok, c'est pour le petit Jésus, la saint Valentin, c'est pour les amoureux, il l'a jamais fêté d'ailleurs… La fête des mères, bah… Mais là, concrètement, ils faisaient ça pour qui ? Et puis c'était quoi cette idée de se faire peur ? Bon, Dao ne jouait pas les rabat-joie non plus, mais il ne faisait jamais rien de spécial pour ce jour-là, de toute façon il ne se souvenait de cette fête que quand sa tante débarquait chez lui, avec ses gamins couvert de maquillage et son éternelle soupe de potiron.
Cette année ne dérogea pas à la règle, ce n'est qu'en voyant la soupe et les décors à la cantine qu'il se dit :

*Tiens, c'est halloween. Ah, je crois que j'ai laissé la lumière de ma chambre allumée. Mince…*

Et c'est avec un je-m'en-foutisme total qu'il avala son repas

…

Ow… Dao ouvrit un œil, vit le monde tanguer et le referma en grimaçant, qu'est-ce qui s'était passé ? Tout ce qu'il savait c'était qu'il était allongé contre un truc mou et chaud et que quelque chose enserrait son poignet, son premier réflexe fut donc d'utiliser son pouvoir pour se dégager… Et ça ne marcha pas…
Il tira.
Deux fois.
Trois fois.
Il se redressa d'un coup, encore dans les vapes, et se cogna la tête contre le coin de la chaise, décidément, il allait s'en souvenir de cet halloween. Après avoir copieusement insulté le meuble, il le repoussa et analysa la situation. Donc, son poignet était coincé par des menottes… en adamantium ? Non , sans rire, c'était la première fois qu'un matériau lui résistait, apparemment il ne pouvait pas traverser certains métaux, il allait devoir enquêter là-dessus. Mais pour l'instant il avait un autre problème, un gros problème, de 70 kilos, à vu de nez, accroché au bout de son bras.
Le truc chaud était en fait un garçon, endormi tout comme lui il y a quelques minutes et ils étaient relié ensemble par les fameuses menottes anti-intangible, pas besoin d'avoir bac+ pour comprendre qu'ils avaient été piégé, c'était quoi ? Un bizutage ?
Dao se pencha sur le garçon, il était aussi blond que grand et avait un visage féminin, tout en finesse, c'est sans doute ce qui lui évita de se prendre une grosse mandale, ou d'être secoué dans tous les sens. Au lieu de ça Dao se pencha au dessus de lui et tapota doucement sa joue.

- Hey oh… Hey. Mec ? Hey, mec !

Il ne recula que quand celui-ci commença à émerger.

- Coucou. Moi c'est Dao, je crois qu'on va devoir faire un bout de chemin ensemble.

Il le laissa se rendre compte tout seul de la situation et observa un peu les lieux, la salle d'informatique, il y était déjà passé plusieurs fois pour jouer au démineur pendant ses pauses. Apparemment personne ne s'était fatiguer à décorer cette pièce, son regard retomba sur le garçon.

- Tu diras à tes potes qu'ils font vraiment des blagues pourries… Ça va ? Tu peux te lever ?

Alors qu'Edwin rêvait de pâtisserie vanille fraise, qu'il dévorait avec passion dans un jardin fleurit, pleins de roses, d'iris et de pensées sauvages, un ours vint l'attaquait, le griffant de ses grosses pattes velues. Alors que notre joli blondinet se réveillait tout en criant - enfin, plutôt du genre murmure de pauvre minette effrayée - il se retrouva en face d'un visage bronzé, avec de grands yeux noirs. Ses cheveux étaient aussi foncés que les siens étaient clairs. En fait, au premier coup d’œil, il se dit qu'ils n'avaient aucun points communs, et même au contraire, était tout deux contraire. Sauf peut être au niveau de la musculature. Comme Edwin, Dao n'était pas bien épais. Et il n'avait pas l'air effrayant. Ce ne devait donc pas être lui qui était l'auteur du grabuge de son rêve. Saleté d'ours.

Alors qu'Edwin reprenait pied avec une certaine réalité, qui n'était pas celle de tout le monde, il s'assit, afin de pouvoir comprendre tout ce qui se déroulait sous ses yeux. Tout d'abord, il s'aperçut qu'il n'était ni dans un jardin fleurie, ni dans son lit. C'est vrai que Dao n'avait jamais été son compagnon de chambre, mais sait-on jamais, qu'un de ses camarades l'ai invité. Par la suite, il découvrit qu'il était dans une salle informatique, lieu où il n'avait jamais posé les pieds. Les ordinateurs qui y était entreposées lui avait donné cette certitude. La prochaine information fut les menottes à son poignet. Ce n'était pas très confortable, comme truc.

M'enfin, ça lui permettait de se faire un nouvel ami, hein. Parce que du coup, il faisait équipe avec un gars totalement inconnu qui avait l'air trop cool de la mort qui tue. Peut être qu'il aimait les gâteaux. Et qu'il chassait les ours. Alors là, ce serait juste trop génial. Enfin bon... Jusque là rien d'anormal. Le cerveau d'Edwin commença alors à se mettre en marche. Rien d'anormal ? Mais que faisait-il dans un lieu comme celui-ci, arnaché à un gars inconnu ? C'était quoi, le problème de son rêve ? Ou de la réalité ?

"Sauf que j'ai pas d'amis qui ferait un truc comme ça... C'est toutes des filles, pour ainsi dire, alors... Aaaah, et je m'appelle Edwin."

Il lui fit donc un grand sourire du genre pub pour dentifrice, avant de se rendre compte que ce n'était pas normal qu'il soit aussi calme. C'est vrai quoi, c'était n'importe quoi ce truc, il n'était pas normal de se retrouver dans ce genre de situation. Pas normal du tout ! Du coup, Edwin prit le temps de prendre un air effrayé, avant d'avoir les larmes aux yeux, et de finir par regarder tout autour de lui, comme un pauvre animal apeuré.

"D'ailleurs, si ce n'est ni une blague de mes amis, ni des tiens, que se passe t-il ? J'ai jamais rien fait de mal moi ! D'accord, c'est moi qui ai cassé les robinets dans les toilettes la dernière fois, mais c'était avec Aya. Et puis, j'ai tout réparé. Avec des fleurs et tout ! J'ai riiiiien fait moi ! Pourquoi j'ai des menottes ! Poooourquoi ?!"

Après avoir crisé un moment, Edwin reprit son souffle, tout rouge. Il regarda un instant ses menottes, puis repensa à ses gâteaux et à l'ours. Il reprit donc son investigation du regard des lieux, avant de se tourner vers Dao, de le regarder très sérieusement, et de lui parler à vois basse.

"Tu n'aurais pas vu un ours ? Il a mangé mes gâteaux et il court en liberté en ce moment. Il est super dangereux."

Rien de mieux pour instaurer un brin de confiance mutuel entre lui et son partenaire. Rien de mieux aussi pour paraître sain d'esprit, accueillant et brillant d'intelligence. Très content de lui, Edwin reprit donc une respiration régulière, et se calma doucement. Après tout, il n'y avait pas de raison de paniquer. S'il y avait un problème, il n'aurait qu'à dire qu'il était innocent. Ou alors on viendrait le sauver. C'était toujours comme ça dans les films. Et puis, il était immortel. Il ne pouvait pas mourir. C'est Aya qui lui avait promis. En plus, il était dans le pensionnat. Pas possible qu'il lui arrive un truc alors que les professeurs étaient là pour l'aider. Et il n'était pas seul. Dao était avec lui. Et il avait l'air super cool, comme garçon !

Le garçon se réveilla en poussant un cri de jouvencelle apeurée qui surprit un peu Dao, c'était lui qui lui faisait cet effet-là ? Il était même pas déguisé.

- Que des filles ? Moi je connais pas grand monde encore. Je sais pas comment on est arrivé là, alors.

Oui, parce que c'est bien connu, les filles, c'est doux, gentil et innocent, et puis une fille peut pas faire de mal à un garçon, alors à deux… Bon, si ce n'est pas ça, qu'est-ce qui se passe ? Ils auraient été choisit au hasard par quelqu'un qu'ils ne connaissent même pas ?

"D'ailleurs, si ce n'est ni une blague de mes amis, ni des tiens, que se passe t-il ? J'ai jamais rien fait de mal moi ! D'accord, c'est moi qui ai cassé les robinets dans les toilettes la dernière fois, mais c'était avec Aya. Et puis, j'ai tout réparé. Avec des fleurs et tout ! J'ai riiiiien fait moi ! Pourquoi j'ai des menottes ! Poooourquoi ?!"

Dao tourna lentement la tête vers lui, sourcils froncés, il le regarda délirer tout seul, est-ce que les médicaments lui font encore de l'effet ou il est toujours à l'ouest comme ça ? Il soupira.

- Arrêtes de dire n'importe quoi, tu m'empêche de réfléchir. Et puis comment on peut casser des robinets ? Tu pourrais pas les casser, ces menottes, qu'on en finisse ? Heu… Non, en fait, ne fais rien. Surtout ne fais rien.

Il avait presque oublié qu'elles étaient en adamantium, les menottes, manquerait plus qu'Edwin se blesse, il serait dans de beaux draps. Et voilà que l'autre lui parlait d'ours et de gâteaux, difficile d'être rationnel avec quelqu'un comme ça qui piaille sans arrêt.

- Un ours ? Un pedobear plutôt, non ? Peut-être qu'il nous a mit là et qu'il attend qu'on fasse des cochonneries en nous matant avec une des webcams.

… Ou comment se faire flipper tout seul, surtout qu'en regardant mieux Dao vit que l'ordi le plus proche d'eux était allumé, une webcam était peut-être en train de tourner et l'autre garçon avait peut-être été drogué avec un espèce de viagra, ça expliquerait pourquoi il voit des ours.
Non, non, gardons les pieds sur terre… Dao se leva et ramassa la chaise qu'il avait envoyer valser plus tôt pour la mettre devant l'ordi et se poser dessus un peu comme l'aurait fait ce gentil monsieur.

Spoiler:

Il espéra qu'Edwin allait suivre le mouvement, parce que là il se retrouvait avec le bras complètement tiré en arrière dans une position pas du tout confortable.

- Et au cas ou tu te serais posé la question, les garçons ne m’intéressent pas, alors si t'as une soudaine envie de tripoter quelqu'un, caresse la moquette, tu seras gentil.

Ouf, pas de webcam d'allumée dans l'ordi, juste un fichier mp3 bien mit en évidence au milieu du bureau, il cliqua dessus et écouta le son, puis le relança de suite après histoire de pas louper de détails. Il se tourna ensuite vers son camarade d'infortune imposé.

- On dirait que c'est une cantine, non ? Faut aller voir ce qui nous attend là-bas.

Il regarda autour avec attention, au cas où un autre indice traînerait dans le coin, mais il ne remarqua rien de spécial, et se leva donc, près à partir.

Lui ? Dire n'importe quoi ? Mais c'est pas possible ! Il ne racontais JAMAIS n'importe quoi ! Et puis quoi encore ! Il allait lui dire que l'ours n'était pas un ours et qu'il voulait le violer ! Nan mais alors ça, c'était pas permis. Lui dire qu'il racontais n'importe quoi. C'était tout bonnement inexcusable. Tiens, d'ailleurs, il le boudait. Voilà. Les bras croisés contre lui, la mine boudeuse, et puis tant pis si ça faisait mal à sa main.

Deux secondes plus tard, Edwin se frottait la main tout en murmurant des paroles incompréhensible. Puis, il haussa les épaules. Bien sûr que c'était possible de casser un robinet, tiens. Même un jour, avec Aya, ils avaient fait sauter une fontaine. C'était super drôle. Sauf qu'ils avaient dû fuir, parce qu’apparemment, ce n'était pas permis. Il se rappelait même avoir été engueulé par il ne savait qui. Sa mémoire était un peu défaillante. Surtout si ce n'était pas un souvenir positif. Hilarant.

"Mais nan, c'est pas possible. Les gens comme ça, ça n'existe pas."

Bonjour et bienvenue dans le monde un peu trop rose d'Edwin Stephen. Dans ce monde tout le monde est gentil, beau, resplendissant, agréable, voulant aider tout le monde. Un monde idyllique, utopique et tout le tralala. Les poneys volent, les gâteaux se font tout seuls, les arbres font du chocolat, les ours font la vaisselle et les lutins offrent des bonbons. Que de choses merveilleuses. Le bonheur, pour Edwin. Bon, okay, il n'y croyait pas tout à fait non plus, aux trucs comme ça. Il savait bien que c'était impossible, mais il rêvait parfois d'un monde dans le genre, histoire d'être encore plus heureux deux secondes.

"C'est quoi, tripoter ?"

Ah, et dans le monde d'Edwin, les relations filles/garçons, filles/filles et garçons/garçons se stoppent à la relation amicale. C'est à dire qu'il n'a aucune véritable idée de comment il a fait pour naître, et qu'il est plus qu'idiot. Selon lui, il pouvait très bien embrasser sa maman sur la bouche, parce qu'il l'aimait beaucoup. Alors pour les autres aussi, pas de soucis. Du moment qu'il aime la personne, y a pas de raison de s'arrêter à un câlin, non mais. Quoi qu'il avait l'impression qu'ici, les gens avaient un peu de mal avec les rapports physiques. Enfin, c'était pour dire qu'Edwin, le mot tripoter, là, n'avait aucun sens. C'est vrai quoi, qui avait envie de malaxer Dao ? Il allait pas faire une pâte à tarte le garçon.

Et puis, Dao décida de tout prendre en main, et il se retrouva assis sur une chaise, bizarrement, et Edwin dû se rapprocher afin qu'aucun des deux ne soit blesser par les menottes. Il écouta comme lui l'enregistrement, avant de hocher la tête tranquillement. Oui, c'est vrai, c'était bruyant, et s'il y avait bien un endroit bruyant dans le pensionnat, c'était la cantine.

"Pas de soucis, mais ça va être super angoissant, il va falloir descendre tout les étages. C'est au rez de chaussée que y a le réfectoire !"

Oui, après tant d'année dans le pensionnat, Edwin commençait à connaître bien tout les étages. Il ne pouvait pas se perdre ici, et personne ne pouvait le kidnapper très longtemps. Il connaissait pas mal de recoins sympas, ou bizarre dans les locaux. Bien sûr, la salle d'informatique n'était pas vraiment son lieu favoris. Il n'y avait jamais mis les pieds. Mais il était déjà passé devant. Pleins de fois.

"C'est horrible, il fait tout noir !"

WAHOU ! Edwin, tu es trop fort ! Impressionnant !

Le monde un peu trop rose d'Edwin Stephen commençait à apparaître clairement aux yeux de Dao, et s'il avait cru en Dieu, il aurait certainement levé les yeux vers le plafond pour dire « Pitié, le Vieux, sort moi de là, je ferais tout ce que tu voudras. ». Mais Dao ne croyait que ce qu'il voyait et encore, il fallait que ça soit cohérent avec l'idée qu'il se faisait du monde - une idée un peu erroné, somme toute. Par exemple, qu'un garçon plus vieux que lui ne sache pas ce que veut dire « tripoter » était totalement impossible.
Donc Edwin n'existait pas.
… Bon, pour cette fois il devait bien admettre qu'il était réellement piégé, obligé de suivre les indices laissé par un malade mental tout en étant enchaîné à un abruti fini, mais d'habitude ça marche.
En tout cas il y avait peu de risque que ce type là puisse violer qui que ce soit, il trouverait même pas le trou, y'en a qui mérite vraiment leur blondeur.
Malgré leur totale incompatibilité, les deux garçons s'était immédiatement entendus sur leur destination, s'en était presque surprenant, mais maintenant ils devait atteindre cette destination, et ça commençait plutôt mal.

"Pas de soucis, mais ça va être super angoissant, il va falloir descendre tout les étages. C'est au rez de chaussée que y a le réfectoire !"

- Et qu'est-ce qui te fais peur ? C'est là qu'on vit 24h/24.

Dao ne connaissait sans doute pas aussi bien les lieux, mais ce n'est pas des couloirs vides qui allait le faire trembler, surtout pour aller à la cantine, endroit où il se rendait trois fois par jour. Il sortirent tous les deux dans le couloir, et c'est là qu'Edwin fit une nouvelle fois preuve d'une grande intelligence.

"C'est horrible, il fait tout noir !"

Dao poussa un nouveau soupir, et dit sur un ton exaspéré.

- Oui, Ed, ça arrive souvent quand il fait nuit, tu comprends ? Et c'est pour ça que des gens super intelligent ont inventé quelque chose de magique, une LUMIÉRE, ce que tu n'es pas.

Tout en disant ça il appuya sur l'interrupteur du couloir, puis réappuya, mais rien ne s'alluma.

- Tsss… Évidemment.

Ce n'était pas une coupure d’électricité normale puisque dans la salle d'informatique l'ordinateur tournait toujours, le détraqué n'avait visiblement pas fini de jouer avec ses nerfs. Lui avait l'habitude de se balader dans le noir, parfois même dans des endroits totalement inconnus, mais là il avait un peu peur que monsieur petits poneys fasse une crise.

- Bon allez, on y va, et si on croise un ours ou le cinglé qui nous a fait ça, j'le bute, ok ?

Il lui prit la main d'Edwin comme il l'aurait fait avec un enfant un peu débile et l’entraîna dans le couloir, la descente des escaliers fut un peu laborieuse, Dao n'arrêtait pas de s'assurer que l'autre ne loupait pas une marche, ils arrivèrent finalement au rez-de-chaussé. Plus qu'un couloir à traverser…

- Tu vois c'était pas compliqué, allez go.

Dao n'avait pas répondu à sa question. En fait, il ne semblait même pas vouloir le faire. Il avait simplement éluder la question d'Edwin en restant complétement indifférent à lui. Et ce n'était pas super sympa pour Edwin, qui se promit de lui demander plus tard. Ce qui en langage correct, voulait dire dans trois secondes, je vais t’assommer de questions. Bien sûr, c'était le genre de chose tout à fait insupportable que personne ne pouvait soutenir pendant plus de trente secondes. Alors évidement, pour le pauvre Dao qui avait déjà un peu de mal avec Edwin, cela risquai d'être assez... Comique.

Ah. C'est vrai. Il vivait ici tout le temps. Et depuis bien longtemps en ce qui concernait Edwin. Un peu plus de trois ans, s'il se souvenait bien. Sauf que le noir, c'était pas terrible, où qu'on soit. D'ailleurs, Edwin n'avait pas peur de l'inconnu. Il s'en fichait bien. C'était le noir, dans ce contexte, qui l'effrayait un peu. Parce qu'il pouvait se cogner partout, ou alors que quelqu'un pouvait lui faire peur sans raison. Dans tout les cas, ce n'était pas le fait qu'il vivent ici tout le temps depuis longtemps qui allait le rassurer. Dommage.

"Mais... Mais tu m'as pas encore dit ce que tu voulais dire par tripoter !"

J'avais prévenu... Et alors qu'il sortait dans le couloir et qu'Edwin fit preuve une nouvelle fois d'intelligence ultime. Pas qu'il soit complétement débile, hein, mais juste niais. Et c'est ainsi que Dao soupira avant de répondre très méchamment à Edwin, qui regarda avec de grands yeux Dao. Alors là ! Il voulait bien être gentil, mais c'était terrible de lui dire de but en blanc qu'il était bête. Ah bah oui, il avait beau être à côté de la plaque, il avait une certaines conscience de certaines choses. Pas sûr qu'il comprenne toujours lorsqu'on l'injurie.

"Dao, tu n'es pas gentil ! Et la lumière n'a rien de magique ! Quoi qu'il existe dans le pensionnat des gens capable de faire de l’électricité. Comme l'anguille. Et puis, t'as vu, ça marche pas ! Et tripoter, ça veut dire quoi ? Et l'ours, disparut pour de bon ?"

Non, le jeune homme n'était pas DU TOUT fatiguant. Rien qu'un peu, alors. Juste ce qu'il faut pour être Edwin, quoi. En fait, c'était déjà un exploit que Dao ne se soit pas demandé s'il devait d'abord passé par l’infirmerie. Qui était l'étage au dessus du réfectoire. Après tout, c'était en partie sur leur chemin. Mais Dao venait de prendre la main d'Edwin en lui promettant de "buter" le méchant qui leur avait fait ce coup d'ingrat. Par derrière, en plus, pendant leur sommeil. En volant des gâteaux ! Ceux d'Edwin, en plus ! En bref, c'était super sympas de sa part, quoi.

"Lui fait pas trop de mal quand même, c'est vraiment pas bien, la violence. Tandis que tripoter, ça signifie quoi ?"

Edwin, grand défenseur de ces dames, aimant les animaux et la nature, amoureux de la paix et de la liberté. Fanatique de Gandhi, Martin Luther King, et autres grandes figures prônant la liberté ou l'égalité dans une forme pacifique. Bien sûr, il n'était pas prêt à faire de grève de la faim ou de marcher des kilomètres afin de montrer sa détermination, mais il pouvait très bien se montrer plus résistant qu'il n'y paraissait aux premiers abords. Oui, je suis blond, anglais, ressemble à une fille et complétement niais mais j'en ai dans le ventre, moi aussi ! C'était un peu ridicule, parfois, mais il était mignon, alors généralement, on lui pardonnait.

"Il va encore faire noir ! Et tripoter, c'est dans le noir ?"

C'est ainsi qu'Edwin et Dao traversèrent le dernier couloir, tournèrent devant la porte du réfectoire et la poussèrent tout deux. Ils pénétrèrent ainsi dans une des salles les plus bruyantes aux heures de pointe. Dans l'instant, elle était surtout silencieuse, et plongé dans le noir. Super étrange, quoi.

{Désolée de prendre autant de temps ><}

Citation :

Lentement et avec paresse, la forme blanchâtre qui s'élevait avec nonchalance dans les airs finit par arriver à sa destination; le réfectoire. OOoh il avait fait bien des peurs bleues en cette nuit d'Halloween, & tous se figeaient à la vue de son corps transparent & d'apparence froide. Il s'était aussi amusé, lui qui passait le reste de l'année endormi au grenier, entre la poussière, araignées, bibelots anciens & autres objets laissés là à l'abandon.

Mais, revenons au présent; notre petit fantôme bien que triste & dépressif arrivait en flottant dans le réfectoire, silencieux et plongé dans les ténèbres. Il avait faim. Oui, me direz-vous, un fantôme peut avoir faim ? Et bien oui, notre ronchon & déprimant fantôme n'avait mangé d'âme que depuis très longtemps & son petit estomac gargouillait férocement contre son propriétaire. Me direz-vous, avons-nous là un fantôme méchant & cruel ? Non, bien sur que non; voyez-vous ce petit fantôme est allergique aux âmes humaines. Si il venait à toucher cette forme de nourriture, des petits boutons violets & bleus se répandraient sur toute la surface de son minuscule corps. Notre fantôme doit se rabattre sur de la nourriture humaine. Il s'avança alors dans les allées de tables & de chaises pour rejoindre les rails sur lequel les plateaux circulent à vive allures aux heures du dîner et vola au dessus pour observer les cuisines. Une légère odeur sucrée parfumait l'atmosphère. Ses grandes dents pointues toutes dehors, il fonça vers la source de l'odeur et passa au travers d'un frigidaire. Il en ressortit avec un reste de gâteau et l'avala sans laisser une miette. Il ramassa aussi les bonbons laissés par terre. Quel gâchis, les jeunes...

Un bruit l'interpella alors. La porte du réfectoire s'ouvrait, accompagnés de voix masculines. Rapidement, il se cacha sous une table. Encore une occasion de faire peur à des enfants. Un sourire machiavélique se dessina sur les lèvres qu'ils ne pouvaient clore (à cause de ses affreuses dents pointues) et sortit soudainement de la table, la gueule grande ouverte, les yeux blancs ainsi qu'une voix d'outre tombe.

« JE VAIS VOUS MANGER, MWAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAH ! »

Un vent sortit de nulle part tomba dans le réfectoire, embarquant les tables et les chaises, et il recracha le gâteau sur la face des deux ahuris. Une substance verte et visqueuse dégoulina de sa bouche, ajoutant de l'horreur à la scène déjà terrifiante. La dernière chose qu'il vit, c'était un imbécile qui courrait en hurlant, en tirant l'autre humain dans sa course effrénée , en dehors du réfectoire. Un grand sourire se dessina sur son visage. Bah oui, qui aime être dérangé quand on mange ?

Dao s'était montré plutôt silencieux pendant tout leur trajet, et ça n'avait rien d'étonnant parce qu'il utilisait toute son énergie à tenter de rester calme. Allez, on inspire, on expire, non mais c'était quoi ce mec ? Non seulement il savait pas ce que tripoter voulait dire mais en plus il lui reposait sans arrêt la question comme le faisait sa cousine de 6 ans quand il l'ignorait. Inspire, expire. Et puis pourquoi il se mettait à parler d'anguilles et d'ours, là ? Encore un autre de ses délires ? Inspire, expire. Oui, Dao n'écoutait plus les paroles du blondin que d'une oreille, d'abord parce que ça n'avait aucun intérêt et ensuite parce que sans ça il allait vraiment lui planter la tête dans le plâtre du mur. Dao n'était pourtant pas du genre violent, non d'habitude il était du genre calme, réfléchit, et d'une patience rare, mais il fallait croire que leur ravisseur avait trouvé l'une des seules personnes du pensionnat qui puisse lui faire péter un plomb en dix minutes chrono.
Heureusement pour lui, le réfectoire n'était plus très loin, bientôt il aura la clé et pourra se libérer de ce boulet international qu'on lui avait collé, lui dire bye bye et fuir vite et loin avant que ses neurones ne commencent à fondre.

"Il va encore faire noir ! Et tripoter, c'est dans le noir ?"

Dao sentit sa tension augmenter encore d'un cran.

- Tu chercheras la définition de tripoter quand on en aura fini, et celle de « lourdingue » aussi, ça doit y être. Comment on est censé trouver un clé là-dedans ?

Dao a aussi la particularité d'être têtu comme une mule quand il s'y met, et le harceler était exactement ce qu'il fallait faire pour le braquer complètement. Donc pour la définition c'était un peu foutu, et puis il y avait plus important, la clé. La pièce dans laquelle il avait manger quelques heures plus tôt paraissait radicalement différente maintenant qu'elle était vide et plongée dans le noir, et surtout elle lui paraissait immense, comment trouver la clé là-dedans ? La première chose qu'il se mit à faire fut de regarder sur les tables pour voir s'il ne voyait pas quelque chose briller.

- Bon, si tu vois la clé ou quelque chose d’intéressant tu me dis, sinon… Tu peux juste te taire, moi ça me va. Tiens, t'as quel âge, au fait ?

Il ne s'intéressait pas particulièrement à Edwin mais le blondin attisait quand même sa curiosité, il n'avait jamais croiser quelqu'un comme lui et se demandait même s'il ne faisait pas exprès de faire l'idiot pour s'amuser.
Tout à ses pensées il ne remarqua pas qu'ils n'étaient pas seuls. Et il s'attendait encore moins à voir surgir quelque chose de sous la table.

« JE VAIS VOUS MANGER, MWAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAH ! »

Une forme translucide s'éleva devant eux et leur sourit de toute ses dents avant de leur vomir dessus. Dao était tellement tétanisé qu'il n'utilisa même pas son pouvoir, cramponné à Edwin, il sentit couler sur sa joue le liquide visqueux et verdâtre, remplit de grumeaux et de pépites de chocolat. Il serait sans doute resté là si un vent soudain et violent ne s'était pas mit a tout renversé autour d'eux.

- ON SE CASSE !

Il empoigna le bras d'Edwin et le tira jusqu'à dehors, puis referma les portes derrière eux avec force.

- Je retourne pas là-dedans ! C'était quoi ça ? Et puis… arg… C'est dégueulasse.

Il s'essuya la joue d'une main, un peu comme il pu, c'est là qu'il se rendit compte qu'il tremblait de tout son corps. Il n'avait pas eu peur, non, il avait juste été un peu surprit, tout ça devait faire partie de la blague qu'on leur avait faite, ce n'était qu'une stupide blague… Il s'accrocha au bras d'Edwin à nouveau.

- Bon… On fait quoi maintenant ?

Dao n'avait plus aucunes idées d'un coup, il avait aussi perdu son ton désagréable quand il s'adressa à Edwin, sa voix étant soudain devenu celle d'un petit garçon effrayé.

Il hocha la tête consciencieusement, bien qu'il connaisse la terme de lourdingue. On lui avait déjà dit ça plusieurs fois. Des garçons antipathique. Mais ses copines lui avait dit que c'était pas vrai, et que ces gars, c'étaient juste des malotrus qui se croyaient tout permis, et qu'ils étaient jaloux, c'est tout. Edwin avait accepté le coup de la jalousie, et avait alors annoncé qu'il était désolé pour eux, et que ce ne devait pas être drôle tout les jours d'être comme eux, et qu'il était désolé et que... Enfin bref, il n'avait pas compris. Si bien qu'il ne comprit pas non plus pourquoi Dao lui avait dit ça. Il y avait deux possibilités. Soit il ne savait pas ce que voulait dire tripoter et lourdingue et demander à Edwin de chercher pour lui. Soit il lui adressait ses mots et il était alors jaloux de lui, pour une raison qui lui échappé totalement. L'une des deux hypothèses semblaient plus probable que l'autre. Si bien qu'Edwin ne la choisit pas. Évidemment.

"Et du coup, je te dirais ce que ça veut dire la prochaine fois qu'on se voit, promis."

Ben oui, fallait pas qu'il reste dans l'ignorance, le pauvre garçon.

Edwin regarda attentivement chaque table, avant de fixer en dessous pendant que Dao regardait au dessus. Pas sûr qu'il puisse trouver grand chose la dedans. La salle était vide, peu plaisante maintenant. De plus, elle était super grande, et regarder tout devrait prendre des heures. Surtout s'il devait regarder avec attention. Et en regardant la serrure de ses menottes, Edwin comprit que la clé allait être bien petite.

"La clé, elle doit être toute petite. Ah, et j'ai 17 ans."

C'est alors qu'une chose bondit devant leurs yeux, et cria quelque chose de pas compréhensible aux yeux d'Edwin. Le manger, lui ? Ah bah alors là ! Il pouvait y aller ! Ce devait être bien drôle ! Et puis, c'était qui qui avait ce genre de pouvoir ? DE faire apparaître des choses fantomatique qui avait la possibilité de parler ? Edwin commença donc à rire quand il reçut en pleine figure un truc visqueux et pas cool, puis qu'il y eut un grand vent dans la salle et que finalement, Dao le tire jusque la porte de la salle. Et referme les portes violemment en sortant. Edwin riait encore, tout en observant Dao et tout ce qui lui était arrivé sur la figure. C'était absolument dégoutant. Mais super drôle.

Puis Dao s'accrocha à lui, et Edwin le regarda un instant oubliant de rire. Il tremblait, et quand il lui ré adressa la parole, il n'avait plus rien du garçon sûr de lui d'il y a quelques instants. Le jeune anglais haussa les épaules, avant de prendre la main de Dao dans la sienne, et de pointer du doigt une direction.

"Cherchons un point d'eau que je nous lave avec mon super pouvoir, puis que je nous sèche avec mon super pouvoir. Puis nous aviserons. Genre, soi on fait peur à ce gros tas blanc, soit on attend qu'il s'en aille. Parce que je suis pas sûr que ça m'amuse longtemps d'être attaché à toi. Pas que je t'aime pas, hein ! Tu es trop cool ! Mais si ça se trouve, tu parles la nuit, et j'ai peur des gens qui parle la nuit."

Il serra un peu plus la main de Dao, avant de se remettre en marche. C'était sûr, ils allaient trouver un point d'eau rapidement. Le jeune garçon se dirigea vers la cuisine, qu'il ne connaissait que trop bien, et qui était juste à côté du réfectoire. La porte était ouverte, et il put dont pousser Dao à l'intérieur. Bien qu'il soit bien tard pour entrer dans la cuisine, Edwin faisait partie du club de cuisine, et pour le moment, personne n'avait le droit de dire qu'il était interdit de pénétrer ici. Après tout, ils étaient menottés, pleins de vomis et un peu effrayés. Pas question de s'en tenir au règlement.

"Bienvenue dans mon antre ! Allez, vient ici, on va s'nettoyer l'bout du nez !"

C'est ainsi qu'Edwin poussa Dao près d'un robinet, l'ouvrit délicatement avant de se servir de son pouvoir afin de faire glisser le jet d'eau sur les cheveux du jeune homme sur son visage, et partout où la chose visqueuse avait touché Dao. Il mélangea liquide aqueux et substance douteuse, puis dirigea le jet dans l'évier. Ainsi, Dao était propre, mais mouillé. Edwin fit le même processus avec lui même, avant de se retrouver pour le moins aussi mouillés que le jeune garçon. C'était la partie la plus difficile qui s'annonçait ici. Edwin avait l'habitude de s'amuser avec des filets d'eau, alors il n'avait pas besoins de trop de concentration pour faire son petit manège. Sauf que pour se sécher... Il devait drainer l'eau, et il n'était pas sûr d'y parvenir.

Il posa donc sa main sur le crâne de Dao, et enfouie ses doigts dans les cheveux bruns et humides du jeune garçon. Il inspira, puis essaya de faire venir l'humidité près de sa main. Au départ, rien ne se passa. Puis, il sentit que l'eau affluait vers sa main. Sauf que Dao, en tant qu'humain normalement constituait était fait à 70% d'eau. Ce qui fait qu'il sentit l'eau du corps de Dao remontait lui aussi, et avant qu'il arrive un truc pas très cool à son ami, Edwin retira sa main, qui était toute humide. Il rit nerveusement avant de s'expliquer.

"Je crois que pour le séchage, ça va pas être possible. Ou alors faudra enlever tes fringues, parce que je veux pas me risquer à te toucher en faisant ça..."

Qui a dit un jour qu'Edwin était idiot ? Naïf et irrécupérable, oui. Mais idiot...

Edwin été totalement insensible aux piques qu'il lui lançait, pire, il les comprenaient à l'envers, et quand il lui promis de revenir un jour avec les définitions du dictionnaire, comme si c'est lui qui venait de les lui demander, il ne pu que le regarder d'un air halluciné. Non, il n'avait pas l'air de faire l'idiot pour le fun, il venait juste d'une autre galaxie, l'avantage c'est qu'ils ne risquaient pas de se battre tous les deux, en étant attaché l'un à l'autre ça aurait pu être embêtant. Bref, Edwin avait arrêté de le harceler pour cette histoire de définition et rien que pour ça il aurait pu le remercier, mais c'est après avoir croisé le machin fantomatique que le blondin montra un autre facette de sa personnalité, et même s'il le trouvait niais a en vomir des arcs-en-ciel, Dao devait bien admettre qu'en cas de pépins on pouvait compter sur lui.

- Heu… Ouais ça… me semble bien… Et je parle pas la nuit, hein.

Donc Edwin était capable de sortir des phrases à peu près cohérentes, Dao n'eut même pas le temps de réaliser qu'il l'entraînait déjà dans la cuisine, qu'il semblait bien connaître, et où il se mit à faire des trucs vachement rigolo avec l'eau de l'évier. Bon il aurait très bien pu se débarbouiller tout seul, mais sur le coup il préféra s'amuser à essayer d'attraper les filets d'eau qui se baladaient dans le vide en rigolant.

- Il est trop cool ton pouvoir ! Je comprends mieux pourquoi les robinets te résistent pas !

Dao en oublia presque la trouille qu'il avait eu avec ça, ensuite vint l'étape du séchage, et apparemment c'était un peu plus compliqué, se déshabiller ? Dao eu une minute de réflexion pendant laquelle il ne pu s'empêcher de se demander si ce n'était pas ça son idée de départ. Oui parce que pour lui le blondin était 100% gay, sans aucuns doute possible. Déjà, il était blond, première erreur, oui bon il était typé occidental et en occident il paraît que la blondeur c'est pas si rare mais quand même. Ensuite il ressemblait à une fille, physiquement et mentalement, et surtout il était ami avec des filles. Genre un adolescent sous hormone pouvait être ami avec des filles, la réaction normale pour un garçon en présence d'une fille c'est de la traîner par les cheveux jusqu'à sa grotte. Oui bon, maintenant on est aux 21ième siècle, faut lui payer un café avant, mais dans le fond l'idée est la même, re-pro-du-ction. C'est hormonal, on y peut rien, donc soit Edwin avait 15 enfants illégitimes, soit il était gay. Et Dao n'avait pas envie qu'il le mate à poil.
Bon, il y avait une autre raison pour laquelle il n'avait pas envie de faire tomber le short, Edwin était super grand et avait quand même 17 ans, lui 14 ans et un seul poil pubien, il n'avait pas trop envie qu'il lui sorte un truc, c'est un sujet sensible mine de rien.
D'un autre coté, Dao avait maintenant ses vêtements gelés qui lui collaient à la peau, et même s'il était un peu moins réceptif que lu moyenne à ce genre de chose ce n'était pas franchement agréable, et puis pour affronter un esprit maléfique c'était pas le top non plus. Du coup il préféra couper la poire en deux.

- Bah, fais sécher mon débardeur s'teuplait. Mais fais gaffe j'y tiens à celui-là.

Il enleva son débardeur tout en parlant, le vêtement n'avait rien de spécial, il était juste rouge avec un logo dessus, mais c'était un de ces fameux vêtement qu'on garde même s'il sont vieux, usés, déformés, décolorés et que tous ceux que vous connaissez vous supplies de vous en débarrasser, valeur sentimentale, en gros. Le débardeur se retrouva suspendu entre eux deux, accroché aux menottes comme à un fil à linge, c'est alors qu'il cru entendre un craquement, en un éclair il se plaqua contre le dos d'Edwin, relégué au rang de bouclier.

- Y'a pas eu un bruit là ? C'était quoi ? C'était quoi ?!

Il resta un moment crispé à regarder partout, surtout vers la porte qui devait mener au réfectoire, puis ne voyant rien il se calma un peu et souffla.

- Ce serait bien que les somnifères agissent sur les fantômes…

Oui, parce que Dao croyait au fantômes, pour tout le reste c'était le mec le plus sceptique au monde, il ne croit pas en dieu, il ne croit pas les politiciens, il ne croit pas ceux qui disent qu'on s'abîme les yeux quand on se met trop près de la télé. En maternelle il faisait pleurer ses petits camarades en leurs disant que le père noël n'existe pas et que les costumes de Batman ne permettent pas de voler, mais les fantômes, ça il y croit. Et si vous aviez passé toutes les vacances de votre vie dans un ancien et immense manoir familial perdu au fin fond de la Thaïlande, avec tout vos aïeux enterrés dans un cimetière privé au fond du jardin et des planchers qui craquent pour rien en pleine nuit, vous y croiriez aussi.
En tout cas Dao avait reconnu dans le vomi de fantôme les restes du gâteau bourré de colorant orange qu'on leur avait servit au dîner, c'était peut-être ça le truc empoisonné, après tout si ça avait été l'entrée ils se seraient endormis dans leur assiette.

- Bon, il faut y retourner, je suppose, c'est peut-être lui qui à la clé.

Dit-il sans bouger d'un pouce, toujours agrippé à son bouclier.

Et bien voilà ils étaient enfin d'accord ! Tout allait pour le mieux ! Rentrer de cette aventure sans raison, Edwin allait tout bonnement travailler son vocabulaire, puis le faire passer à Dao, et tout serait pour le mieux. Dans la réalité, Edwin allait sûrement oublier toute cette histoire à peine Dao aura t-il disparut de son champ de vision. Mais il ne le savait pas, Et Edwin était persuadé de s'en rappeler. Dao n'entendra donc pas parler d'Edwin pendant un petit moment, à moins que ce dernier le croise dans un couloir, lui saute dessus en criant "TRIPOTER, j'ai PAS CHERCHER" et s'excuse en diverses langues. Bref, Dao avait intérêt à bien se cacher, ou alors à savoir courir et traverser les murs. Ce qui tombait bien, puisqu'il pouvait faire ce qu'il souhaitait en matière de mur. Plus qu'à espérer qu'il s'en rend compte assez vite. Qu'Edwin était un stalker en puissance.

"Vrai ? C'est super ça ! On va pouvoir dormir ensemble, alors !"

Et il rit tel un enfant candide. Oui, Edwin avait ce genre de rire qu'on les enfants entre deux et six ans. Un rire tout mignon tout cristallin tout super long de la mort qui tue et que si ça se termine pas dans trois secondes on va lui exploser sa face de petite blondinet anglais trop féminin que ça énerve trop. Mais bien sûr, Edwin avait la présence d'esprit, ou plutôt, la politesse et l'expérience, de s'arrêter après environ treize secondes de rire intense. Après tout, le jeune homme avait eu une bonne éducation, et il avait donc de très bons réflexes de la vieille école. Parfois, son côté un peu trop gamin reprenait le dessus, mais le plus souvent, il avait les gestes d'un lord. Ouais. Presque. Finalement, le plus souvent, c'était la gamin qui prenait le dessus. En même temps, il trainait avec des personnes comme Ayako ou Raimu... Fallait pas trop en demander au pauvre petit.

"Et oui ! Mais il faut pas trop jouer avec ça, après j'ai des ennuis !"

Peu conscient que ce soient des graves ennuis quand même, l'Edwin. Bien qu'il sache que faire tout péter la tuyauterie ne soit pas une trèèèès bonne idée - ou plutôt que c'est puni - il ne se rend pas compte de la véritable portée de son geste. De toute façon, selon lui, cela ne fait de mal à personne, donc il le vit très bien. NORMAL.

Le jeune Dao le regarda un instant perplexe, comme s'il lui avait demandé une vidéo porno avec lui dedans. Oh, bien sûr, Edwin n'avait aucune idée de ce qu'était le porno et de pourquoi s'il lui demandait cela celui-ci le regarderait très mal, mais c'est une image. Edwin attendait donc sagement une réponse de son interlocuteur, quand celui-ci retira son T-shirt, qui se retrouva pendouillant sur les chaînes entre eux deux. Edwin hocha la tête solennellement avant de poser sa main sur la tee shirt et de se concentrer. Et alors qu'il allait activer son pouvoir, Dao se retrouva dans son dos, en train d'avoir une sacré crise de paranoïa. Avant même qu'Edwin puisse en placer une, ce qui était manifestement un miracle, Dao se crispa, enfonçant ses doigts sur les bras d'Ewin, qui était manifestement là aussi, dans une position peu agréable.Il avait le bras tordu derrière lui, et il ne savait pas trop quoi dire.

Quand Dao décida enfin de lui laisser un peu de liberté, il avait déjà une autre idée derrière la tête, et n'avait apparemment plus l'impression de se trimballer à moitié nu. Pas que cela embête Edwin, lui aussi été un garçon, ce genre de chose ne lui effleuré pas l'esprit, et il se fichait bien de voir des torse nu. Non, lui il pensait au fait que Dao allait pouvoir attraper la crève, à se trimballer comme ça. Quoi qu'un fin débardeur comme il tenait dans sa paume n'allait pas le protéger de beaucoup...

"Je m'occupe juste de ton haut. Trente secondes mon ami."

Edwin fit donc un demi tour sur lui même, et se retrouva en face de Dao. Il agita le débardeur rouge du garçon, puis concentra son pouvoir et draina l'humidité de son haut vers sa paume. Au bout d'un instant, il recueillit une petite quantité d'eau dans sa main, et il l'envoya dans le lavabo. Puis il fit glisser le débardeur vers Dao, avec un petit sourire.

"Peut être que c'est encore un peu humide, mais c'est plus trempé. On va pouvoir y aller !"

Il avait oublié que lui aussi, il était trempé, c'est bête.

Edwin, suivit donc de Dao, ressortit de la cuisine, et se posta devant la porte du réfectoire. Il y colla son oreille, et n’étendant aucun bruit, fit un signe discret à Dao pour lui faire comprendre que la voie était libre. Ce qu'il faut savoir à cet instant, c'est d'Ed s'éclatait comme un petit fou. Il avait l'impression d'être dans un jeu d'aventure, et qu'il devait avancer discrètement à la recherche d'une princesse ou un truc du genre. Il avait donc formuler une combinaison de gestes tous plus inutile les uns que les autres, et tous plus incompréhensible les uns que les autres, en riant. Rien de très discret, en somme.

Puis le jeune homme poussa doucement la porte, avança ses mains en forme de pistolet devant lui, et se plaqua contre la porte en se tenant accroupit et en parcourant la salle d'un regard. Il compta jusque cinq dans sa tête, se releva, et de sa main valide, fit mine de s'essuyer une sueur factice sur le front.

"La voie est libre, mon commandant."

Triple idiot. Oui un truc comme ça.

Alala, pendant quelques minutes, Dao avait failli croire que son compagnon imposé valait disons, mieux que ce qu'il avait cru au départ. C'est vrai qu'il avait bien géré quand Dao avait légèrement paniqué, pas qu'il ai eu peur hein, non non, lui ? Avoir peur ? C'était totalement ridicule, il avait fait ça pour Edwin, le pauvre était déjà pas clair, si en plus il se retrouvait traumatisé à vie ça aurait été… terrible… Ouais, voilà, c'était ça l'explication. Bref, en tout cas le blondin c'était bien débrouillé, mais sa vraie nature revint très vite et il retourna à son monde dégoulinant de béatitude en riant. Ce rire qu'il avait lui rappelait clairement sa petite cousine Soraya, sauf que bon, une petite haute comme trois pommes qui rit pour rien, s'amuse de tout et te dis « Quand y'aura plus d'eau dans le monde, on boira du coca ! :D » c'est mignon tout plein, mais un grand dadais de 17 piges te fait la même… Bref, on va dire qu'il commençait à avoir l'habitude, alors une fois qu'il eut enfilé son débardeur - il avait un peu zappé qu'il le lui avait filé d'ailleurs, ça faisait si peu de différence pour lui - et qu'il le vit faire le con dans le couloirs, il n'eut pas vraiment de réaction, juste une question qui lui sortit de la bouche avant même qu'il y réfléchisse.

- Tu vas pas me dire que toi tu joue à des fps ?

Il avait dit ça comme si c'était la chose la plus improbable qui soit, ouais même l'existence de petits hommes verts et gélatineux quelques part dans la galaxie lui semblait plus plausible qu'un Edwin avec un fusil à la main, même s'il était virtuel. Bon après, en temps que bon geek il avait totalement zappé que la télévision ça existe aussi, lui ne la regardait jamais, préférant les films en streaming pixelisés aux énièmes rediffusions de Derrick, hachées par des pages de pub, chacun ses goûts. Ils arrivèrent un peu trop vite à son goût à la porte du réfectoire, Dao n'avait aucune envie d'y retourner mais bon c'était ça où se retrouver attaché à vie au blondinet, il fallait choisir la moins pire des options. Edwin écouta à la porte et pendant une seconde il se dit qu'il aurait mieux valut qu'il se retrouve attaché à Shigeru, lui au moins s'il entend rien, c'est que y'a vraiment rien…
Et il l'aurait vu psychoter comme une gonzesse…
Non en fait Edwin c'était très bien, il avait un coté relaxant, à jouer les soldats avec son visage de poupée, et puis il avait ouvert la porte en premier, chose que Dao aurait été incapable de faire de peur de tomber nez à nez avec avec un truc luminescent à grandes dents. Prudemment, Dao passa la tête dans l’embrasure, scrutant la pénombre, le passage du fantôme avait laisser des traces, tables et chaises renversées, et décorations d'halloween répandues dans toute la pièces, il tiqua particulièrement sur les guirlandes en partie arrachées, qui pendaient du plafond en se balançant légèrement, comme des tentacules.
…
Non, non, non, faut arrêter d'imaginer des trucs, à limite, avoir eu juste un tout petit peu peur d'un terrible et gigantesque - oui, d'abord, il était vraiment vraiment gigantesque - fantôme, ça pouvait se comprendre, si, ça pouvait, ceux qui se moquerait de lui n'aurait sans doute pas fait mieux. Par contre psychoter à cause d'un chapelet de citrouilles en papier qui pendouille, ça il ne pouvait pas se le permettre.

- Ouais, ça à l'air calme.

Mort même, comme un champs de bataille après la guerre, il ne voyait rien qui bouge ou scintille, que ce soit autour, sur ou sous les tables. Il eut quand même un air désespéré, pas à cause du fantôme, ce coup-ci.

- Mais pour trouver la clé ça va être encore plus galère qu'avant… A part tout inonder pour que tu puisse ramener tous les objets qui traîne et que j'essaie de repérer ce qu'il y a métalliques dans le tas je vois pas trop.

Maintenant qu'il connaissait le pouvoir de son pote d'aventure, il avait pu établir un espèce de plan, mais il n'était pas convaincu. A priori, c'était jouable, si Edwin pouvait manier une bonne quantité d'eau, Dao lui sentait les différences de matières quand il les traversaient, pas qu'il puisse sortir d'une cloison en s’exclamant « Oh ! De l'acajou ! », mais les métaux il les distinguaient clairement, c'était glacés et ça faisant presque mal, tout l'inverse du bois qui dégageait une espèce de chaleur. Théoriquement donc ils pouvaient probablement le faire, mais ça faisait un peu… bulldozer, quoi, déjà que la pièce était dans un sale état, il n'imaginait même pas ensuite. Et puis, il y avait quand même un espèce de psychopathe quelque part dans ce monde qui s'était donner la peine de les droguer, les attacher ensemble et leur faire un indice les menant ici… tout ça pour ça ? Après, si c'était du spectacle qu'il voulait, il serait servit au moins.

Edwin tourna son visage candide vers Dao. Il fixa Dao d'un air bête sans nom, telle un idiot attendant l'explication ravissante de son professeur. Il resta un instant sans voix, les yeux arrondis, puis il émit un bruit de gorge peu agréable, comme s'il venait de s’étouffer. Ce qui était exacte. Il toussa donc avec énormément de discrétion, avant de regarder Dao très gentiment, comme si rien ne s'était passé. Il pu alors enfin prendre la parole, avec une voix encore un peu rauque, à cause de sa toux prolongée. Cela lui avait agressé les cordes vocales. Normal.

"C'quoi un fps ? Tu en connais des trucs Dao ! C'est fou !"

Évidement que c'était calme ! Puisque c'était lui qui avait regardé ! Il avait écouté, comme dans les films, et puis il avait joué le rôle de l'agent secret ! C'était juste trop cool ! Comme dans un rêve, il avait fait super bien tout, et maintenant, il voyait l'admiration de la jeune princesse devant son prince dans les yeux de DAO ! SIIIIIIIIIIII !

Sauf que Dao n'avait pas du tout ce genre de regard et qu'il était même désespéré devant la beauté de la salle. Le désordre qui y régnait était digne d'une œuvre d'art, et Edwin ne manqua pas de rester stupéfait devant la monstruosité qui régnait là. Il approcha ses deux mains devant ses yeux, et scruta longuement l'étendue de la bataille devant lui. C'était même tout bonnement splendide. Il n'avait pas de mot pour décrire le lieu, et il n'allait pas demander à Dao. De toute façon, il l'avait oublié pour un temps. Tout ce qui restait pour lui, c'était les couleurs partout, et le désordre méticuleux qui vivait presque encore. Edwin voyait encore le vent s'abattre sur tout, et le contact de la fraîcheur sur son corps. Ce n'était pas un rêve, ça. Ce n'était pas non plus son imagination, puisque Dao semblait totalement présent, et qui plus est, blasé. Contrairement à Edwin qui avait la même d'illuminé. En fait, il avait même l'air encore plus fou que d'habitude.

"J'en serais pas capable, à moins de faire péter la tuyauterie, mais on va m'en vouloir. Et puis... Faut rien toucher. C'est... Trop beau !"

Edwin n'avait qu'une envie, courir dans le bordel ambiant, s'entasser tel un objet avec tout le reste, défaire des vêtements, les arranger aussi, et finir par nager dans la crasse et la bonne humeur ! Oh oui, que tout cela serait jouissif. Il pourrait même s'amuser à dessiner des petits poneys sur les morceaux de serviettes qui voletaient encore, faire une montagne de guirlande représentant un ours mangeur de fourmis. Il pourrait aussi prendre une table, et essayer de la tordre, de la faire fondre, et dire que c'était le fantôme vicieux qui avait fait ça. Parce que dans ce lycée, il n'avait jamais vu un bordel aussi immense. Et il était quasi certain de ne pas le revoir de sitôt. Parce depuis son arrivé ici, il n'avait jamais assisté à ce genre de chose. Il en avait provoqué plusieurs, bien sûr. Une fois avec les robinets, une fois en sport, il avait glissé et tout les ballons de basket s'étaient éparpillés dans la salle. Plusieurs personnes étaient tombés après lui. Ah, et la plus belle chose jusque là accomplis était bien sûr le jour où il avait voulut créer un gâteau, et qu'il avait dansé en même temps, ce qui avait provoqué un dégouline de chocolat sur sa tête, puis dans tout la pièce, que de la farine n'avait pas arrangé les choses, et qu'il avait dû au moins écraser trois œufs. Ce jour là, il avait fait la rencontre de Dany, qui avait un peu surpris de voir ce que pouvait accomplir une seule personne en moins de dix minutes. Cela avait été monstrueux, et Edwin était maintenant sûr d'une chose. Cette salle allait être bien plus simple à nettoyer que la cuisine la fois où il l'avait saccagé.

"Et si on rangeait, plutôt ? Au bout d'un moment, on parviendrait à trouver cette clé, non ?"

Edwin venait d'avoir l'idée du siècle, quoi qu'il restait lui même septique, pour une fois. C'est pourquoi il jeta de nouveau un coup d’œil vers la salle, et cette fois-ci il fut certain de sa bêtise. Impossible de ranger tout cela. Il y en avait pour des heures et des heures seulement à deux, et en étant relié l'un à l'autre. La solution la plus rapide serait cette de Dao, mais Edwin n'était pas sûr de pouvoir le faire. En plus, le carnage serait alors totale, et il n'avait pas envie d'avoir des ennuis. Il soupira donc, une grande première, avant de regarder la salle, de sourire et se brandir ses mains au dessus de lui.

"Oublions tout ça et vautrons nous dans la déchéance la plus totale."

Et c'est ainsi qu'Edwin l'imbécile s'élança en courant dans la salle, emportant Dao sur son passage. Il s'écroula tel un vieux vêtements sur le sol après quatre mètres et resta la face contre le sol, gémissant de douleur. C'était ça de faire le con. Il espérait quand même que Dao avait mieux atterrit que lui.

Citation :

Huuum, j’ai connu plus discret.

Voilà exactement ce à quoi pensait le fantôme, grignotant des restes de citrouille au chocolat, flottant quelques cinq mètres au dessus du sol, en voyant Edwin passer sa tête blonde par l’entrebâillure de la porte. Il se prenait pour qui, exactement ? … Ses doigts étaient-ils censés représenter un pistolet ? Il n’en savait trop rien et ne comprenait pas vraiment la situation, toujours est-il que ç’aurait été d’une simplicité enfantine de refermer la porte sur lui. Le garçon aurait sans doute crié, et il aurait trouvé ça marrant. Mais une autre idée, bien plus drôle lui traversa l’esprit, et un monstrueux sourire tout en pointe éclaira son visage déjà fluorescent.

Étant donné qu’il se trouvait juste au dessus de l’entrée, il avait une vue imprenable sur tout ce qui la passait. C’était au tour de l’autre garçon, celui qui avait hurlé en fuyant, d’entrer prudemment dans la salle. Apparemment, il était resté traumatisé de sa précédente apparition. Bah quoi, ils avaient qu’à le laisser manger en paix, non mais. Croquant un énième bonbon, il observant de ses grands yeux tout blancs la progression des deux enfants dans le carnage que la salle à manger. Oui, il s’était pas mal amusé en leur absence. Que voulez vous, âpres quelques siècles d’immobilité forcée, on se défoule comme on peut ♥. D’après ce qu’il entendait, ils cherchaient quelque chose. Ooooh, voilà qui était intéressant…

« Oublions tout ça et vautrons nous dans la déchéance la plus totale ! »

GLANG !

Fit la porte en se refermant derrière eux, dans un bruit de verrou post-apocalyptique. Le fantôme était redescendu de son perchoir et flottait maintenant à leur hauteur, son éternel sourire carnassier luisant dans l’obscurité de la salle. Jouant le tout pour le tout dans sa mise en scène, il fonça droit sur eux en poussant un rire entre le sadisme et le hurlement.

« MWAHAHAHAHAHAHA ! »

L’avantage quand on est un spectre, c’est qu’on a pas besoin d’éviter les obstacles, aussi leur passa-t-il tout simplement au travers avant de se stabiliser un peu plus loin et quelques mètres plus haut.

« Je m’ennuie… Et si vous jouiez avec moi ? Je crois que j’ai quelque chose qui vous intéresse. »

Là, dans son estomac, par transparence, on pouvait voir le trousseau de clef tant recherché. Il l’avait avalé par mégarde avec une pièce montée à la fraise. Au début il avait pas été content - ça allait encore lui donner des indigestions - mais maintenant, il trouvait une nouvelle utilité à cet objets encombrant.

« Ce sera votre récompense… si vous m’attrapez ! »

Dao grimaça en le voyant avoir une quinte de toux bien dégueulasse si près de lui, il aurait pu au moins mettre sa main devant la bouche, surtout qu'avec ces menottes impossible de prendre ses distances. Et le pire c'est que ça risquait d'attirer l'autre monstre alors qu'il semblait être partit. Il avait eu tout le temps pour s’étouffer tout à l'heure dans la cuisine, mais non c'était maintenant qu'ils étaient en terrain miné qu'il avait besoin de faire un boucan pas possible, décidément. Dao lui tapota un peu le dos histoire que ça passe plus vite, pas qu'il veuille l'aider, c'était juste que lui n'aimait pas du tout ça.

- Aller, aller, respires mec… Et c'est un genre de jeux vidéo, rien d'important.
Il ne refit pas la même erreur qu'avant, à savoir ignorer sa question pour ensuite se faire harceler pendant des heures. Quoique là, Edwin n'aurait peut-être pas fait attention, il n'avait même pas l'air d'avoir écouté et contemplait la pièce avec un air… Heureux ? Ou admiratif ? En tout cas pas l'expression qu'aurait une une personne normale face à un tel chantier, et ça ne s'arrangea pas quand il ouvrit la bouche pour parler de la « beauté » de tout ça. Dao, lui avait été obligé de lever le bras comme un abrutis quand le blondin se mit les mains devant le visage avec sa mine de gamin heureux, lui était juste consterné. Mais Edwin ne s'arrêta pas là, non, il semblait avoir un don pour le surprendre encore alors qu'il pensait qu'ils avaient touché le fond depuis un bail.

- Ranger ? Non mais ça va pas t'as vus le bordel ? Je voudrais pas le faire même si on me payait.

Il afficha une mine à la fois excédée et désespérée, excédée parce que les niaiseries de son compagnon dépassaient de loin tout ce qu'il avait dû supporter en quatorze années de vie, et désespérée par qu'il avait raison. Ils ne pouvaient pas démolir la moitié du lycée, alors tout ce qu'ils leur restaient à faire était de passer la salle au peigne fin, en soulevant chaque bout de papier crépon jusqu'à trouver ce qu'ils cherchaient, ça promettait d'être long et laborieux mais il ne voyait pas d'autres solutions, c'était ça ou abandonner, ou…

"Oublions tout ça et vautrons nous dans la déchéance la plus totale."

Edwin, qui semblait avoir totalement oublier son existence, leva les bras au ciel, obligeant Dao à sautiller sur la pointe d'un seul orteil pour ne pas se casser la gueule. Il avait conscience qu'il était immensément grand comparé à lui, celui-là ? Non, il ne devait plus avoir conscience de rien, vu comment il partit en courant dans la salle' comme ça, sans prévenir, et ben il a du être content, ça pour se vautrer ils se sont vautré. Dao déjà en équilibre précaire enchaîna quelques grandes enjambées lamentables, tirant sans le vouloir sur le bras du blond qui, sans doute déséquilibré, s'étala au sol en l’entraînant avec lui. Dao utilisa son pouvoir par réflexe, comme à chaque fois qu'il voit venir un choc inévitable, et c'est ainsi qu'il lui passa en travers du corps, pour réapparaître en-dessous, complètement écrasé sous son poids, ses bras et jambes entremêlées dans les siennes et absolument furieux.

- Mais QU'EST-CE QUI T'AS PRIS DE FAIRE ÇA ? Nan de Dieu mec tu vois pas qu'on est assez dans la mouise comme ça sans que t'en rajoute ?!

Il hurla ça en se débattant comme un diable pour se dégager, et sachant que le seul sport qu'il pratique est le vélo dans pokemon il se retrouva étalé au sol, complètement mort et essoufflé en un peu moins de deux minutes. Il regarda le visage du garçon avec les sourcils froncés.

- Et tu fais un peu d'hypothermie, pourquoi tu t'es pas séché ?

Malgré la confusion Dao avait bien sentit ses fringues trempées et sa température trop basse par rapport à la sienne, cet idiot avait pris la peine de s'occuper de son débardeur mais n'avait rien fait pour lui-même ? Pas étonnant qu'il commence a avoir la crève… Ce n'est que là qu'un détail attira son attention et lui fit tourner la tête.

- Qui a fermé la p… ?

Il se figea, les yeux écarquillés, avant de se redresser subitement, un doigt pointé vers la forme luminescente plantée devant l'entrée.

- Le… le… le… !!!

« MWAHAHAHAHAHAHA ! »

La créature fantomatique se jeta sur eux et Dao se protégea le visage de ses mains en poussant un cri de fillette qu'il n'aurait jamais cru pouvoir sortir. Il utilisa a nouveau ton intangibilité, une précaution totalement inutile dans ce cas, mais dans la panique il n'y réfléchit même pas. Ce n'était pas possible, il était toujours endormit sur son plateau après avoir trop bien manger et il devait rêver maintenant. Tétanisé, il écouta le monstre raconter qu'il voulait jouer, qu'il fallait l’attraper ? Attraper un fantôme ? La bonne blague, il faudra qu'il la ressorte un de ces quatre « Attrapes-moi ! Ahaha j'te traverse ! ». Il fixa l'être fantomatique avec un air bête, incapable de réfléchir, sur le moment, il lui fallut un peu de temps avant de reprendre un cours de pensées à peu près normal, sans le quitter des yeux, il lança d'une voix peu assurée.

- On pourrait pas… négocier… ?

Il n'avait aucune idée de pourquoi il avait dit ça, ni de ce qu'il pouvait « négocier » avec un fantôme, mais de toute façon lui et Edwin étaient trop mauvais pour la course à pied, il avait pu le constater à l'instant. Il fallait gagner du temps et trouver quelque chose, puisque maintenant ils savaient où était la clé.

[Pour l'occasion, j'écoute de la musique. Manque de bol, rien à voir avec Edwinounet. Si l'ambiance de mon texte n'est pas très bisounours, je suis fautive à 100% J'aurais dû écouter les musiques des teletubbies.]

Dao s'était donc retrouvé sous Edwin avant même que celui-ci comprenne quelque chose, et alors qu'il riait aux éclats, très fier de sa blague, tout en laissant Dao sortir de son son presque deux mètres, la porte du réfectoire se referma avec un grand fracas. Dao était alors en train de s’époumoner tandis qu'Edwin n'en avait strictement rien à foutre. Il rirait, s'étouffant presque, et c'est seulement lorsque le fantôme leur adressa la parole et quand Dao poussa un nouveau cri d'hystérie.

C'est ainsi qu'Edwin regarda le fantôme le traverser, en criant de joie. Genre, en disant "TROOOOOOOOP COOL !" tout en cherchant a attraper le fantôme. C'était évidement impossible, et il se retrouva à brasser de l'air tel un idiot. Quoi que de toute façon, Edwin avait toujours l'air d'un idiot plus ou moins fini. Et dans le cas que nous avions là, il paraissait plus fini que récupérable. Et je suis sûr que si nous posions la question à Dao, il serait plus que d'accord.

Bref, le fantôme désignait maintenant la clé dans son estomac, ou en tout cas ce qui lui servait d'estomac, pendant qu'Edwin reprenait difficilement sa respiration. Après quelques efforts, il put de nouveau avoir un visage normal, et une respiration calme. Il regarda alors Dao puis le fantôme, en prenant un air de victime sympathisante. Il ne comprenait pas pourquoi Dao voulait négocier. C'était pourtant tout simple. Il fallait juste qu'ils attrapent ce joli gentil petit fantôme. Et il ne comprenait pas en quoi c'était amusant pour le fantôme, mais qu'importe.

Souriant de nouveau de toutes ses dents, Edwin tendit un de ses bras en l'air, évitant le bras relié à Dao, et il cria qu'il était contant. Après avoir laissé son bras retomber, il s’élança tel un abruti vers le fantôme. Bien sûr, il se retrouva vite face à divers problème. Tout d'abord, il était lent. Il était lent parce qu'il était attaché à Dao. Parce que Dao était plus petit que lui, ses jambes ne pouvant suivre celle d'Edwin. Ensuite, il était difficile de se déplacer lorsqu'on est attaché. DE plus, Edwin n'était pas connu pour être un grand sportif. Pas très musclé, un peu trop maladroit pour pouvoir suivre un sport correctement, il était relégué au banc de touche la plupart du temps. Autre point important, le désordre qui régnait alors dans la salle l'empêcher de pouvoir avancer correctement. Edwin ne pouvait pas et faire attention à sa course, attention au fantôme et attention à ses pas. Le dernier problème venait du fantôme. Plus rapide, il volait dans les airs. Et c'était un fantôme.

S'arrêtant brusquement, Edwin passa ses deux mains sur son visage, tout en se recroquevillant. Il passa ses doigts sur ses lèvres, avant de se tourner vers Dao, les yeux brillant. Bien sûr. Il y avait bien quelque chose qu'il trouvait bizarre avec ce fantôme. Le problème venait des clés elles-même. Si le fantôme était inconsistant, comment les clés tenaient dans son ventre ? Il suffisait de passer dans son ventre et de les attraper, elle repasserait sans aucun soucis à travers le corps du fantôme, puisque c'était un fantôme ! Et s'il fallait simplement passer dans le corps du fantôme, lui comme Dao pouvait le faire. Mais Dao semblait un peu effrayé. Pourtant, avec son pouvoir, il pouvait passer à travers tout, semblait-il, sauf les menottes. Il lui suffisait d’utiliser son pouvoir jusqu'à atteindre les clés s'il le fallait, puis de repasser en sens inverse en ayant les clés en main.

Edwin se releva, puis se pencha vers Dao, il avait une tête un peu bizarre, mais il paraissait trop bête et trop gentil pour être méchant. Il chuchota alors dans l'oreille de Dao.

"C'est pourtant très simple Dao, il suffit de mettre la main sur la clé en passant une main dans son ventre. C'est un fantôme, on passe à travers. La clé, elle, est consistante. Bien sûr, le seul véritablement problème, c'est de s'approcher de lui assez pour pouvoir attraper ce qui se trouve dans son ventre. Et pour ça, je peux utiliser l'eau qui se trouve dans la pièce. Parce que mes filets d'eau peuvent aussi le traverser et s'emparer des clés. Bien sûr, il m'est difficile de me concentrer sur mon pouvoir et de bouger en même temps... Alors essayons juste d'abord de l'approcher, nous aviserons plus tard !"

Edwin avait donc une solution pour s'emparer des clés une fois que le fantôme serait proche d'eux. A portée de main. Mais tant qu'il n'était pas à portée, justement, ce n'était pas possible. Pour ce faire, Dao et Edwin avait des avantages et des désavantages. Attaché, leur mouvements étaient limités, lents et devaient être un minimum coordonné pour pouvoir être efficace. Dao pouvait passer à travers tous les obstacles, mais il avait un boulet, Edwin. De plus, Dao ne pouvait se déplacer sans Edwin. Edwin, lui pouvait faire diversions en utilisant son pouvoir, mais comme c'est une andouille, il n'a qu'un contrôle limité de celui-ci, et s'il veut l'utiliser correctement, il doit pleinement se concentrer. C'est à dire ne pas bouger. Ce qui empêcherait Dao de bouger lui aussi. Finalement, le problème résidait bien là. Ils étaient liés, incapable de faire quelque chose sans l'autre. Peut être que c'était la clé de l'énigme, tout comme la clé dans le ventre du fantôme...

[Je suis outré, écouter de la musique en écrivant… Quelle honte D: pour te punir écoutes ça 10 fois avant de rep, surtout la fin avec la tentative de lavage de cerveau D:]


Que dire ? Non, il n'y avait rien à dire, Dao avait abandonné et suivait sans enthousiasme l'autre imbécile heureux tandis qu'il courrait d'un bout à l'autre de la pièce en agitant son bras en l'air. Comme prévu impossible de l'avoir, ils avaient juste l'air complètement idiots et gauche, le fantôme devait bien se marrer tiens. Dao ne faisait même pas mine d'essayer de l'attraper, d'abord parce qu'essayer d'attraper un fantôme était une hérésie dans la logique de son esprit, et ensuite… parce qu'il mesurait 158 cm et que le fantôme se plaçait assez haut pour pouvoir échapper à Edwin qui était… légèrement plus grand… À peine 40 cm quoi, sale type, va…
Après pas mal de cavalcade inutile Edwin sembla réaliser que ce n'était pas la solution, il se pencha beaucoup pour lui chuchoter à l'oreille des trucs auxquels il avait plus où moins pensé lui aussi. Après s'être donné deux secondes pour reprendre son souffle Dao leva beaucoup les yeux vers lui, l'air un peu las, mais déterminé.

- Déjà merci de t'être enfin arrêté, j'ai cru que t'avais oublié que j'étais là. Donc…

Il jeta un bref coup d'œil au fantôme, puis leva sa main menottée comme lui montrer.

- Normalement avec mon pouvoir je devrais pouvoir traverser ces trucs, mais tu te doutes bien que si ça avait marché je serais pas là, si les clés sont dans le même métal, ça complique les choses.

Et la logique voudrait que ce soit le cas, Dao en tout cas en était persuadé, un peu comme une paire de chaussettes, ou des jumeaux, ou des chips pringles, tous doivent être identique, et puis ça expliquerait pourquoi elles étaient coincées dans le fantôme, peut-être qu'en fait en la lui prenant ils lui rendraient service en fait, et peut-être aussi que s'ils tiraient dessus là maintenant ils lui feraient super mal, rien que pour voir il aimerait essayer.

- Après peut être que je me trompe, de toute façon j'ai une idée aussi, et avec un peu de chance il devrait se rapprocher et tu pourras essayer ton plan.

En disant cela il poussait du pied les papiers déchirés au sol, cherchant visiblement quelques chose, et ne le trouvant pas assez vite il s'accroupi et balança les saletés dans tous les coins. Après quelques minutes de manège il s'arrêta avec un « Ah ! Voilà ! » et il montra à Edwin une sorcière en chocolat, avant d'avoir une minute de réflexion et de l'éloigner de lui.

- C'est pas pour toi, hein, mais apparemment le fantôme aime ces trucs, et on sait tous les deux qu'il peut vomir alors… si on en trouve assez…

Il se releva en regardant le fantôme, ils devaient vérifier d'abord s'il jouait le jeu ou pas, quand il est arrivé tout à l'heure il avait pleins de bonbon dans les mains alors il en avait peut-être eu assez maintenant, mais en temps, Dao était lui aussi fan de chocolat et il avait toujours du mal a s’arrêter d'en manger, en fait il avait souvent des indigestions les soirs de fêtes, restait à espérer que le fantôme soit comme lui. Il agita la friandise en sautillant.

- Hey mec ! 'Fin… Esprit de mec mort ou je sais pas quoi, t'en veux ?

Et il balança le bonbon dans sa direction, grâce à ses années de guerre virtuelles il avait visé juste, par contre son tir manquait de force et le bonbon commença a chuté à environ 2/3 du trajet. Dao, lui, fixait l'être luminescent en attendant de voir comment il allait réagir.

[Super amusant, comme musique xD Petit poney. Petit poneyyyy. #PAN#]

Edwin regarda Dao, un instant perplexe. Il ne voyait pas le problème. Il pouvait toujours mettre la main sur la clé et puis la faire sortir du corps du fantôme. Même lui il pourrait faire ça. A moins que le fantôme puisse devenir consistant. Sauf qu'il n'était pas consistant du tout, puisque c'était un fantôme ! De toute façon, c'était n'importe quoi cette histoire de fantôme qui mange et qui garde des clés dans son ventre. Edwin, ne cherchant pas à s'expliquer avec Dao, qui semblait vraiment sûr de lui, et se détourna de lui, jusqu'à le voir prendre des bonbons et les jeter sur le fantôme. C'était une drôle de façon de le faire réagir, mais il le regarda. Puis, il comprit enfin, et se baissa pour ramasser des provisions pour son coéquipier. Après tout, lui, il n'était pas vraiment bon tireur. En fait, il n'était pas bon en sport, donc comme faire des lancers précis faisaient partie du sport pour lui, il était hors de question qu'il puisse être bon la dedans.

Et tout en ramassant des choses par ci par là par terre, Edwin commença à chanter. Il faut savoir qu'Edwin n'est pas très bon chanteur. Il chante un peu faux, et sa voix est celle d'un garçon avant sa mue. Genre plutôt aiguë et pas vraiment axés sur un ton. Bref, ce n'était pas très agréable. En plus, il avait l'habitude de retenir des chansons toutes plus débiles que les autres, et commença donc à reprendre le générique de dessins animés de moins de six ans. C'était des chansons dont les paroles étaient plutôt répétitives et dont le contenu faisait un peu peur tellement c'est bas intellectuellement. En Bref, il n'y avait rien de bon dans les chansons d'Edwin. Et ce bougre d'idiot pensé faire plaisir à tout le monde, si bien qu'il n’hésita pas à chanter plus fort.

Et comme Edwin est ce genre d'idiot maladroit, il commença à bouger son corps, puis danser tel un demeuré. Confirmant les craintes de Dao, Edwin oublia un instant son partenaire, la concentration étant son point faible, et il s'élança dans une danse endiablé, tout en chantant des paroles toujours plus insensés les unes que les autres autres. Finalement, c'était peut être une solution, puisque n'importe qui serait rester sans voix devant la débilité d'Edwin. C'est vrai qu'un garçon de 17 ans, frisant les deux mètres et qui chantait des chansons d'enfants, ce n'était pas vraiment... Crédible. Exactement, Edwin n'était pas crédible. Sauf que son visage, bien que masculin, était candide. Deux grands yeux bleus, un large sourire et des étoiles partout. En fait, c'était un gamin dans un corps d'adulte.

"Dao Dao chante avec moi !"

Et alors qu'Edwin partait dans un tango solitaire, il attrapa sans ménagement son coéquipier pour le faire valser. C'est quand il trébucha sur une ordure au sol qu'il comprit le problème. Il se stabilisa, lâcha Dao doucement, et eut la bonne idée de prendre un air gêné. Il avait oublier la mission un instant et commençait à refaire la fête alors que ce n'était pas le moment. Le gros problème d'Edwin, c'était vraiment son sérieux. Il avait la mauvaise habitude de tout prendre en rigolant et de ne jamais devenir sérieux. Sauf en cas de crise grave, et ce n'était pas une crise grave que d'être attaché à Dao avec des menottes. Après tout, il avait bien dit qu'il ne parlait pas la nuit, dans son sommeil.

"Pardon... Euh... C'est l'euphorie."

Un fantôme ? Quoi un fantôme ? Ce n'était pas un problème pour Edwin.

[Désolée, c'est court, mais comme Edwin est un être inutile par définition.]

Évidemment, qu'Edwin l'aide simplement à chercher sans faire d'histoire aurait été beaucoup trop simple, en fait il aurait même trouvé ça suspect, aussi ne fut-il pas surprit quand sa voix criarde commença à chantonner des paroles débiles. Oh, bien sûr ça l'énerva, mais il avait dépassé tellement de stades dans l'agacement depuis le début de la soirée qu'il n'était plus à ça près. Malheureusement, et même s'il l'avait senti venir, le blondinet ne s'arrêta pas à une ou deux répétitions de cette chanson stupide. Non, il la répétait encore et encore si bien que Dao finit par l'avoir entièrement dans la tête, mais il s'entêtait quand même à chercher des bonbons avec un calme et une application religieuse. Se consacrer à cette tâche était de toute façon le seul moyen qu'il avait pour se retenir de lui coincer la langue en travers du palais. Et une fois de plus, alors qu'il pensait que la situation ne pouvait pas être pire, Edwin aggrava encore plus son cas, se mettant à danser, il tirait régulièrement sur le bras de Dao, qui le ramenait ensuite à lui avec mauvaise humeur. Mais ce n'était toujours pas suffisant, Dao ne devait pas faire assez attention à lui alors il lui tira le bras pour l’entraîner dans sa danse, et ils manquèrent de peu de se casser la gueule à nouveau. Il avait utilisé son pouvoir pour se dégager en sentant qu'ils trébuchaient, et maintenant il fixait le blond, les poings fermés et la mine sombre, Dao essayait de faire le vide dans sa tête, zen, zen, on inspire, on expire, tooouuut vaaa biieeen.

"Pardon... Euh... C'est l'euphorie."

- L'euphorie…

Dao se mordit la lèvre a s'en faire saigner, n'étant pas très sensible à la douleur ça lui arrivait souvent quand il était très très très énervé comme maintenant. Il estimait avoir enduré beaucoup depuis leur réveil, et avoir fait preuve d'une patience exemplaire, mais cette petite phrase était la définition même de « la goutte d'eau qui fait déborder le vase », là il n'en pouvait plus et n’espérait qu'une chose, que le gamin -parce que ce n'était rien d'autre qu'un gamin de deux mètres de haut- disparaisse de sa vue, et vite de préférence.

- Non mais je vais t'en donner, de l'euphorie ! Je me fiche de qui tu es et de ce qui a pu t'arriver pour que tu deviennes le bisounours le plus débile et stressant que la Terre ait porté. Mais toutes tes âneries, garde les pour le moment où on sera détaché ! Non mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour finir enchaîné à un PLOUC PAREIL ?!

Il s'était mit à beugler à plein poumon dans la cantine, et quand il s'arrêta, il était devenu tout rouge et essoufflé, mais pas plus calme, ça ne l'avait pas du tout aidé de hurler, peut-être parce qu'ils étaient toujours attachés l'un à l'autre et que son cauchemar était donc loin d'être fini. Il tenta à nouveau de respirer, de se calmer, mais rien, et cette horrible chanson qui tournait toujours dans sa tête. Ça y est il était en train de devenir fou, ce qui ne l’empêcha pas d'avoir quelques regrets, comme souvent quand il s'emporte, après tout, Edwin était peut-être ultra-pénible, mais il n'avait pas fait ça méchamment. Il inspira et lui tapota le bas du dos -et pas l'épaule parce que c'était trop haut.

- Excuses-moi vieux… C'est… l'euphorie sûrement.

Il avait sorti la première excuse qui venait, de toute façon son cerveau était vidé en cet instant, il s'assit en boule par terre en lui tournant le dos, c'était fatiguant d'être aussi énervé, et le pire c'était cette chanson qui continuait toujours, ça c'était pas possible, il fallait qu'il s'en débarrasse, peut-être avec une autre chanson… Le soucis c'était qu'il écoutait surtout des chansons en anglais dont il ne comprenait pas les paroles, ça ne faisait pas le poids face au texte de la chanson d'Edwin, tellement débile que son cerveau ne cessait de se le répéter pour en souligner toutes les stupidités. Bref, il se mit du coup à chantonner une chanson dont il connaissait les paroles, et qui déprimait un peu histoire de mieux contrer la vague bisounours qui tentait de s'insinuer en lui. Ce truc-là donc, et le pire c'est qu'il chantait juste, parce qu'il avait fait de la chorale toute son enfance, même s'il se gardait bien de le dire, et que d'habitude il ne faisait pas ça en public. M'enfin c'était un cas de force majeur, et au moins ça l'avait calmé, maintenant c'était bon ils pouvaient recommencer à… qu'est-ce qu'ils étaient en train de faire, déjà ? Ah, oui, le fantôme les menottes, tout ça… Dao rassembla les bonbons qu'ils avaient quand même réussit à récupérer. Ça n'avait pas été évident mais mine de rien il commençait à y en avoir pas mal.

- Bon Ed, on fait comme on a dit, je lui lance les trucs et s'il se rapproche assez tu pourras essayer d'avoir la clé avant qu'il nous gerbe dessus, ce serait pas mal.

Après quoi Dao se mit à balancer tous ces chocolats en direction du fantôme, en espérant qu'il morde à l'hameçon.

Citation :

Et il fit bien plus que mordre à l’hameçon ; il le goba.

Depuis le début, il avait suivit coin de son œil spectral les allées et venues des deux petits élèves, tout là bas, dans la pièce. Des types bien étranges, selon lui, mais dans le fond assez distrayant. Après tout, ils étaient en train de danser, chanter et ranger de toute évidence la salle. Et lui alors, on l’oubliait ? Et son super-jeu, qu’est-ce qu’ils en faisaient ? Le Fantôme commençait un peu à voir rouge, d’être ignoré de la sorte ! Alors que tout avait si bien commencé, avec ce petit brun qui lui proposait des bonbons… Soudain, un chocolat traversa l’ectoplasme. Se concentrant sur sa provenance, le spectre distingua sans mal le petit pactole que tenait Dao entre ses bras.

« Youpiiiiiiiiiiiii ! »

Dans un sublime arc de cercle, il descendit juste à temps pour avaler sans même les mâcher toutes les sucreries que le garçon venait d’envoyer en l’air, et remonta aussi sec en se pourléchant les babines.

« Mmmmmh, c’est b- »

Un terrible gargouillement de son ventre inexistant lui interdit de terminer sa phrase. Il avait mal au cœur. Sûrement de trop de bonbons tue le bonbon. Et, sans plus attendre, il vomi. Là, de ses 5 mètres d’altitude, sur une des tables présente en dessous de lui. Tanguant en l’air, il perdit un peu de hauteur et se remit à vomir de plus, arrosant sol et chaises. Enfin, fatigué par toutes ces régurgitations, il se retrouva nez-à-nez avec les deux enfants. Il eu juste le temps de penser « Sur le blond cette fois, le brun a déjà pris. » qu’il vomissait pour la dernière fois.

Le ventre plus léger, il remonta dans les airs et se posa sur le lustre qui pendait au plafond. Ah, il se sentait mieux.

Spoiler:

Edwin regarda faire Dao, avant de lui même commencer à prendre les bonbons et chocolats dans ses bras et de les tendre à Dao. Il n'était pas le plus fiable pour le lancer, alors il préférait laisser ça à son ami. Bizarrement, Edwin était légèrement plus calme. Ce n'était pourtant pas parce que Dao avait eu un moment de colère extrême. Nan parce qu'à ce moment là, il souriait idiotement, avant de hocher plusieurs fois la tête tout en rigolant. Selon lui, Dao était très drôle. Alors il trouvait que c'était la moindres des choses, de l'aider dans sa tâche. Parce que selon lui, c'était que Dao avait une idée très drôle derrière la tête. Alors, pour rire encore plus, Edwin cherchait de quoi lancer sur le fantôme.

Et comme une recherche, pour Edwin, est quelque chose de très compliqué, il faut se pencher, chercher avec ses mains et ses yeux, et bien, il est très concentré. Et quand Edwin est concentrée, il ne rit plus et ne parle plus. Son sourire, par contre est incrusté sur son visage. Alors, souriant doucement, Edwin fouille et donne.

Le fantôme semblait à peu près content, si bien qu'Edwin était lui aussi très heureux, et qu'il avait envie de chanter. Mais comme il allait faire moins bien que Dao, qui avait juste une voix magnifique, il décida qu'il ne fallait pas. Il ne pensa pas du tout au fait qu'en chantant, il allait complétement foutre le plan de Dao à l'eau. Parce que s'il se remettait à danser et à tomber, ils n'étaient pas sortis.

Bref, alors que le fantôme souriant d'extase, il commença à ne plus se sentir bien, et à vomir un peu partout. Le pire, c'est quand il s'approcha d'eux. Parce qu'Edwin sentait les choses venir. Il appliqua ses mains sur son visage, tout en se pliant légèrement, afin de ne pas embêter son ami. Puis, il se prit le flux sur la tête, et sentit le tout dégouliner, en même temps que l'odeur fort peu appréciable. Puis, le fantôme se laissa porter en hauteur, et Edwin resta juste un moment interdit.

Puis le jeune homme se mit à rire comme un demeuré. Il se tordit de rire, tout en rejetant ça et là quelques morceaux de vomit. Il suffoqua un peu, toussa puis continua de rire. Après quelques bonnes minutes, il recommença à respirer normalement et se tourna vers Dao.

"C'est le moment, allons trouver cette clé."

Le jeune garçon entraîna Dao avec lui, et devant une petite flaque, surement un vestige du dîner qui était tombé là après le passage du fantôme, Edwin activa son pouvoir. Il dirigea l'eau vers un endroit plein de vomit, puis lorsque le mélange fut plus fluide, il redirigea le reste de l'eau vers une autre flaque de vomit. Ne voyant toujours rien, il attira à lui le plus de molécule d'eau et les rejeta plus loin. Ainsi, ils allaient trouver la clé.

C'est Dao qui la retrouva, mais c'est Edwin qui la récupéra. Il était encore pleins de vomit, ce n'était donc pas la peine que les deux soient complétement sales. Le jeune blondinet passa la clé dans les menottes, puis la tourna. Lorsque tout deux furent libres, il s'empêcha de prendre Dao dans ses bras.

"Liiiiiibre, nous sommes LIIIIIIIIIBRE !"

Et il commença à courir un peu partout. Il était temps de rentrer chacun dans leur chambre...