« Jiro… Tu as l’air fatigué dis-moi… La sauce pimentée t’a pris toute ton énergie ? »

Je la regardai droit dans les yeux sauf que je ne vois pas grand chose à cause de mes yeux embuées par le sang qui coulait encore lentement de mes yeux. Je soufflai un bon coup et faillit remplacer mes larmes de sang par celles de tristesse. Pourtant ce n'était pas mon genre de pleurer, mais être aussi impuissant face à ce pouvoir et passer pour quelqu'un qui ne sait pas le contrôler me faisait la plus grande peine. Étais-je vraiment digne de ce pouvoir ou mon esprit est-il trop faible pour cela ? Fallait-il que je baigne encore plus dans mon côté sombre pour en acquérir un contrôle total ? Car après tout, la souffrance tire sa force de la part d'ombre de son utilisateur mais étais-je vraiment aussi sombre que ce que je le pensais ? Pris à un moment de doute, je faillis m'écrouler mais attraper de justesse une chaise et m'affala dessus, les yeux rivées sur les petits flaques de sang où des morceaux de verre s'entremêlaient avec une joie folle comme s'ils étaient en Thalasso. Mes mains tremblaient comme tout le reste de mon corps encore sous le choc. Autour de nous, les convives s'étaient arrêtés de manger et certains affichaient clairement le mépris à mon égard, après tout, n'avais-je pas mérité leurs regards ? Moi qui me suis toujours conduit d'une façon supérieur avec eux viens de leur montrer qu'il n'était ni moins ni plus qu'un élève banale de première ne savant point contrôler son pouvoir. Mes lèvres s'écartèrent légèrement et je faillis me mordre la langue tellement ma mâchoire était crispée. Je relevai faiblement la tête et une larme coula légèrement d'un seul oeil bizarrement comme si l'autre refusait de montrer sa peine. Les larmes chaudes tombèrent sur le sol l'une après l'autre, allant se diluer dans le sang écarlate.

« Maintenant, tu dois savoir mon don je suppose, n’est-ce pas ? »

Je relevai la tête lentement et la regardai à nouveau. Bien sûr que c'était évident maintenant, l'empathie. Un pouvoir permettant de ressentir les émotions d'autrui mais dans ce cas-ci, de ressentir la souffrance qu'avait poursuit le pauvre pingouin. J’acquiesçai de la tête, refusant encore à parler. Je balayai la salle du regard et soupirai lentement. Puis passai une main tremblante sur les yeux et mon pull en laine noir super catholique se tâcha d'une zone rouge sombre transcendant le tissu. Je regardai alors par la grande baie vitré qui maintenant explosé laissait paraître la lune dans toute sa splendeur. Je la regardai comme hypnotisé, comme si elle me narguait et me disait "Bien fait pour toi ! Cela t'apprendra." J'eus un mince sourire.

Enfin, je m'approchai de mélodie pour l'aider à se relever, un peu douteux quand même des répercussions de cet accident sur ma note en musique à la prochaine période. Quand elle fût à nouveau à même de tenir sur ses chaises, je donnai un léger coup de pied dans des morceaux de verre qui allèrent s'écraser contre les murs dans un bruit sourd. Je relevai ma chaise, essayant de conserver le peu de dignité qu'il me restait en me retranchant dans un halo de froideur. Je m'assis nonchalamment et poussai mon assiette avec la sauce, un regard de dégoût. Bref, mon histoire d'amour avec les plats mexicains et autre compagnie sont maintenant terminés. Bizarrement, je n'arrivais pas à arrêter l'écoulement de mon oeil droit. Je ne pouvais m'en empêcher même si au fond de moi, je savais qu'elle était la cause de mes pleures. Je serra fortement ma serviette et parlai lentement, la voix vacillante.

« B...b...ien... Je crois qu..que... la soirée est un peu comprise non ? »

J'eus un faible sourire malgré mes larmes.

« Je...suis désolé de ce que je vous ai fait subir. Ce...ce n'était pas volontaire. »

Il avait une drôle d'expression, et elle crut presque sentir de la culpabilité. En même temps, il avait bien failli l'envoyer à l’hôpital pour le reste de la soirée. Mais il ne l'avait pas fait exprès, donc elle ne lui en voulait pas. Après tout, cela ne servait à rien de lui en vouloir, alors qu'il ne savait même pas qu'elle avait le don d'empathie, n'est-ce pas ?

Il se retint sur une chaise, comme quoi il avait aussi l'air épuisé. Son pouvoir était puissant aussi, encore fallait-il savoir le contrôler. Mais il était encore jeune, c'était normal de faire des erreurs. Même si celle-ci était pour le moins importante, on apprenait toujours de nos fautes.

Il ne parlait pas, se contentant d'un hochement de la tête, avant de s'avancer vers elle pour l'aider à se relever. Elle s'installa sur une chaise, sans rien dire, alors qu'il donnait un coup de pieds dans les morceaux de verre.

Il semblait aussi en colère. Parce qu'il ne contrôlait pas son pouvoir peut-être ? Pourtant, il n'avait pas à se faire autant de mal contre lui même. Il revint s'asseoir en poussant son assiette, tandis qu'elle essuyait sa bouche pour effacer les traces de sang sur cette dernière. Elle sentait son cœur battre plus fort à cause de l'émotion qu'elle avait eu à cause de cet accident, et elle prit son sac, qui était posé à côté d'elle.

Relevant son regard vers lui, elle pouvait voir une larme couler sur sa joue droite. Il pleurait ?

« B...b...ien... Je crois qu..que... la soirée est un peu comprise non ? »

Elle n'eut pas le temps de répondre, car il enchaîna.

« Je...suis désolé de ce que je vous ai fait subir. Ce...ce n'était pas volontaire. »

Posant son médicament sur la table, elle observait l'état dans lequel était son élève. Il avait vraiment l'air d'être mal, et elle pouvait aussi le sentir.

« Jiro... Tu n'as pas à t'en vouloir, c'était un accident. Je sais bien que tu ne l'as pas fait exprès, mais ce n'est pas une raison pour te croire nul et incapable de contrôler ton pouvoir. »

C'était la seule interprétation qu'elle avait de sa colère. Enfin, dans sa façon de voir. Les humains n'aimaient pas qu'une situation leur échappe en général, aussi le fait qu'il ne puisse pas contrôler son pouvoir à cet instant l'avait peut-être énervé, du fait qu'il ne contrôlait pas la situation.

« Tu sais, on fait tous des erreurs, personne n'apprends à contrôler son pouvoir d'un coup de baguette magique. Il faut du temps, et de l'expérience. Et puis, tu le contrôle assez pour l'avoir arrêter à temps. Tout est question de volonté. »

Elle lui fit un sourire. Elle n'était pas prof de contrôle de pouvoir, mais ayant déjà discuter avec Haine sur le sujet, elle avait retenue certaine chose utile. Les gens n'avaient pas leur don par hasard, c'était justement pour qu'ils s'en servent plus tard, qu'ils puissent les contrôler et faire des choses juste. Enfin, après tout dépendait de la personne.

Sur ces paroles, Mélodie prit une gélule bleu et rouge, et l'avala d'une traite. Elle n'aimait pas les goûts de ses médicaments, mais elle n'avait pas le choix. Elle devait les prendre dès que son cœur avait un rythme trop rapide.

Au fond, elle était bien fragile, même si elle ne le montrait pas.

Comprenons bien qu'un dans des semaines quand je reverrai cette scène dans ma tête. J'aurai tellement honte de mon attitude actuelle que je la brûlerai et irai me défouler sur toutes les personnes que je croiserai en lançant mes salves de torture au gré de mon humeur. Je ne veux pas changer, je suis très bien comme je suis soit arrogant, cruel et sadique. Je ne veux absolument pas changer, je ne veux pas que depuis mon arrivée, on se dise "Ha tiens, il cachait juste sa personnalité derrière un bouclier" mais c'est ça ma personnalité. Je ne suis pas comme Azil qui connait plein de monde, que tout le monde apprécie, je préfère nettement la solitude dans ma situation. Je tirai ma manche sur ma main et essuyai mes larmes de sang, puis peu à peu repris une expression froide. Encore des questions plus ou moins existentielles qui me revenait en tête. J'écrasai quelques morceaux de verre sous mes bottines puis entortillai mes mains ensemble. Je pense que c'est le moment d'arrêter les frais pour aujourd'hui. Je me mordillai la lève inférieur et me levai un peu maladroitement puis plus assurément. Je ramassai le cadeau de Mélodie tout en écoutant ses paroles.

« Jiro... Tu n'as pas à t'en vouloir, c'était un accident. Je sais bien que tu ne l'as pas fait exprès, mais ce n'est pas une raison pour te croire nul et incapable de contrôler ton pouvoir. »

Hum...

« Tu sais, on fait tous des erreurs, personne n'apprends à contrôler son pouvoir d'un coup de baguette magique. Il faut du temps, et de l'expérience. Et puis, tu le contrôle assez pour l'avoir arrêter à temps. Tout est question de volonté. »

Les paroles du professeur entraient par une oreille et en ressortait pas l'autre aussitôt. Je savais ce que j'avais à faire même si ça prendrait encore du temps. Mais une question en mois résonna en mois, notre pouvoir nous servait-il vraiment à quelque chose ? Certains faisaient pousser les plantes, d'autres soignaient les gens mais est-ce que le mien avait une véritable utilité ? Faire souffrir les gens avait-il du bon ? Le pingouin allait-il en tirer quelque chose de bon ? Surement pas à part une bonne commotion cérébrale et c'est tout. Il n'y a rien de bon dedans. Je soupirai et fit un geste d'au revoir au professeur Mélodie avant de tourner les talons et de me diriger vers la sortie. J'en avais assez entendu, assez vu et assez fait pour aujourd'hui. J'avançai droitement et finit presque par courir pour sortir de cet endroit. Quand la porte extérieur s'ouvrit et que je sortis. L'air glacé me fit un grand bien. J'avançai sous les tombées fines de neige vue l'heure avancée.

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Quand j'eus parcouru une bonne distance sans parler et plonger dans mes pensées, j'arrivai presque prêt de l'entrée du dortoir, je m'arrêtai et regarder mes mains. Un flash de moi au-même endroit mais les mains couvertes de sang me perturbai longtemps. Je les enfouis rapidement dans mes poches et courut jusqu'à la porte de ma chambre, chercha ma clé dans ma poche et ouvrit la porte. En essayant de faire le moins de bruit possible, je m'avançai et m'assis sur mon lit, ma tête me tournait franchement. Je restai quelques minutes comme ça à croire que l'on avait mis mon cerveau sur pause puis me laissant faire. Je sombrai peu à peu dans l'inconscience. Que m'arrivait-il ? Étais-ce juste ma fatigue qui me tombait dessus sans prévenir, m'abattant par derrière. Il est vrai que je ne dors pas de mes nuits. Suis-je insomniaque, je ne pense pas. J'ai juste de peurs de mes propres rêves car ils reflètent nos envies réelles mais je n'ai pas envie de les voir transparaître. Je veille souvent tard la nuit, m'endormant habituellement le dernier. Ou peut-être un contre-coup de mon pouvoir, rien que par fierté, je vais pencher la deuxième option. Je soupirai et plongeai dans le noir.

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